Article premier – Tous les êtres vivants doués de la parole ou en capacité de communiquer intelligemment avec d'autres espèces naissent et demeurent libres et égaux en droits, à part les Gnomes de Roche, les Vouivres aux pieds secs, les Fées renégates et les Orcs sauvages refusant le port du pagne. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune, étant entendu que les humains sont naturellement supérieurs en toutes choses aux autres espèces.

Article 2 - Le but de l'Assemblée des Neuf Royaumes est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'habitant des Neuf Royaumes. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté relative et la résistance à l'oppression des espèces dangereuses (par leurs capacités physiques ou par leurs moeurs incompatibles avec la bienséance).

Article 3 - Le principe de la souveraineté réside dans l'Assemblée des Neuf Royaumes. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément. Par exception, les espèces non humaines qui le souhaitent peuvent maintenir une autorité interne dans le respect de leurs coutumes, avec les juridictions et les forces de l'ordre correspondantes. Ces autorités n'ont cependant aucun pouvoir sur l'Assemblée des Neuf Royaumes ou sur les représentants des autres espèces.

Article 4 - La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas inutilement à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque habitant des Neuf Royaumes n'a d'autres bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits, à la condition que ces autres membres soient en capacité de les faire valoir. À ce titre, il est reconnu que la prédation est un acte naturel qui ne peut être puni par la loi, sous réserve que l'acte soit constitué pour répondre à un besoin naturel instinctif (alimentation, reproduction). Au regard de cette liberté, les espèces prédatrices sont appelées à s'organiser pour contrôler rigoureusement leur démographie afin de ne pas faire peser sur les espèces prélevées un état de stress incompatible avec une qualité de vie correcte. En cas de déséquilibre avéré des forces en présence, l'Assemblée des Neuf Royaumes se réserve la possibilité de prendre toutes les mesures utiles au rétablissement d'une situation harmonieuse.

Article 5 - Tout ce qui n'est pas défendu par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas. Par souci de simplification administrative, les lois qui ne seront pas régulièrement renouvelées ne seront pas opposables à ceux qui les enfreignent.

Article 6 - Tout habitant étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, il doit l'être de façon efficace. Le Corps des Sénéchaux Royaux, qui représente l'autorité des Neuf Royaumes, est autorisé à faire appel aux forces de l'ordre constituées par les espèces munies d'une force de police interne lorsque cela s'avère nécessaire.

Article 7 - Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes ridicules ou démoniaques, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi.

Article 8 - La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux des habitants des Neuf Royaumes ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté. Il est notamment interdit de critiquer de façon directe ou détournée l'Assemblée des Neuf Royaumes et ses représentants.

Article 9 - La garantie des droits des habitants des Neuf Royaumes nécessite une force publique ; cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux à qui elle est confiée. Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable ; elle doit être également répartie entre les habitants des Neuf Royaumes, en raison de leurs facultés, notamment de leur maîtrise du calcul. Les Questeurs Royaux, chargés de la collecte des contributions volontaires obligatoires des habitants des Neuf Royaumes, devront en toute circonstance faire l'objet d'un accueil chaleureux (gîte, couvert et réconfort nocturne).

Article 10 - La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, sauf si tel est le bon vouloir d'un représentant de l'autorité des Neuf Royaumes, sous la condition d'une juste et préalable indemnité, fixée par le même représentant, dont l'honnêteté ne saurait être contestée.

Articles 11 à 23 -

Jugés inutiles par Childéric 1er, ces articles ont été supprimés de tous les registres.

Depuis lors, tout détenteur d'une copie de la déclaration universelle constituante des Neuf Royaumes dotée d'un ou de plusieurs de ces articles est condamné à être enduit de miel et à être pendu par les pieds au dessus d'une termitière. Si après six mois de suspension le condamné s'engage par écrit à ne pas recommencer, il est alors remis en liberté.

Tout ce qui précède l'article 11 est une retranscription des Grimoires Anciens 

Débilmé Pagateux, Archiviste Royal.