• J'ai longtemps cherché des idées pour le texte qui aurait pu prendre place ici.

    Au départ je voulais écrire un pastiche de la chanson "comme un avion sans ailes" de Charlélie Couture.

    Mais non, bof. Pas vraiment envie. La flemme.

    Du coup, tout est dans le titre.

    Sauf la mouche.

     

    Jdlb

    from "Jdlb a perdu son inspiration mais il travaille son expiration."


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    Sournoise et énervée, tapie dans la Tamise,

    La Sirène, après plusieurs vaines tentatives,

    (dont une dont elle n’est pas encore bien remise)

    Bondit de l’eau, pleine de colère, vindicative.

     

    Mais il fait nuit noire, il n’y aura nul effroi,

    Nul ne lira sa pancarte revendicative.

    Hors de l’eau sale, la gravité reprend ses droits,

    La belle sirène retombe dans un plouf disgracieux 

    Et retrouve les profondeurs du fleuve boueux.

     

    Flottant, avec pour seule compagnie quelques branches,

    Une petite pancarte dont les lettres s’effacent,

    Tournicote au fil du courant, vers la Manche.

     

    Si une bonne âme voulait s’en donner la peine, 

    Elle pourrait encore y distinguer quelques traces

    D'un message rédigé dans la langue des Sirènes.

     

    Une langue pour l'heure toujours indéchiffrée, hélas.

     

    JdlB, Mars 2023, L'étang sur Yvette

     

     

     


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    Résistantes Top Models Ukrainiennes 

    Vos obus vont finalement servir lorsque les obus conventionnels auront été épuisés. Prenez en soin.

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    Cochons roses à costumes

    C'est de pire en pire. Aux dernières nouvelles, des battues vont être organisées. Il vous faut impérativement envisager un changement de signe zodiacal dans les prochains mois. Les Stoïciens Ascétiques recrutent.

    *

    Théoriciens du complot, théoriciens du complot du complot, théoriciens du complot du complot du complot, etc.

    Certains rapports d'agences américaines vous donnent raison au sujet de l'origine de l'épidémie de Covid. Le laboratoire P4 de Wuhan est probablement responsable de la pandémie. Les horloges arrêtées donnent l'heure exacte deux fois par jour. Dont acte.

    *

    Antivax à Gilets Jaunes roulant au diesel

    Les années se suivent et se ressemblent. Toujours pas de passage à l'électrique en vue...

    *

    Vladimir(s)

    Ça ne s'arrange pas des masses. Avez vous un second prénom ? Même un "Roger" ou un "Bernard" ferait l'affaire. 

    *

    Top Models Ukrainiennes ayant tout perdu cherchant une épaule consolatrice.

    Vous avez eu l'embarras du choix. Vous l'avez toujours. À la limite, ça devient un peu embarrassant. 

    *

    Vieilles Ukrainiennes ayant tout perdu cherchant une épaule consolatrice.

    Ce sera plus dur. En cas de reconversion des cochons roses à costumes, adressez vous aux cochons roses en tenue sportive, moins exposés.

    *


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    Il n'est jamais très facile de noyer un enfant, même s'il est un peu simplet. Souvent les enfants simplets sont attachants. Un bon Marroyer se contente de les attacher.

    C'est comme tout : c'est une question d'habitude. Le premier c'est toujours très dur, le deuxième un peu moins, et puis on s'y fait. 

    Au delà du dixième, on n'y pense même plus. 

     

     

    C'est un métier qui demande un grand sens de l'écoute. Au détour d'une conversation dans un troquet, on comprend qu'un parent voudrait bien se débarrasser du petit dernier, qui pleure trop. 

    Assez vite, on propose son aide. Pas pour l'argent, car au départ c'est avant tout pour rendre service. Pour avoir déjà accompli cette tâche avec sa propre progéniture, le Marroyer sait qu'elle est difficile et source de bien des tourments. Le Marroyer a beaucoup d'empathie. Pour les parents.

    Le Marroyer se considère souvent comme damné. Et damné pour damné, alors pourquoi ne pas proposer ses services aux gens ordinaires, et épargner ainsi leurs consciences ?

    Les parents, en général, insistent pour payer. Ils ont conscience du service immense qui va leur être rendu, et ils ne souhaitent pas ajouter sur leurs épaules déjà bien courbées le poids d'une telle dette. 

    La noyade a toujours lieu de nuit. La porte de la maisonnée est laissée entrebâillée pour que le visiteur n'ait pas à frapper à la porte. Le berceau se trouve toujours près de l'âtre. Les parents ont reçu l'instruction de donner à l'enfant quelques mesures d'alcool pour que son sommeil soit bien profond. 

    Le Marroyer s'empare de l'enfant en toute discrétion, puis se rend près de la plus proche étendue d'eau : étang, lac, rivière ou mer. 

    Un Marroyer sait qu'il a accompli sa tâche avec délicatesse lorsque aucun cri n'a retenti au cours de l'opération. Le Marroyer laisse systématiquement le corps de l'enfant sous l'eau, en le lestant si nécessaire d'une grosse pierre ou en le coinçant sous une racine. 

    Puis le Marroyer reprend son chemin. 

     

     

    Marroyer n'est pas un métier tout à fait légal.

    Il est toléré dans la plupart des royaumes, à l'exception du Duché d'Anjoufeu, suite à une regrettable méprise il y a bien des années. (Une servante du Duc avait interverti deux berceaux près de l'âtre après le couché des parents.)
    Ailleurs, les autorités ferment les yeux, et considèrent le plus souvent que la noyade est naturelle. En général, les parents ne sont pas questionnés, même si parfois la communauté les regarde un peu de travers pendant quelques semaines. La simple jalousie de ceux qui n'ont pas osé faire appel au service du Marroyer, rien de plus. 

    Cependant, au petit matin, il arrive que des parents regrettant leur décision inventent un enlèvement, et décident de donner la chasse au Marroyer, soulevant au passage la population locale contre lui, ce qui donne parfois lieu à de véritables battues. Une honte.

    Rien que l'an dernier, 22 membres de la guilde ont été pendus, écartelés, bouillis vivants ou décapités. Il y en a même un qui a été bouilli, puis écartelé avant que son torse et sa tête ne soient pendus (la tête s'est cependant assez vite détachée du torse, la viande bouillie n'ayant guère de tenue.)

    Marroyer est un métier dangereux.

    Il y a également des risques au cours de la mission. L'an dernier un jeune homme de 12 ans, voyant un inconnu enlever son petit frère au coeur de la nuit, asséna au brave Marroyer un coup de baton d'une extrême violence. Le Marroyer ne put retenir l'enfant qu'il venait de saisir dans son berceau, et le petit fut projeté dans le feu de la cheminée. 

    De colère, le Marroyer asséna un coup d'épée au jeune garçon, qui se vida de son sang sur le plancher pendant que son petit frère poussait dans l'âtre des cris épouvantables (plus encore que d'habitude) qui alertèrent tout le quartier. 

    À ce jour, nul ne sait ce qu'il est advenu de ce brave Marroyer, dont nous sommes sans nouvelles.

     

     

     

    Marroyer est un métier bien difficile.

    Il est dangereux, rapporte peu, et si vous voulez vous faire des amis, il faudra plutôt vous orienter vers la profession de Tavernier.

    C'est pourtant un métier indispensable, très utile, qui permet chaque jour à des dizaines de braves gens de retrouver un sommeil réparateur, partout dans les Neuf Royaumes.

    Alors, si vous avez déjà cédé à la tentation à titre personnel, rejoignez nous !

    Sachez que le métier est totalement mixte, et ouvert à tous, même aux Trolls homosexuels.

    Sachez que votre adhésion à notre guilde vous octroiera l'amnistie Royale pour les actes accomplis précédemment à votre intégration. (Actes entrants dans la charte de la guilde uniquement, sous réserve qu'ils soient déclarés lors de l'inscription.)

    Vous recevrez également en dotation : deux habits noirs complets, un sac de voyage, dix rouleaux de cordelette, et une grande serviette molletonnée. 

    La cotisation annuelle est de 5 pièces d'argent. La cotisation donne droit à un réassort annuel de la dotation et à la participation au banquet (vins compris). Le Marroyer ayant à son actif le plus de noyades dans l'année reçoit le Marroyer d'or et 10 pièces d'argent. En cas d'égalité, un concours nocturne est organisé dans la localité accueillant le banquet.

     

    Pour toute candidature, merci d'écrire à : 

    Guilde des Marroyers 

    Taverne des Lacs Asséchés

    Comté de L'Ours Affamé

    Rastapopoulosie Septentrionale.

    (pour votre information, le précédent siège de la guilde a entièrement brûlé dans des circonstances mystérieuses, merci de ne pas écrire à l'ancienne adresse)

     

    Jean Boy-Latasse,

    Grand Marroyer

     

    PS : notre lutte de longue haleine pour faire reconnaitre la guilde par les plus hautes autorités avance bien. Nous espérons avoir de très bonnes nouvelles à vous communiquer lors du prochain banquet annuel. Merci aux Archivistes Royaux de nous avoir permis de présenter notre guilde dans le présent bulletin des Archivistes Royaux.

     

     

     

     

     

     


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  • J'ai perdu mon inspiration dans la nuit du 2 Janvier au 15 Avril.

    C'était sur l'aire d'autoroute du "chant du moineau borgne", sur l'A75 qui relie Chauffour les Glhasson à Valmort en Vy.

    De taille moyenne, approximativement 4 centimètres de large (par temps chaud) mais de faible épaisseur (vous ne la verrez pas de profil), elle de couleur grise le lundi et variable les autres jours de la semaine.

    Elle brille parfois dans le noir, notamment lorsqu'elle a une vue directe sur la Grande Ourse (parce qu'elle pense être une astronome de haut niveau).

    Si vous la trouvez, approchez la avec précaution : elle est un peu sauvage et ne viendra vers vous qu'avec la promesse de récompenses (Pas de prix de Flore ou de prix Goncourt mais plutôt des Pim's, des Bretzels ou de la pizza froide.)

    N'essayez pas de communiquer avec elle, la plupart du temps ses propos n'ont ni queue ni tête, et elle pourrait facilement vous donner de mauvaises idées, demandez à l'autre pomme ce qu'il en pense.

    Si vous parvenez à la saisir, merci de la placer dans un tupperware étanche, n'ayant contenu ni farine de sarrasin, ni huile de chanvre, ni rognures d'ongles de Troll.

     

    Forte récompense. J'y tiens beaucoup car avec le temps je m'y suis attaché.

    Pour me la remettre si vous parvenez à la capturer, je tiens ma permanence à chaque nouvelle lune, le mardi matin, sous le petit pont de pierre entre Forge les Pastis et Cancoule les Bains. (C'est très facile à trouver)

    J'espère que vous aimez le poisson.


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    Résistantes Top Models Ukrainiennes 

    Montrer vos obus aux soldats ennemis n'aura probablement pas l'effet escompté.

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    Cochons roses à costumes

    Toujours pas d'accalmie en vue. Les gestes anodins d'hier vous conduiront aujourd'hui à une éternelle marche de la honte. Vous n'aviez qu'à naître plus tôt, à être correctement éduqués ou à garder vos mains (et le reste) dans vos poches.

    *

    Théoriciens du complot, théoriciens du complot du complot, théoriciens du complot du complot du complot, etc.

    Fermez juste vos gueules cinq minutes, vous êtes usants. 

    *

    Antivax à Gilets Jaunes roulant au diesel

    On vous pardonne, vous n'y êtes pour rien. Et on aime beaucoup la tête que vous faites à la station service, en faisant le plein pour vous rendre aux manifs du samedi.

    *

    Vladimir(s)

    Les Adolphe nés avant les années 40 vous passent le bonjour. 

    *

    Top Models Ukrainiennes ayant tout perdu cherchant une épaule consolatrice.

    Selon nos dernières prévisions, vous devriez en trouver une. 

    *

    Vieilles Ukrainiennes ayant tout perdu cherchant une épaule consolatrice.

    Ce sera plus dur. En dernier recours adressez vous aux cochons roses à costumes.

    *

     

     


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    La nuit des fois, il fait froid,

    Mais moi, dans mon lit, ça va.

    La nuit des fois, il y a des loups,

    Mais moi, dans mon lit, j'm'en fous.

    La nuit des fois, il y a des bruits,

    Mais moi, dans mon lit, j'en ris.

    La nuit des fois, la lune brille,

    Mais moi, dans mon lit, je roupille.

     

    Mais il y a des nuits, parfois, 

    Je rêve que j'ai très froid,

    Je suis tout nu au milieu d'une vallée,

    D'énormes loups hurlent sous une lune voilée,

    Puis ils arrêtent de hurler, ils me voient,

    Et sans crier "gare", ni "attention au départ",

    Ils s'élancent tous après moi.

     

    Je cours, je cours à en perdre Hélène,

    Même si je ne sais pas qui c'est, c'est édifiant.

    J'ai beau courir, les loups sont pleins de haine,

    Ils me rattrapent avant de me dévorer à pleines dents,
    En démarrant toujours par le gras de mon bide,

    Depuis toujours je me doute qu'il est excellent.

     

    La douleur est telle qu'elle me réveille,

    Trempé de la tête aux pieds, je saute de mon lit,

    Je vais chercher mon gros fusil,

    Qui malgré les années n'a pas pris une ride,

    Je sors dans la rue, dans le plus simple appareil,

    Et je tire en l'air pour intimider les canidés.

    Puis je vais me recoucher, mais je n'ai plus sommeil.

     

    C'est toujours comme ça, le matin du premier janvier :

    La veille on mange trop, on boit trop, on s'imagine qu'on va tirer,

    Et on finit à poil au milieu de la rue avec un fusil déchargé.

     

    Jean "Alka Seltzer" de le Bidet,

    Bonne nouvelle année dans les neuf royaumes confinés (extrait)

     

     


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    Devant nous un brouillard

    Dépourvu de repères.

    Derrière nous un désert 

    Dépourvu de lézards.

     

    On avance mais pourquoi ?

    On laisse dans notre dos

    Emballages de Mac Do

    Et bouteilles de coca.

     

    Bientôt, ce beau brouillard

    Deviendra un désert,

    On chassera le lézard

    En guise de dessert.

     

    La planète est foutue,

    La planète est foutue,

    L'univers est détruit

    Par tous nos détritus.

     

    Sautons tous dans les flammes,

    Sauvons tous la planète,

    Sautons tous dans les flammes,

    Sauf moi et quelques femmes.

     

     

     

     

     

     

     

     


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    Les années passent. 

     

    Les arbres grandissent,

    Montent haut dans le ciel.

    Les barbes blanchissent,

    Comme celle du père Noël.

    Les idées rétrécissent,

    Tout devient superficiel.

     

    Tout cela nous dépasse.

     

    Dans notre paradis artisanal,

    On attend que les fous périssent,

    Que les démons trépassent,

    Pour qu'enfin on en finisse :

    Sans le moindre cérémonial,

    Nous prendrons alors leur place.

     

     


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  • Clarification de la classification des Orcs

     

    Il est de notoriété publique que les Centaures sont systématiquement refoulés lorsqu'ils s'inscrivent à une course de chevaux.

    Beaucoup d'explications circulent à ce sujet, toutes plus fantaisistes les unes que les autres. En Rastapopoulosie, il est communément admis que les Centaures sont trop avantagés par le fait qu'ils peuvent se servir de leurs bras pour attraper les chevaux concurrents par le licol.

    En Devérolie, on raconte que c'est à cause de leurs attributs sexuels, qui rendraient folles les juments.

    Dans le royaume de Brie, il est admis que les Centaures sont les seuls à pouvoir terminer une course à laquelle ils participent car ils tuent les autres participants.

    Dans les Vertes Collines, on raconte que les Centaures sont si contrariants qu'ils courent systématiquement dans le sens inverse des autres concurrents. 

    Partout il est de notoriété publique que les Centaures sont des tricheurs invétérés et des mauvais joueurs. Il est d'ailleurs communément admis par la population générale que les Centaures sont des cons, et que moins on a affaire à eux, mieux on se porte.

     

    Je suis comme tout le monde, je n'ai aucune sympathie pour les Centaures. Mais, comme vous le savez, j'ai horreur des approximations et je me suis consacré au cours des derniers mois à la recherche de la vérité sur l'origine de cette interdiction de participer aux courses, un sujet qui peut sembler trivial de prime abord.

     

    J'ai longuement cherché, et j'ai fini par trouver, dans un des recoins les plus obscurs de la grande bibliothèque, les origines de cette défiance. 

     

     

    Il s'avère en fait que les Centaures sont exclus des courses depuis le début des Temps Modernes. (Ceux qui connaissent mal l'histoire des Neuf Royaumes peuvent relire une fiche remarquable dont je suis l'auteur ici : introduction à l'histoire des neuf Royaumes.)

     

    Ceux d'entre vous qui lisent mon bulletin savent depuis belle lurette que les Centaures sont issus d'accouplements entre des Elfes et des juments. (À ne pas confondre avec l'accouplement des Elfes avec des étalons, qui ont donné les Licornes.)

    Mes lecteurs savent également que l'engeance des Elfes est rarement aimable, les chiens ne faisant pas de chats. (Même si les Elfes peuvent faire des Centaures et des Licornes, et bien d'autres choses.)

    Tricheurs, voleurs, menteurs, affreusement condescendants, fourbes : les Centaures sont des individus peu fréquentables. Il s'agit probablement des Bêtes des Neuf Royaumes ayant le moins de contact avec le reste de la population. Même les Dragons et les Ogres sont de meilleure compagnie. Quand ils n'ont pas faim.

    Mais cela n'explique pas en soi pourquoi les Centaures sont interdits de champs de courses sur tous les hippodromes des Neuf Royaumes. 

    Il n'en a pas toujours été ainsi. Il y a encore 312 ans, avant que chaque Royaume ne promulgue quasi simultanément un arrêté interdisant aux Centaures de participer aux courses, ils étaient beaucoup mieux intégrés à la population générale. 

    À cette époque, ils gagnaient d'ailleurs toutes les courses auxquelles ils participaient. On peut même écrire, au vu des registres des divers champs de course de l'époque, que de nombreux Centaures tiraient une grande partie de leurs revenus de cette activité. 

    Certains d'entre eux, véritables stars des courses, étaient même adulés par les parieurs. Pour preuve, certaines statues de Centaures que l'on peut trouver aux abords des champs de course. Contrairement aux croyances répandues, ce ne sont pas des signaux d'interdiction des champs de course destinés aux Centaures, mais des hommages de parieurs aux Centaures qui les ont jadis enrichis.

     

     

     

    Mais il y a 306 ans, lorsque le Sénéchal Hotte, grand Commandeur des Hippodromes des Neuf Royaumes, a publié les résultats d'une enquête de plusieurs années sur les Centaures, ils ont été immédiatement exclus des champs de course de tous les Royaumes.

    Dans ce rapport, longtemps resté célèbre avant de sombrer dans l'oubli, dont j'ai l'original sous les yeux au moment où je rédige ces lignes, le Sénéchal Hotte révèle comment une véritable organisation secrète des Centaures organisait l'assassinat (sous forme d'accidents mortels) de tous les chevaux de course susceptibles de les concurrencer sur les hippodromes. 

    Il révèle également dans son rapport les ententes entre Centaures pour truquer les courses et raffler la mise en faisant gagner lors des réunions à forts enjeux les moins bien côtés d'entre eux. Tout cela aux frais des petits parieurs.

    Il révèle aussi les nombreuses substances illégales et obscènes auxquelles les Centaures avaient recours pour améliorer leurs performances lors des courses : poudre de corne de Licorne, écailles de Dragon en poudre, semence de ragondin, vulve d'Ondine séchée, coeurs de nouveaux-nés Trolls, cérumen de Gnome de roche, etc, etc. 

    À l'époque, le scandale fut tel que le bannissement des Centaures de tous les champs de course se fit en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. 

    Quelques pogroms anti-Centaures eurent également lieu dans plusieurs localités au cours des mois qui suivirent, le plus atroce s'étant déroulé dans les arènes de Büldelar, où plusieurs centaines de Centaures de tous âges furent livrés en pâture à des orques. (Il est de notoriété publique que les Centaures sont incapables de nager, la plupart ont dû périr noyés avant d'être dévorés.)

    Depuis lors, les Centaures se sont retirés des affaires des Neuf Royaumes, établissant des campements dans des zones reculées et ne fréquentant que rarement le reste de la population.

     

     

    J'aurais pu m'arrêter là et vous délivrer ces informations sans aller plus loin. Mais intrigué par certains points du rapport du Sénéchal Hotte, j'ai poursuivi mes recherches, et j'ai découvert quelque chose de bien plus saisissant encore : le rapport du Sénéchal n'était en fait qu'un faux grossier. Il a tout inventé. 

    Certes, il n'a pas inventé que les Centaures sont des Bêtes insupportables à bien des égards, mais il a inventé tout ce qui concerne les tricheries, les produits stimulants et les assassinats de concurrents.

    Pour quelle raison ? La lecture de la correspondance enfiévrée du Sénéchal avec une Centaure dénommée Hestia ne laisse guère de place au doute. Il s'agissait d'une manoeuvre pour se débarrasser du mari d'Hestia, Hillon, un grand Champion  de l'époque. Un Champion qui avait tendance à délaisser son épouse de longs mois lors de la saison des courses. Las de partager sa dulcinée avec une Bête, le sénéchal a voulu monter un dossier contre son rival, mais emporté par son élan et son imagination, il a mis dans le même sac toute la communauté des Centaures au lieu de ne cibler que le mari cocu.

    Le pire de tout, c'est que la manoeuvre n'a pas fonctionné. Hestia, outrée par la manoeuvre du Sénéchal Hotte et par ses conséquences, accompagna son époux dans l'exil des Centaures.

    Le coeur brisé, le Sénéchal Hotte démissionna et disparut sans laisser de traces.

     

     

     

    J'ai pris mon courage à deux mains, et je suis allé à la rencontre d'une communauté de Centaures établie à la lisière de la Province des Six Vallées, pour leur donner la primeur de mes révélations : j'ai été très mal reçu par le chef de la communauté, et mes révélations ont été accueillies avec un mépris abyssal. Du Centaure typique qui pique.

    Une fois sur le chemin du retour, un petit groupe de Centaures femelles m'a discrètement rattrapé (enfin, selon elles, pour ma part j'ai cru être la victime d'une charge de cavalerie Orc). Après m'avoir rassuré sur leurs intentions, elles m'ont offert des rafraichissements et une petite collation. Collation au cours de laquelle elles m'ont révélé que les Centaures connaissaient la cause de leur rejet par les autres communautés : l'histoire d'Hestia et d'Hillon et du rapport du Sénéchal se transmet chez elles de mères en filles, et est un sujet tabou chez les mâles. Elles m'ont également affirmé que cette histoire était vécue comme une honte absolue par les Centaures mâles et qu'ils n'accepteraient jamais de revenir dans la communauté des Neuf Royaumes, de peur qu'une de leurs épouses puisse à nouveau avoir une aventure avec un non-Centaure. 

    Après les avoir chaudement remerciées pour leurs attentions et leurs révélations, j'ai pris congé et je suis rentré à la bibliothèque Royale pour établir la présente note.

    Il appartiendra à chacun de mes lecteurs de se faire sa propre opinion sur le sort qui a été fait aux Centaures par un Sénéchal perfide il y a plus de 300 ans. Je ne suis pas là pour donner des leçons à mes lecteurs, mais un examen de conscience collectif est peut-être de rigueur. 

    Il reste cependant un mystère que je n'ai pas réussi à lever lors de mes recherches, un grand mystère : pourquoi les Centaures sont-ils tous aussi cons, alors que leurs épouses sont aussi charmantes ? 

     

     

    Fiche de synthèse établie par Anaskri Bouillard, Archiviste Royal, 

     

    An 312 des Temps Modernes.

     

     

     


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    Plus de trois ans après la fermeture de son établissement à la suite de l'épidémie de mouchette de la Vouivre, le célèbre Chef Jean-Egreau Surlapatat, six fois distingué meilleur cuisinier des Neuf Royaumes, a l'immense plaisir de vous informer de la réouverture ce sourdi de son restaurant d'Entremont, le "Délicatesse".

     

    À l'occasion de cet évènement, le Chef a concocté un menu spécial qui sera servi à tous les convives, dont nous dévoilons ici la primeur : 

     

     

    Entrées : 

     

    Testicules d'Ours farcis au cérumen de Porc

    Oreilles de Dauphin grillées, sauce à la cervelle de Poulpe Géant

    Poussins entiers vivants, hachés et assaisonnés selon les préférences du convive

    Langues de Merle confites dans la graisse de Moineau

     

     

    Plats :

     

     

    Nageoire Caudale de Sirène des mers chaudes, sauce aux pustules de jeune Troll 

    Filet de Gnome de Roche rôti au Miel de Cancrelat, sauce aux poils grillés

    Pieds de Tortue Centenaire des Vertes Collines, soupe d'Écailles broyées

     

     

     

    Desserts :

     

    Cake aux yeux de Caille et aux Groseilles prédigérées

    Soupe de Fruits à la Bile de Chevreau

    Glace aux Abeilles (légèrement piquante)

     

     

     

     

    Le tout accompagné de grands crus d'urines de Licorne tièdes

    et de laits d'Ogresse frais.

     

    Tarif : 6 pièces d'argent par convive.

    Il reste encore quelques places.

     

     

     


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    Le comité des Harlem Globettroters, ses membres, ses dirigeants et tous ses joueurs tiennent par la présente à affirmer avec force qu'ils condamnent très fermement les attaques violentes survenues entre les Loups et les Taureaux ces derniers jours, et notamment le massacre dit de "l'enclos du Père Falquier" qui a conduit à l'extermination complète d'un troupeau de bovins. 

     

    Le comité des Harlem Globetrotters nie fermement toutes les allégations, rumeurs et autres sous entendus selon lesquels les Loups seraient parvenus à s'introduire dans l'enclos des Taureaux en utilisant une méthode de trampoline spécifique aux Harlem Globetrotters. 

     

    Le comité des Harlem Globetrotters précise que l'utilisation d'un trampoline pour augmenter l'amplitude des sauts en hauteur n'est pas une exclusivité des Harlem Globetrotters.

     

    En conséquence de quoi, le comité des Harlem Globetrotters prévient toutes les personnes et toutes les organisations participant à la diffusion de ces rumeurs mensongères qu'il se pourvoira désormais systématiquement en justice pour demander réparation de son préjudice d'image si de telles allégations, rumeurs ou sous entendus étaient à nouveau proférés. 

     

    Le comité des Harlem Globetrotters, fidèle à son message de paix et d'amitié entre les peuples, appelle les belligérants à mettre fin à leurs hostilités. Et demande également aux médias, en particulier "Télé-Loup 29" et "Télé-Bovins 11" de cesser de mettre de l'huile sur le feu. La situation est suffisamment préoccupante en l'état.

     

    Le Président du Comité des Harlem Globetrotters de La Ferté Bouvray.

    Jordan O'Mally

     

     

     

     


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  • Flash Spécial : 

     

    Nous apprenons à l'instant que Koom, un Loup Gris bien connu des habitants de la vallée de Chary-Vary, avait été lâchement assassiné hier soir par une bande de Taurillons de Camargue.

    Selon nos informations, c'est alors que Koom s'abreuvait paisiblement dans un abreuvoir de ce troupeau, conformément à la loi de libre accès aux points d'eau,  qu'il a été violemment pris à partie par une trentaine de Taurillons. 

    Le ton a vite dégénéré et Koom a été battu à mort par les Taurillons, sans aucune provocation de sa part. Les Taurillons invoquent une morsure préalable du loup Koom pour justifier leurs actions.

    Nos pensées vont à sa sa femme, Ksor, et à ses enfants, Fock, Ange, Stick, Fia et Brick.

     

    UNITÉ DES LOUPS UNIS TOUS ENSEMBLE vient de délivrer un communiqué :

    "À nouveau, l'un des nôtres a été sauvagement assassiné par des criminels qui invoquent une fois de plus la légitime défense, à 30 contre 1. Cela ne peut plus durer, et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour que pareille infamie ne se renouvèle pas. Une expédition punitive sera menée dès demain, nous appelons toutes les louves et tous les loups de la région à participer à cette vendetta légitime."

    Signé conjointement par :

    Comité De Défense du Loup Libre - Loups Gaillards et Biens Têtus - Unité des Loups Pacifiques - Comité des Queues Fièrement Dressées - Union des Louves contre l'Injustice Systématique - Syndicat de Défense du Loup Innocent - Union des Tanières Libres - Syndicat des Loups à Lunettes - Loups Solitaires Unis - Comité pour l'Abolition des Peines Ridicules contre les Instincts Naturels.

     

    Télé-Loup 29 ne manquera pas de vous informer des suites de ce drame.

     

     


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  • Un loup, pas très futé, décide de s'attaquer à une nouvelle proie.

    Il s'avance discrètement le long d'une clôture. À pas de loup, évidemment. Il n'est pas très futé, mais ça reste un loup.

    Après avoir accompli six tours complets de l'enclos, le loup commence à avoir une sensation de déjà vu.

    Au huitième tour, il se demande s'il ne tourne pas en rond. 

    Au dixième tour, il s'arrête, décontenancé. 

    Par où entre t-on ?

    Un éclair de génie le foudroie : il va sauter par dessus la clôture !

    Il tente une fois, deux fois, dix fois, cent fois : rien n'y fait, il prend gamelle sur gamelle. Il finit par réaliser que la clôture est trop haute. Il faut dire qu'elle fait au moins 3 mètres de haut. Et notre loup n'a jamais fait d’athlétisme, c'est un loup ordinaire. Pour passer cette barrière, il faudrait un loup champion olympique de saut en hauteur. Ou un trampoline, pour faire comme les Harlem Globetrotters. Mais le loup ne connait ni le trampoline, ni les Harlem Globetrotters. Pourtant ils ont fait un match exhibition pas très loin d'ici il y a quelques mois. De toute façon, il n'a jamais non plus regardé les jeux Olympiques sur « Télé-Loup 29 ». Il n'a pas la télé. 

    Le loup, exsangue, tire la langue. Il se couche pour réfléchir, mais comme c'est pour lui une activité inhabituelle, il se fatigue rapidement et finit par s'endormir. 

     

    L'aurore le réveille. Elle est accompagnée du bruit d'un tracteur. 

    Il va vite se cacher dans les fourrés.

    Le tracteur s'arrête devant l'enclos. Un humain descend de l'engin, s'approche de le clôture, fait quelque chose avec ses mains, et voilà que la clôture s'ouvre !

    L'humain remonte dans le tracteur, qui entre dans l'enclos. Ensuite, l'humain transvase l'eau de la citerne attachée à sa machine infernale dans de grands abreuvoirs.

    Une fois sa tâche terminée, l'attelage sort de l'enclos, puis l'humain referme la clôture, au grand désarroi du loup.

    Une fois l'humain hors de vue, le bruit de sa machine réduit à un bourdonnement lointain, le loup s'approche de l'enclos. Plus précisément, il s'approche de l'endroit où l'humain a utilisé ses mains pour ouvrir et fermer la clôture. Le loup reste perplexe plusieurs heures devant un mécanisme de fermeture auquel il ne comprend rien. 

    Il renonce, et commence à s'éloigner vers des énigmes plus simples à résoudre. Il a faim, il faut qu'il trouve à manger. 

    Alors qu'il s'éloigne, il est frappé par un second éclair de génie, le deuxième en 24 heures : il va creuser sous la clôture pour passer !

    Aussitôt dit, aussitôt fait : il se met immédiatement à l'ouvrage. 

    Après de longues heures d'effort, à la tombée de la nuit, les griffes dans un état lamentable, il parvient à passer sous la clôture, qui était enterrée de plus d'un mètre dans le sol. Le loup n'a jamais vu une clôture pareille. Les proies doivent avoir une saveur exceptionnelle, pour être protégées de la sorte.

    Le voilà dans l'enclos. Victoire !

    Il se dirige vers l'abreuvoir le plus proche pour étancher sa soif. 

    Puis il se tourne vers les habitants de l'enclos. De beaux taureaux de Camargue. 

    Affamé, il s'élance sur la proie la plus proche. Un troisième éclair de génie le frappe au moment même où il reçoit un premier coup de corne : et si la clôture servait à protéger ceux qui se trouvent à l'extérieur de l'enclos ?

     

    Ce loup était certes un peu con sur les bords, mais au milieu de l'enclos, transformé en descente de lit par une horde de taureaux acariâtres, il ressemble finalement à n'importe quel autre loup mort.

     

    Demain, la nouvelle sera diffusée sur Télé Loup 29.

    Dans un cas comme celui là, le tact consistera toujours à parler de bravoure. 

     

     

     


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  • C'est toujours ennuyeux d'oublier un mot. Surtout un mot dont on a besoin, et que l'on connait parfaitement.

    Ce matin, j'ai perdu le mot qui désigne la perte de mémoire.

    C'est risible. 

    Je me suis rapidement inquiété : je ne pouvais pas désigner le mal dont j'étais frappé, car c'était justement ce mot là que j'avais oublié.

    Oublier quelque chose n'a rien d'angoissant : ce qui est angoissant c'est de prendre conscience que l'on a oublié quelque chose. Et ne pas arriver à s'en souvenir.

    Après une vague de panique tout à fait légitime, d'une vingtaine de minutes, j'ai décidé de retrouver ce mot "quoi qu'il en coûte". 

    Je l'ai retrouvé une heure plus tard à la page 61 de mon Petit Larousse 1996 : AMNÉSIE ! 

    Heureusement que je ne souffrais pas de RÉGURGITATION, qui se trouve à la page 871 du même ouvrage. La journée aurait été pénible. 

    Mon amnésie passagère passée, j'éprouve une sorte de satisfaction imbécile : je me sens comme le héros d'un roman de gare qui a retrouvé la mémoire. Je suis toujours aussi creux, mais un tout petit peu moins.

    J'envisage d'adhérer à l'Association des Anciens Amnésiques, car actuellement, le mot Amnésie ne m'est plus d'aucune utilité, et je risque donc de l'oublier.

    D'ailleurs, je crois qu'il existe un mot pour désigner la perte de mémoire. Je n'arrive plus à m'en souvenir, mais ça va revenir.

     

    JdlB, Mai 2021.

    Clinique des Bleuets.

     

     

     

     


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  • Mes chers concitoyens, 

     

    Il est temps de rétablir la vérité. Dans notre pays aujourd'hui, on bâillonne la recherche scientifique qui tente d'établir les faits sur les origines de la dictature administrative. 

     

    Prenons l'exemple du procès d'Oum Nouk, quelques 45 000 ans avant notre ère. Il n'est étrangement connu que de quelques initiés, et dans les milieux universitaire il est soumis à une campagne inouïe de désinformation. J'ai décidé de le publier ici, avec le concours de Jean de Le Bidet, et j'en assume toutes les conséquences. 

     

    C'est un jeune pêcheur de truites de l'Oise qui a découvert les tablettes d'argiles cuites du procès d'Oum Nouk en 1976, dans le lit d'une rivière. 

    Le paléontologue Yves Hennemy a immédiatement reconnu leur authenticité après les avoir daté au carbone 14. Toutes les nouvelles méthodes de datation utilisées depuis lors ont donné des résultats approchants les 45 000 ans. 

    Le jeune pêcheur, dont l'identité n'a jamais été révélée, a trouvé les 43 tablettes alors qu'il creusait le lit d'une rivière asséchée dans l’espoir de découvrir de l'or. 

    Ce qu'il a trouvé était bien plus précieux : la preuve que les populations préhistoriques locales maitrisaient déjà une forme d'écriture cunéiforme, plusieurs dizaines de milliers d'années avant les Sumériens. La preuve également que la société d'alors était déjà soumises aux mêmes vicissitudes que celles qui nous sont infligées aujourd'hui. 

    Seules les conditions de préservation inédites de ces tablettes nous ont permis de les découvrir, presque intactes, 45 000 ans après leur gravure et leur cuisson. 

     

    Certains des symboles présentent d'ailleurs des ressemblances frappantes avec d'autres écritures cunéiformes et hiéroglyphiques. Oum Nouk est sans nul doute le berceau de toutes les civilisations qui ont suivi. 

    Il a fallu plusieurs dizaines d'années, deux dépressions et trois épouses à Yves Hennemy pour obtenir une traduction intelligible des tablettes du procès d'Oum Nouk. 

    Comme par hasard, tous les journaux scientifiques renommés, à la botte de l'administration mondiale, ont refusé de publier son travail. Lorsque Yves Hennemy a fini par publier ses recherches dans un obscur journal scientifique de Corée du Nord, elles ont été unanimement rejetées par la communauté scientifique et immédiatement soumises à une campagne de dénigrement jamais vue dans l'histoire de la paléontologie. 

     

    Pourtant, chers lecteurs, vous constaterez par vous même les accents de vérité de ce texte : il ne peut pas avoir été inventé.

     

     

    Traduction intégrale des tablettes du procès de Oum Nouk, par Yves Hennemy : 

    (Tablettes 1 à 43)

     

     *****

     

    Nous, Grand Conseil de Oum Nouk, sommes ici pour juger Onne Tak, chef de la tribu des Okonos.

    Les accusations à son encontre sont les suivantes : 

        - Non respect du tableau de chasse annuel du grand gibier de la vallée de Nok Tam.

        - Rejet de déchets de chasse dans la rivière Mok Tu, ayant entrainé une grave polution des ressources en eau de la tribu Oum. 

      - Absence de déclaration annuelle des trophées de chasse pour les six dernières années. 

       - Absence de paiement du tribut annuel au grand conseil de Oum Nouk pour le droit de chasse accordé dans la vallée de Nok Tam. (Soit 769 coquillages plus 4209 coquillages de pénalité)

      - Dépassements systématiques des quotas annuels de cueillette de plantes médicinales.

     

     

    Grand Nachim, retirez le baillon de Onne Tak pour qu'il puisse répondre aux accusations.

     

    Déclaration de Onne Tak : « Oun ? Oun ? Oun ? »

     

    Maître des tablettes, veuillez prendre note que le prévenu refuse de répondre aux accusations portées à son encontre. 

     

    Grand Nachim, veuillez lui remettre son bâillon, qu'il arrête de brailler. Et attachez lui les bras dans le dos, n'oubliez pas que ces brutes sont dangereuses. 

     

    La parole est au Grand Nachim pour l'accusation.

     

    Intervention du Grand Nachim : 

    « Grand Conseil, j'ai ici les tablettes / accusés de réceptions signées du doigt de Onne Tak, prouvant qu'il a bien reçu les appels de taxes, les rappels de taxes, les plans annuels de chasse du gros gibier et les quotas annuels de cueillette de plantes médicinales. 

    Depuis notre arrivée dans la vallée de Nok Tam, il y a maintenant plus de 6 années, la tribu de ces brutes, dirigée par Onne Tak, n'a jamais obéi à la moindre tablette du Grand Conseil, ne serait-ce que celles réglementant le sens de croisement entre les voyageurs sur les sentiers étroits. 

    Il doit être reconnu coupable des accusations et châtié en conséquence. »

     

    La parole est au Questeur Nam To pour la défense.

     

    Intervention du Questeur Nam To : 

    « Grand Conseil, il n'est pas possible d'imposer nos tablettes au prévenu : il ne parle pas notre langue, il ne sait visiblement pas lire et il n'est de toute évidence pas de la même espèce que la nôtre. Regardez la taille de ses bras, l'épaisseur de ses sourcils, sa totale absence de pudeur !

    Je rappelle en outre au Grand Conseil que lorsque nous sommes arrivés dans la vallée de Nok Tam, nous avons été très bien accueilli par la tribu des Okonos. Ils nous ont indiqué les zones du passage du grand gibier, les plantes médicinales que nous ne connaissions pas, et nous ont appris le nouveau système de fabrication de nos huttes. 

    Par la suite, les échauffourées qui ont opposé nos communautés sont avant tout liées aux problèmes de communication et aux mœurs barbares de la tribu de Onne Tak. 

    Je recommande tout au plus l'expulsion de sa tribu de la vallée de Nok Tam. Je fais remarquer au Grand Conseil que depuis notre arrivée dans la vallée, la population de la tribu des Okonos a été divisée par dix, suite aux échauffourées et aux maladies. »

     

    Jugement du Grand Conseil : 

     

    Il ne fait aucun doute que Onne Tak, en qualité de chef de sa tribu de sauvages, est coupable de toutes les accusations qui lui sont reprochées. 

    Toutefois, comme l'a fait remarqué judicieusement le Questeur Nam To, ces sauvages ne parlent pas notre langue et ne savent visiblement par lire nos tablettes, même si ils ont apposé leur pouce sur les tablettes recommandées. 

    Nous avons donc décidé de faire preuve d'une grande mansuétude envers Onne Tak et les Okonos :

         - Lui et sa tribu sont condamnés à l'exil et ne devront jamais reparaitre dans la vallée de Nok Tam.

         - En compensation des dommages subis, tous leurs coquillages, leurs trophées de chasse et leurs autres biens seront confisqués.

         - En guise de pénalité, douze de leurs femelles seront capturées et mises à la disposition du Grand Conseil.

     

    Le présent jugement sera exécutoire dès que le Maître de Tablettes en aura terminé la rédaction. 

     

    Signé : Le Grand Conseil de Oum Nouk.

     

      *****

    (fin de la traduction)

     

     

     

    Les tablettes de ce procès sont la preuve que les tracas administratifs ont toujours existé, ils sont nés avec l'humanité. Et plutôt que de mourir avec elle, ils seront probablement la cause de sa disparition. D'une façon ou d'une autre, ils nous survivront.

    Bien entendu, Yves Hennemy est très connu dans les médias pour ses prises de positions anarchistes contre les administrations. Certains de ses démêlés avec les impots, la préfecture de l'Oise et surtout avec les services d'urbanisme de sa mairie sont passés à la postérité dans les journaux locaux. 

    Mais cela ne remet aucunement en cause son rigoureux travail sur le procès d'Oum Nouk, n'en déplaise à tous ses confrères qui trouvent étonnants les liens entre les idées d'Yves Hennemy et ses découvertes.

    Des confrères qui sont, rappelons le, tous plus ou moins à la botte de leurs administrations respectives. 

     

     

    A. Rachid,

    Président du comité de soutien à Yves Hennemy,

    Fondateur de la SAS Oum Nouk (Reproductions de tablettes et d'autres souvenirs d'Oum Nouk)

    www.Oum-nouk.com

    (Grande braderie du 15 au 31 Mai sur la reproduction intégrale des tablettes traduites. 10 % de remise avec le code OUM)

     

     


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  • J'ai découvert fortuitement en début de semaine sur Doctolib que les personnes âgées de 50 à 54 ans pouvaient se faire vacciner dès maintenant à partir du moment où elles avaient "une ou plusieurs" comorbidités.
    Dans la liste des comorbidités qui rendent susceptible de développer une forme grave du Covid, il y a "avoir une IMC supérieure à 30".
    Il faut savoir que l'IMC est un simple rapport entre le poids et la taille.
    Pour la calculer, il faut diviser son poids par le carré de sa taille en mètre. 
    Par exemple une personne qui mesure 1,82 et qui pèse 100 kg a un IMC de 30,2. (100 / (1,82 x 1,82))
     
    Mon IMC personnelle étant quelque peu au dessus de 30, j'étais donc vaccinable. 
     
    J'ai donc cherché un rendez vous sur les sites internets dédiés, j'en ai trouvé un, je me suis inscrit et je suis allé ce matin, jour de Pâques, au Centre de Vaccination local (une salle de spectacle de 3000 places) pour ma première injection. J'avais un rendez vous très précis : 11h48. Ça m'a fait penser à la SNCF. Cela s'est avéré hélas prémonitoire. 
     
    Je suis arrivé à 11h25. Il y a avait une queue de 100 mètres devant l'entrée. Je m'y étais à peine inséré qu'une personne habillée de blanc est sortie du centre de vaccination et a crié : 
     
    - Il y a t-il dans la queue des personnes qui étaient convoquées entre 9 et 10 heures ?
     
    Il n'y en avait pas. Ça commençait bien.
     
    Après avoir fait une première queue à l'extérieur (plus de 25 minutes) puis à l'intérieur (10 minutes) j'ai accédé à un distributeur de gel hydro-alcoolique puis à un bureau de pointage (unique pour tous les candidats au vaccin) qui a vérifié avec ma carte d'identité que j'avais bien rendez-vous. Avec une méthode très moderne : le stabilotage d'un listing papier. 
     
    Après cela, j'ai été envoyé vers un bureau administratif (il y en avait 6), auquel j'ai à nouveau présenté ma carte d'identité à travers un plexiglas cette fois. Le préposé du bureau de pointage avait préalablement tripatouillé ma carte, il était donc inutile de la faire lécher par la préposée du bureau administratif. Une préposée dont le rôle est de vérifier que l'on est bien éligible à la vaccination puis d'appuyer sur un bouton pour m'insérer dans la file d'attente de la visite médicale obligatoire. 
    Elle a donc vérifié mon âge (avec son ordinateur). S'en est suivi un dialogue amusant : 
    - Vous travaillez dans le secteur de la santé ?
    - Non.
    - Vous avez un courrier de votre médecin pour vous faire vacciner ?
    - Non.
    - Pourquoi vous êtes là, alors, si vous n'avez pas de problèmes de santé ?
    - Je n'ai pas de problèmes de santé, j'ai un IMC supérieur à 30 et j'entre donc dans les critères de vaccination en vigueur.
    Regard d'incompréhension. 
    - Et vous n'avez pas de lettre de votre médecin ?
    - Je ne vois pas pourquoi il faudrait que j'aille voir mon médecin pour qu'il vous écrive que je suis gros. En plus il n'est nulle part précisé sur le site internet que les comorbidités doivent être documentées. Je veux bien admettre que l'hypertension n'est pas décelable à l'oeil nu, mais le tour de taille c'est moins difficile. 
    - Bon, vous verrez ça avec le médecin lors de votre consultation, me dit-elle d'un air revêche avant d'appuyer sur la touche "enter". 
     
     
     
    Je passe alors derrière ce second guichet, je prends une nouvelle douche de gel hydroalcoolique, et j'entre dans le centre de vaccination proprement dit. Il y a plein de chaises avec des gens assis devant des box dans lesquels on rencontre un médecin avant de se faire vacciner.
    Je suis guidé par un Monsieur en Gilet Bleu à une place d'attente assise, pour ma visite avec le médecin. La plupart des gens autour de moi ne comprennent pas que ce n'est pas encore le stade de la vaccination. 
    Pour patienter, on nous fait participer à un jeu de chaises musicales, car on doit prendre la place de la personne qui nous précède à chaque fois qu'un futur vacciné entre dans le cagibis d'un médecin. 
    Certaines personnes entrent et ressortent cinq minutes plus tard, d'autres entrent et ressortent plus de vingt minutes après. Je me dis que la visite médicale doit être très minutieuse pour les cas compliqués.
    Comme de juste, je suis devant le box dont la file (assise) avance le moins vite. Rien de bien surprenant. 
    Une demi-heure plus tard, la consultation avec le médecin est plus surprenante. 
    Je m'attendais au minimum à un prise de tension, un pesage / toisage (pour vérifier mon IMC), un petit coup de stéthoscope... Que nenni.
    Un médecin de taille réduite m'accueille et me demande de m'assoir. Il me demande ma carte vitale. S'ensuit un dialogue avec une impression de déjà entendu : 
     
    - Vous travaillez dans le secteur de la santé ?
    - Non.
    - Vous avez un courrier de votre médecin ?
    - Non.
    - Vous avez des problèmes de santé ?
    - Non, j'ai un IMC supérieur à 30 et j'entre donc dans les critères de vaccination.
    Regard d'incompréhension mêlé d'un peu d'appréhension. Le médecin hésite visiblement sur la conduite à tenir. Il faut dire qu'il n'y a pas de balance ni de toise dans son cagibis, et il ne pourra pas estimer mon poids en me soulevant avec ses petits bras. Nous voilà dans un vide juridico-médico-administratif béant. L'absence de précision du site doctolib sur la nécessité de présenter un justificatif de comorbidité sur un critère aussi absurde que l'IMC est sur le point d'entrainer une grave crise dans le centre de vaccination. Il va probablement devoir en référer au chef de centre, la dame en blouse blanche qui court partout avec un listing papier qui doit faire une bonne quinzaine de kilos. 
    Après une bonne inspiration, le médecin a terminé son estimation du bénéfice / risque de me refuser la vaccination. il renonce à aller chercher de l'aide :
     
    - Bon. Bon bon. Et bien tant pis, ce n'est pas trop régulier, mais on va vous faire le Pfizer ?
    - Oui, merci. 
    Le médecin appuie sur quelques touches de son clavier, me rend ma carte vitale.
    - Bien, et bien vous pouvez passer à la salle d'attente des infirmières.
     
     
    À ce stade, je me dirige enfin vers la zone de vaccination, des cagibis identiques à ceux des médecins, qui entourent également une armée de chaises occupées par les futurs vaccinés ayant déjà passé l'étape périlleuse de la consultation. Mais dans ces box, on va trouver des infirmières et des piqures. Des gens sérieux.
    À quoi ont servi les trois premières étapes de ce chemin de croix Pascal ? Aucune idée. Les trois étapes auraient-elles pu se faire en une seule ? Oui. 
     
    Je me fais diriger par un nouveau gentil Monsieur en gilet Bleu vers ces nouvelles chaises d'attente. Pour rejouer aux chaises musicales. Après une nouvelle douche de gel. 
     
    Une dizaine de minutes d'attente plus tard, une infirmière dont l'IMC est comparable au mien (et qui par un absurde réflexe grossophile m'est immédiatement sympathique) me fait signe d'avancer dans son enclos. 
    Elle me demande ma carte vitale, et me demande dans quel bras je souhaite recevoir mon injection. (Le gauche)
    J'ai à peine le temps de retirer ma chemise qu'elle m'enfonce une seringue (énorme) dans le bras. (même pas mal, je n'ai pas pleuré).
    Puis elle me remet un certificat de vaccination qui mentionne ma convocation au rappel, dans un mois. 
    C'est de loin la personne la plus sympathique rencontrée lors de cette aventure, et c'est la seule qui ne m'a pas demandé ce que je foutais là. Ceci expliquant peut-être cela.
     
    C'est fini ? 
    Non.
    Il faut maintenant se diriger vers l'enclos de surveillance des vaccinés. 
    Un gentil Monsieur en gilet orange me demande de m'assoir une quinzaine de minutes, avant de repartir. 
    Je crois distinguer dans le fond de la salle des officiers de sécurité tout en noir, masqués, armés de fusils d'assaut. Ils ont probablement pour ordre d'éliminer tous les patients qui se transformeraient subitement en zombies. 

    Pendant ces quinze minutes je me suis retenu de baver, de convulser et de m'endormir. 

    En vrai, je ne suis pas certain que les militaires en noir étaient bien là. Je suis surtout euphorique, j'ai l'impression que l'on m'a passé un litre de Champagne en intra-veineuse. Il y a pire, comme effet secondaire. 

    Au bout de mes quinze minutes réglementaires, j'ai quitté le centre. Avec ma voiture.  

     

    Aux États Unis, les gens se font justement vacciner dans leur voiture. Ils ne font pas entrer deux mille personnes dans une salle de spectacle fermée au public depuis un an. Ils ont déjà vacciné 50 % de leur population. Ils ne passent pas par quatre guichets. Personne ne pointe des listes papier au stabilo. 
     
    Mais le problème n'est pas là.
    Le problème c'est que j'ai vachement mal au bras. 

     


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  •  

    Il reste des traces de maté au fond de ma théière,

    Comme il reste au fond de mon corps

    Les résidus de ma jeunesse d'hier. 

     

    Ces résidus seront les taches de demain, 

    Vagues souvenirs ou simples décors

    D'un passé ô combien lointain. 

     

    On arrête jamais vraiment les rivières,

    Elle charrieront sans effort

    Leurs débris flottants jusqu'à la mer.

     

    Bien installé sur ma bouée, je dérive au fil de l'eau,

    À l'abri des requins, un verre à la main,

    Je regarde passer les oiseaux. 

     

     


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  •  

    Aujourd'hui,

    Je suis allé fleurir ta tombe, comme hier.

    Cette fois ci j'ai évité les pleurs,

    Le printemps apaise l'atmosphère,

    Et rend moins triste ce cimetière.

     

    J'ai arrosé les plus vieux pots de fleurs,

    Puis, par pur hasard j'ai découvert,

    En balayant les feuilles apportées par l'hiver,

    Une charmante petite vipère.

     

    Elle ondulait lentement au soleil,

    Sur ta pierre tombale couleur vermeil,

    Profitant de sa chaleur,

    En bonne fille de Lucifer.

     

    Maintenant,

    Je viendrai moins souvent, car désormais mon coeur,

    Chaque jour, avec ta nouvelle amie commère,

    Vous serez occupées des heures et des heures,

    À échanger moult rumeurs sur les enfers.




     


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  •  

    Il y a un peu plus d'une semaine, le Gobelin Firmin Terdy, professeur d'histoire des Neuf Royaumes, a été décapité par ses élèves dans sa salle de classe. 

    Dans le cadre du programme d'instruction civique des neuf Royaumes, il donnait un cours sur les origines des religions. 

    Certains de ses élèves n'ont pas supporté le passage du cours dans lequel étaient remises en cause les origines des Trente-huit vérités éternelles de la loi Tallumanicienne.

    D'après le témoignage des élèves n'ayant pas participé à ce grave incident, la scène n'a pas duré plus de vingt minutes, le professeur n'a donc pas trop souffert. 

    Les cinq élèves concernés ont été expulsés définitivement du Collège. Trois des familles ont toutefois décidé d'interjeter un appel suspensif auprès du recteur de l'Académie.

    Le collectif des professeurs des Sombres Monts a aussitôt décidé d'exercer son droit de retrait, et les cours n'ont plus été assurés pendant trois jours. 

    Les élèves ont alors été livrés à eux même dans la cour de l'école, et l'on déplore sept rixes ayant entrainé la mort de vingt trois élèves. 

    Le comité des parents d'élèves de l'école des Sombres Monts a donc décidé d'intervenir et a proposé une conciliation au collectif des professeurs.

     

    Pour rappel, quelques jours avant cet évènement tragique, dans une autre classe, les dents du professeur Firmin Terdy avaient décidé de voler de leurs propres ailes, suite à un cours dispensé sur la réalité scientifique des récits du grand livre des Hachoffas. Un des meilleurs élèves de la classe, disciple du grand Touchemouille, avait participé à leur libération, légitimement outragé par le fait que puisse être remis en cause le principe divin d'incompatibilité inter-espèces. L'élève, à la suite de cet incident, avait été privé de dessert pendant trois journées entières, peine justement réduite en appel à deux journées de privation. 

    Encore quelques jours plus tôt, c'est Mademoiselle Dekochon, professeur des choses de la vie, qui avait subi une agression collective en plein cours d'éducation sexuelle, certains élèves de l'obédience du Grand Schmoll, bouleversés par les images d'organes reproducteurs affichées au tableau, n'ayant pu contrôler leurs ardeurs. 

    Rappelons que Mademoiselle Dekochon a reçu un blâme à l'issue de l'enquête relative à cet incident, car elle n'avait pas respecté la directive de prévenance et d'éloignement applicable aux élèves de l'obédience du Grand Schmoll pour tout ce qui concerne la représentation graphique des appareils reproducteurs.

     

     

    Suite à tous ces évènements, le comité de parents d'élèves et les professeurs du collège des Sombres Monts se sont donc réunis. À l'issue de la réunion, ils ont unanimement et courageusement décidé de mettre définitivement fin aux cours d'histoire religieuse et aux cours d'éducation sexuelle dans l'école des Sombres Monts.

    Les cours pourront ainsi reprendre dès demain. Les élèves décédés au cours des rixes seront inhumés au cimetière du collège selon les rites choisis par leurs parents lors de leur inscription. 

    Le comité des parents d'élèves approuve ces mesures et vous demande, lors de votre prochain passage à l'école, de signer la pétition pour un recentrage de l'éducation sur les mathématiques, le maniement des armes et l'apprentissage de la langue commune, à l'exclusion de toute autre matière. 

     

    Le président du comité des parents d'élèves.

    Gargamel Haminet, Grand Touchemouille.

     

     

     


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    Dans la longue liste des expressions à la con, "La lumière est au bout du tunnel" n'est pas loin d'être une des plus critiquables.

     

    Tout d'abord, qui a décrété qu'il n'y avait pas de lumière dans les tunnels ? La plupart de ceux dans lesquels nous nous engageons sont éclairés. Et quand il n'y a pas de lumière, le voyageur dégourdi se débrouille pour y amener son propre éclairage (en général une torche ou un boitier à selfies). 

    Ensuite, pour qu'il y ait de la lumière au bout d'un tunnel, il faut qu'il fasse jour *. C'est donc une expression à n'utiliser que dans des conditions diurnes. Et pour preuve, les hiboux ne l'utilisent presque jamais. **

    D'ailleurs si on est dans un tunnel depuis très longtemps et que l'on a ni montre rétro-éclairée ni boitier à selfies, il est difficile de savoir si il fera jour au bout du tunnel quand on l'atteindra.

    De plus, la Terre tournant sur elle même avec une assez forte inclinaison, la surface de la planète sous laquelle se trouve votre tunnel est éclairée entre 0 et 24 heures par jour, en fonction de votre localisation et de la saison. Si vous êtes en Antarctique au début du mois de Juillet, bonne chance pour trouver de la lumière en sortant de votre tunnel. 

    Enfin, et c'est là le plus grave, on ne peut pas savoir si l'extrémité d'un tunnel débouche à l'air libre avant de l'avoir atteint. Certains tunnels débouchent dans des grottes, des hangars ou des bunkers dépourvus d'éclairage. Certains tunnels, construits en forme de rubans de Möbius par la Fondation Raymond Devos, n'ont pas d'extrémité. D'autres sont en cours de percement et aboutissent à un cul de sac. Rien ne dit que leur entrée ne sera pas rebouchée avant que vous ne rebroussiez chemin. D'autres tunnels sont effondrés ou inondés ***. 

     

    L'utilisation de cette expression est donc à réserver à des tunnels non éclairés, tunnels que vous avez récemment parcourus, dont vous connaissez la réalité et la nature des issues, issues que vous pensez pouvoir atteindre avant la nuit tombée ou après le lever le jour.

     

    Toute autre utilisation de cette expression serait immensément ridicule, y compris pour les tunnels spatio-temporels, qui, comme chacun sait, sont à l'obscurité ce que le couscous est à la semoule. ****

    Dans le doute, le blog du Bidet vous recommande vivement d'utiliser plutôt l'expression suivante : 

    Il est possible que la lumière soit au bout d'un tunnel non éclairé, si l'on a pas pensé à se munir d'un éclairage adéquat pour le traverser, si le tunnel a un bout qui débouche à l'air libre et s'il fait jour quand on en sort.

     

     

    * Afin de ne pas complexifier outre mesure notre demonstration, nous n'avons pas pris en compte la possibilité que la sortie d'un tunnel non éclairé puisse être éclairée artificiellement. 

    ** Source : "Expressions et autres litotes utilisées par les hiboux. Fréquences d'emplois et significations." de Louis Legrand-Duc, Éditions de la Plume.

    *** Il est certes tout à fait possible de sortir d'un tunnel inondé si on a pensé à se munir de l'équipement adéquat avant d'y entrer. Mais les tunnels inondés débouchent très rarement sur une zone éclairée.

    **** Si cette phrase n'a pour vous aucun sens, vous ne pouvez vous en prendre qu'aux lacunes de votre cursus éducatif.

     


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    Le taureau daltonien s'irrite pour un rien.

    Il faut dire que bientôt on lui mangera les reins,

    La queue, les boyaux, le coeur et le popotin.

    Cela rendrait chafouin le plus doux des bovins. 

     

    Au bout de sa corne, à moitié éventré,

    Secoué comme un prunier par la bête déchainée,

    Le toréador agite comme un forcené

    Le tissu dans lequel il voulait se moucher.

     

    Le carré de coton est vert comme le gazon,

    Avec ça et là quelques éclats vermillons.

    Malgré l'intervention d'hommes caparaçonnés,

    Sa vie comme son mouchoir finissent par s'échapper.

     

    Son âme s'envolant au paradis des bouchers,

    Le mort veut formuler une dernière pensée :

    Celle ci étant dépourvue du moindre intérêt,

    Le taureau lui enfonce son mouchoir dans la raie.

     

    Il nous épargne ainsi une épitaphe convenue,

    Toujours moins drôle qu'une corne dans le cul. 

     

     


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    Pris en pleine nuit d'un désir infernal,

    Je me suis levé et j'ai enfourché mon cheval,

    Vêtu en tout et pour tout de ma liquette,

    Afin de répondre au plus vite à l'appel de la fourchette.

     

     

    Après bien des kilomètres quatre à quatre sur la grand-route,

    J'ai enfin atteint le pied de ma destination, à savoir le restoroute.

    Dans les allées de cet établissement ouvert H24, point de service en salle,

    Mais de la vente à emporter, même pour les gros fous presque à poil. 

     

     

    J'ai mangé six éclairs au chocolat sur le champ, ou plutôt sur le carrelage,

    Sous les yeux affolés d'une caissière qui n'avait pas encore perdu son pucelage. 

    Pendant qu'elle envoyait quelques textos, j'ai pris tout ce qu'il restait dans son rayon,

    Puis j'ai payé toutes mes pâtisseries en tickets restos, tel un chauffeur de camion.

     

     

    Une fois rentré chez moi, je me suis remis au lit,

    Et alors que mon estomac protestait avec force gargouillis,

    J'ai soudainement été pris d'un affreux doute :

    Ce désir soudain et brutal n'était-il pas le signe annonciateur d'une déroute ?

      

     

    Je me suis derechef jeté sur mon cheval,

    Et je l'ai mené à un rythme encore plus infernal

    À la pharmacie de garde locale, dans laquelle j'ai exigé un test immédiat : 

    Oui ou non, suis-je atteint par ce nouveau mal dont parlent les médias ?

     

     

    Après quelques minutes d'attente presque insupportables, 

    Le pharmacien effrayé m'a confirmé que malgré mon gros ventre,

    Mes bouffées de sueur, mes humeurs changeantes et ma tenue délirante,

    Les résultats du test étaient formels et formidables : je n'étais pas enceint des oeuvres du diable.

     

      

    Je suis rentré m'enfermer

    Avec mes cachets contre le surmenage,

    Pour dormir à poings fermés,

    Comme un gros bébé,

    Bercé par le son de l'orage.

     

     

    Dehors le diable enragé rôde encore,

    Mais je m'en fous, moi, je dors.

     

     


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    J'ai fait le rêve de l'oubli,

    Dans lequel ont disparu tous mes ennuis.

    Quand je me suis réveillé,

    Je n'avais plus aucun motif de me plaindre,

    Ce qui m'a beaucoup ennuyé.

    Heureusement ce n'était qu'un rêve,

    Les meilleures blagues étant les plus brèves,

    J'ai vite retrouvé de quoi geindre.

     


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  • Note confidentielle établie à l'attention exclusive de la Reine.

     

    Votre Majesté,

     

    Suite au coup de filet du mois dernier et à une enquête de plusieurs semaines, nous sommes aujourd'hui en mesure de vous faire des révélations inédites sur le groupuscule qui terrorise notre bon Royaume de Brie depuis de si longues années, groupuscule jusqu'à présent si mystérieux. 

     

    C'est le Mage Sylvio Bilyo qui a créé le groupuscule Hatchoum Marum il y a une quinzaine d'années avec son beau-frère Pilo Torta. À l'origine il s'agissait d'un mouvement localisé dans la ville de Livarot, mais il a vite essaimé dans tout le Royaume grâce à un système de "cellules étanches", c'est à dire que les cellules des différentes cités n'ont qu'un seul membre en contact avec une autre cellule. 

     

    Une cellule Hatchoum Marum est généralement composée d'une petite vingtaine de membres : le Secrétaire Perpétuel (créateur de la cellule), le Grand Économiste (trésorier), le Vigilant (responsable de la sécurité interne de la cellule), la Lance (responsable des opérations), le Parleur (responsable du protocole), le Lien (celui qui est en contact avec le reste du réseau). Les autres membres sont les Piliers, les exécutants. Organisés en groupe de trois, ils constituent des commandos capables de mener les actions extérieures décidées par la cellule. Les cellules sont totalement mixtes. On y trouve aussi bien des Humaines que des Ogresses, des Gobelins ou des Orcs. 

     

    Organisation : 

    En fonction des cellules, l'organisation peut présenter quelques particularités, mais en général elles se réunissent une fois par semaine, toujours dans le même sanctuaire, un lieu doté au minimum d'une demi-douzaine d'entrées. Chaque membre est affecté à une entrée particulière, toujours la même. Son heure d'arrivée et de sortie est toujours décalée par rapport à celle des autres membres qui utilisent la même entrée, afin que personne ne puisse se rencontrer avant ou après la réunion.

    Chaque entrée est dotée d'un vestiaire, dans lequel les membres de la cellule revêtent leur habit (une longue robe fuligineuse et un masque doré qui recouvre tout leur visage). Les masques sont très codifiés et permettent aux initiés de savoir immédiatement à qui ils ont affaire. Ils permettent de connaître la fonction et l'ancienneté du membre dans la cellule. Par exemple, le masque du secrétaire perpétuel est un masque d'aigle, un masque de Pilier est un masque de loup doté d'une entaille pour chaque année passée au sein de la cellule.  

    Les membres de la cellule n'utilisent jamais leur nom, ils utilisent un alias correspondant à leur masque. On trouve ainsi dans chaque cellule : 

    - Un Aigle (Secrétaire Perpétuel)

    - Un Dragon (Grand Économiste)

    - Un Ours (Vigilant)

    - Un Lion (Lance)

    - Un Cerf (Parleur)

    - Un Chat (Lien)

    - Des Loups numérotés de 1 à 12 (Piliers) 

    Les Loups sont numérotés par ancienneté dans la cellule, de Loup 1 à Loup 12. Il n'y a jamais de Loup 13. Les Aspirants sont recrutés par les membres de la cellule dans leur vie civile. Lorsqu'un membre juge qu'une personne de leur connaissance est digne d'intégrer la cellule, il lui propose un rendez vous d'initiation codifié, au cours duquel l'Aspirant (prié de revêtir un masque de sanglier) est questionné par d'autres membres de la cellule (tous masqués). 

    À l'issue d'un vote il est décidé (ou non) de procéder à l'initiation de l'Aspirant, qui deviendra Loup en fonction des places laissées vacantes dans la cellule. (Ce qui survient assez fréquemment, compte tenu de l'activité dangereuse des cellules).

    L'Aspirant ne participe jamais aux réunions de la cellule. Il est parfois convoqué par le Vigilant et le Parleur pour des sessions de formation, mais il n'est pas tenu informé des opérations en cours.

    Les postes vacants sont pourvus en interne. Par exemple, en cas de décès du Lion au cours d'une opération extérieure, c'est en général le Loup le plus ancien qui prend sa place, mais cela peut-être aussi un autre des masques de la cellule. Auquel cas il se produit un jeu de chaises musicales et tous les masques peuvent changer de porteur, à l'exclusion de l'Aigle. Dans tous les cas, si il y a un Aspirant initié, il est convoqué à la réunion suivante et prend le masque du Loup 12.

     

    L'idéologie d'Hatchoum Marum.

    Hatchoum Marum est souvent considéré comme la branche armée de la secte Kan. Il n'existe cependant à ce jour aucune preuve d'un lien direct entre la direction de la secte Kan et Hatchoum Marum. 

    Toutefois il est évident que cette secte qui proteste contre la politique anti-magie du Royaume est le réservoir naturel du groupuscule Hatchoum Marum. 

    Tous les membres d'Hatchoum Marum sont des adeptes ou des sympathisants de la secte Kan.

    Il existe tout de même une différence notable : la secte Kan est une secte non violente. Elle condamne systématiquement toutes les actions violentes d'Hatchoum Marum. 

    Voici le serment que prêtent les Aspirants lors de leur cérémonie d'intronisation : 

     

    Je jure de servir ma cellule jusqu'à la mort.

    Je jure de combattre les ennemis de la magie de toutes mes forces.

    Les forces anti-magiques doivent être réduites en poussière.

    Les magiciens doivent régner. 

    Hatchoum Marum.

     

     

    Les Opérations d'Hatchoum Marum.

    Le principe fondamental d'Hatchoum Marum est l'action violente, avec pour objectif d'instaurer un climat de terreur au sein du Royaume.

    Voici les principaux actes du groupuscule au cours de l'année écoulée : 

    - Assassinat de la Princesse Gastone

    - 33 assassinats de Sénéchaux Royaux

    - 12 assassinats de Percepteurs Royaux

    - 43 incendies de Tribunaux Royaux

    - 249 destructions de lieux de culte anti-magie.

    - 977 libérations de prisonniers de la secte Kan.

    - 17 tentatives d'assassinat contre la Reine Heuse. 

     

    Et rappelons également leurs actions les plus spectaculaires au cours de la décennie écoulée : 

    - Sabotage du barrage de la Tamuse. (plus de 12000 morts et disparus)

    - Assassinat de la Princesse Gudule.

    - Assassinat de la Princesse Gertrude.

    - Assassinat de la Princesse Gentiane.

    - Assassinat de la Princesse Guillaumette. 

    - Lancement d'un sort de nuit perpétuelle sur la ville de Livarot. (toujours actif)

     

    Pistes et avancées de la lutte contre le Groupuscule.

    La majeure partie de ces informations ont été recueillies grâce au démantèlement d'une cellule de la ville de Munster. 

    Nous avons dû faire appel à un Mage du Pays Troll (avec l'autorisation préalable de la Reine) pour briser les sorts de silence des membres de la cellule et obtenir enfin toutes ces informations.

    Le Parleur de la cellule nous a permis de trouver une autre cellule dans la ville d'Entremont, mais nos services n'ont pas été en mesure d'identifier ses membres, le Parleur de cette cellule s'étant suicidé par immolation spontanée lors de son interpellation. 

     

    Nos services mettent tout en oeuvre pour identifier les autres cellules Hatchoum Marum, mais il nous faut reconnaître que le démantèlement de la cellule de Munster était un coup de chance. En effet, c'est un voleur doté de pouvoirs magiques qui nous a involontairement indiqué la piste menant au sanctuaire de la cellule. C'est grâce à ses dons qu'il a pu déjouer les sorts de protection qui protégeaient le lieu. Nous l'avons arrêté alors qu'il tentait d'écouler les masques de cérémonie qu'il avait volé auprès de mon beau-frère, antiquaire respecté de la communauté et fervent soutien du Royaume. 

    Il nous a suffi ensuite de monter une souricière autour de leur sanctuaire et de cueillir un à un tous les membres de la cellule.

     

    Selon les informations recueillies, Sylvio Bilyo et Pilo Torta sont décédés dans l'attentat du barrage de la Tamuse. Les prisonniers de la cellule de Munster ont prétendu que cet évènement était un accident, une explosion liée à une inversion d'ingrédient dans la réalisation d'une potion d'étanchéité. Compte tenu du mode d'interrogatoire pratiqué, on peut au moins affirmer qu'ils étaient certains de ce qu'ils disaient. Mais il s'agit peut-être d'une propagande interne.

    Ils n'ont pas été en mesure de nous donner le nom des dirigeants actuels du mouvement. Il est probable que compte tenu de la structure de cette organisation personne ne soit en mesure de nous procurer cette information.

    Conformément à vos instructions, à l'issue de leurs interrogatoires les membres de la cellule ont été donnés en pâture aux fauves et à l'épaulard des arènes de Büldelhar.

    Nous continuerons à tout mettre en oeuvre pour combattre cet horrible groupuscule et identifier leurs autres cellules actives.

    Nous avons tenté de remonter la piste des fabricants de masques pour trouver d'autres cellules, mais ça n'a rien donné, il y a trop de fabricants et les masques saisis n'ont aucun signe distinctif permettant d'identifier son ou ses fabricants.

    Dernier détail : les membres de la cellule de Munster nous ont affirmé que chaque vague de répression contre la secte Kan apportait systématiquement un flux d'Aspirants au groupuscule Hatchoum Marum. Peut-être serait il judicieux de réfléchir à d'autres méthodes que la pendaison et l'éviscération pour lutter contre cette secte, dont le principal mode de protestation est la marche silencieuse.

    Le simple bannissement du Royaume des membres de la secte Kan permettrait peut-être de nous débarrasser de ces adorateurs de la magie sans pour autant renforcer les forces vives d'Hatchoum Marum. 

    Ceci n'est bien entendu qu'une modeste suggestion, et en aucun cas une critique des actions légitimes du pouvoir. 

    Longue vie à la Reine !

     

     

    Lucien Gesté-Postur

    Grand Sénéchal du Royaume de Brie. 

     

     


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    J'ai souvent des prémonitions. La plupart du temps, elles se vérifient.

    Depuis hier soir, je sentais la mort me tourner autour. Ce matin, j'ai même écrit une petite chanson d'adieu, au cas où. Puis je suis parti en voiture rejoindre mon associé pour finaliser une nouvelle affaire avec notre conseil juridique. 

    Les conditions de circulation étaient difficiles : vent, beaucoup de pluie, les conditions idéales pour un accident de la route. 

     

     

    J'évite miraculeusement toutes les embuches semées sur ma route, je n'écrase personne en entrant dans le parking souterrain et je trouve facilement une place de parking au dernier sous-sol. Je sors de ma voiture comme si je venais de remporter une grande victoire. Des personnes âgées me laissent leur place pour entrer dans l'ascenseur, car elles sont deux (probablement des inséparables) et il y a déjà une personne dans la cabine limitée à deux places par temps de Covid. C'est décidément mon jour de chance. Ce genre de chose ne m'arrive jamais. 

    Je me rends à mon rendez vous, qui n'est qu'à quelques centaines de mètres du parking. Les pavés et la chaussée sont humides, il pleut, tout est très glissant : nouveau miracle, j'arrive indemne, à peine mouillé et presque à l'heure à mon rendez vous. 

    Après celui ci, mon associé et moi allons faire le point sur les affaires en cours dans un café. Nous y recevons un appel : l'une de nos employées a très probablement contracté le Covid 19. Il faut la remplacer d'urgence. 

    La nouvelle résonne en moi : et si c'était la prémonition qui se réalisait ?

    Ça me semble tout de même un peu léger. 

    Peu avant midi mon associé prend congé : il ne l'avouera jamais mais il évite de déjeuner en ma compagnie, car il ne veut pas tâcher sa chemise. 

    J'appelle plusieurs de mes connaissances locales pour ne pas manger seul. En vain.

    Triste mais résolu à ne pas repartir le ventre vide, je me rends dans un restaurant franchisé situé à la périphérie de la ville. Les conditions météos n'ont pas changé, il fait toujours aussi mauvais, mais j'évite la chute en regagnant le parking, l'accrochage en en sortant et la maréchaussée sur le chemin du restaurant.

    J'arrive sur le grand parking de cette enseigne qualifiée de nationale. Je me gare au fond, sur une place isolée, pour éviter de raccrocher une autre voiture, précaution qui pourrait sembler superflue. Pas dans mon cas.

    Je fais plusieurs manoeuvres qui pourraient sembler insolites à beaucoup, dans le but de ranger ma voiture entre les deux bandes blanches qui délimitent mon espace personnel. Heureusement qu'il pleut à verse, ça m'évite le sourire goguenard des as du volant qui assistent généralement à mes exploits. 

    Vu que je suis au bout du parking, qu'il pleut fort et que je ne suis pas pressé, je décide d'écouter les informations en attendant que le temps se calme. Pour ne pas arriver aux portes du restaurant trempé comme une soupe. 

    Il va de soi que mon parapluie est cassé. Il est toujours cassé, même quand il est neuf. C'est pour cette raison que je privilégie désormais la casquette, beaucoup plus sûre.

    J'apprends alors que Donald Trump, le milliardaire américain adulé par les classes populaires de l'Amérique a attrapé le Covid 19. (Il serait d'ailleurs temps de passer au Covid 20, Fifa 21 est sur le point de sortir...). C'est une jolie dame de son entourage qui l'a contaminé. Juste retour des choses pour celui qui se vante d'attraper autre chose que le Covid chez les jolies dames. 

    Peut-être est ce un nouveau signe ? La mort rôde en effet autour de moi ?

    À peine ai-je le temps de me poser la question qu'un corbillard passe devant moi et décide de se garer exactement à côté de ma voiture. Pourtant il y a de la place, sur ce parking...

    Cette fois, le signe est évident. Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir.

    Pris d'effroi, je quitte mon véhicule en catastrophe, et, sous une pluie désormais légère, je me rends d'un pas aussi assuré que possible vers l'entrée du restaurant. Arrivé devant, les dix-huit affichettes qui demandent impérativement aux clients de pénétrer dans le restaurant en portant un masque me font rebrousser chemin, car j'ai oublié le mien dans ma voiture. 

    Je m'approche avec le plus de dignité possible de ma voiture et du corbillard, dont sont descendus deux hommes d'une trentaine d'années, tous les deux bruns et élancés, à l'air plutôt amical. À priori, ils semblent vivants, c'est déjà ça.

    Je ne vais pas jusqu'à engager la conversation. D'ailleurs, ils discutent entre eux : je ne vais pas les interrompre pour leur faire remarquer qu'il pleut ; je me précipite dans ma voiture, enfile mon masque d'un air qui se veut dégagé, et repars aussitôt en direction du restaurant.

    Passée la porte d'entrée du restaurant, il m'arrive ce qui m'arrive toujours quand j'arrive seul dans un restaurant : je deviens subitement invisible.

    Serveurs, Commis, Maître d'hôtel, Directeur : tous passent devant moi sans me voir, alors que j'arbore mon sourire le plus engageant et le plus sympathique. Ce qui, il faut le dire ne se voit guère derrière mon masque chirurgical bleu. Mais sans masque le résultat est souvent similaire, je ne m'en inquiète donc pas.

    Finalement, les deux employés des pompes funèbres, tout de noir vêtus, entrent à leur tour dans le restaurant. Respectueux du marquage au sol de l'établissement, ils s'arrêtent sur une bande jaune, un bon mètre derrière celle sur laquelle je me tiens depuis cinq bonnes minutes.
    Le Maître d'hôtel masqué (qui n'est pas Zorro) les aperçoit aussitôt et se précipite vers eux. Alors qu'il n'est plus qu'à quelques dizaines de centimètres de moi, il se rend soudainement compte de ma présence et m'adresse la parole, légèrement surpris.

    - Bonjour Monsieur, vous êtes seul ?

    - Bonjour. Oui, je suis seul, et je n'ai pas réservé, dis-je avec un ton faussement contrit.  

    - Je vais voir s'il nous reste une place. 

    Le voilà parti en salle. Je connais déjà quelle sera ma place. Ce sera celle qui se trouve le plus près des toilettes, ou celle qui jouxte l'entrée des cuisines. 

    Il revient, puis me guide vers la place qui jouxte l'entrée des cuisines et me demande : 

    - Cette place vous convient ?

    Je n'ai pas le temps de lui répondre "oui" qu'il repart illico se jeter au service de clients bien plus attirants que moi : les croque-morts.

    D'ailleurs je suis à peine assis qu'il revient en leur compagnie et les installe à la table située à côté de la mienne en leur disant :

    - Ici, vous serez tranquilles. 

    C'est un complot.

    Je parviens à passer ma commande avant eux, ce qui relèverait de l'exploit si je n'avais pas fait tomber mes couverts aux pieds d'une jeune serveuse pour attirer son attention. Face à l'adversité j'ai développé au fil des années des techniques de survie imparables. 

    Vingt minutes passent, j'ai le temps de lire 12% du livre que je viens d'acheter sur mon application Kindle. (Un livre assez court, je suis un lecteur lent. En général je termine la lecture du menu quand mes convives commandent leur café. Ceci expliquant aussi pourquoi je mange souvent seul au restaurant. Avec peut être également ma conversation soporifique. Et les envolées de sauce.)

    La jeune serveuse sympathique apporte à mes voisins de table leur plat. Je ne m'en offusque pas, j'en ai vu d'autres. 

    Entre deux bouchées de gigot, les deux funèbres employés évoquent leurs emplois du temps pour les jours à venir. Qui semblent bien chargés. L'un d'entre eux explique à l'autre avec une pointe d'émerveillement dans la voix qu'il n'a pas assisté à une cérémonie identique de toute la semaine. Il ajoute toutefois par honnêteté :

    - À part deux crémations. 

    Le cuisinier qui officie près du grill, de l'autre côté de la porte d'accès aux cuisines, a remarqué que je n'ai toujours pas commencé à manger, bien qu'arrivé depuis une demi-heure. Il s'approche de ma table et me demande : 

    - Vous n'avez toujours pas eu votre entrée ?

    - Non, pas encore. 

    Il faut dire que l'entrée en question, composée de viande salée et hachée de cochon mort, demande beaucoup de préparation. Pour fabriquer une terrine à partir de l'abattage du cochon, il faut au minimum 48 heures. Je ne vois donc pas de raison de me plaindre pour une demi-heure d'attente. 

    Et puis je ne suis pas vraiment rassuré : ça décanille sec autour de moi. Entre ma prémonition, ma collaboratrice, Trump, les chauffeurs du corbillard et le cochon qu'on vient d'occire pour mon compte, j'ai plutôt intérêt à faire profil bas. 

    Finalement mon assiette de cochonnaille arrive. Suivie quelques secondes plus tard par mon andouillette, que le maître rôtisseur était pressé de me servir. Ce qui explique rétrospectivement son intérêt soudain pour ma personne. 

    Mes deux aimables voisins prennent congé alors que je suis à la moitié de mon andouillette : je les salue amicalement de mon plus beau sourire sans masque, un morceau d'intestin de cochon coincé entre mes deux incisives. 

    Chose rare, il me rendent mes salutations. Entre voisins, les usages se perdent. 

    Pour ne pas avoir à revoir les deux Messieurs à ma sortie de table, je fais durer le plaisir : je prends une tarte aux pommes, suivie d'un café, puis d'un autre café. La salle de restaurant est désormais presque déserte, à l'exception de quelques couples illégitimes qui viennent d'arriver tout décoiffés de l'hôtel qui jouxte le restaurant. 

    La jeune serveuse, si aimable il y a un peu plus d'une heure, me passe sa serpillière sur les chaussures. Probable message subtil pour que je quitte les lieux.

    J'avais fini. Je paye, puis je laisse un pourboire généreux de deux euros cinquante. 

    Dehors, c'est la tempête : la casquette que je viens à peine de remettre s'envole et tombe sur la route, au milieu d'une flaque d'eau. Je me précipite pour la ramasser. 

    C'est à ce moment là que j'aurais dû mourir : j'allais me pencher pour récupérer ma casquette, et me faire percuter par le corbillard qui sortait du parking. 

    Mais au moment fatidique, la jeune serveuse qui venait de recompter mon pourboire a ouvert la porte du restaurant et a crié, en tenant bien haut une petite carte plastifiée couleur or : 

    - Monsieur, votre carte Gold "HOT VIDEOS" est tombée au sol quand vous avez rangé votre carte bleue !  

    Je me retourne, rouge comme une pivoine, et à ce moment là le corbillard roule dans la flaque d'eau (et accessoirement sur ma casquette). Je reçois dans le dos une gerbe d'eau boueuse digne d'un tsunami japonais. 

    Mon pourboire vient de me sauver la vie, mais n'a rien pu faire pour mon honneur.

     

     

    Aussi dignement que possible, je me suis approché de la jeune serveuse dont le sourire débordait des deux côtés du masque et j'ai récupéré ma carte d'abonnement en la remerciant. J'ai bien envisagé de dire qu'il s'agissait de la carte d'abonnement d'un ami, une carte que je gardais pour lui, pour que sa femme ne tombe pas dessus. Mais je n'ai pas jugé utile de m'enfoncer davantage dans l'infamie.

    Après cela, je suis rentré directement chez moi sans jamais réfléchir aux mauvaises conditions climatiques, ni aux risques d'accidents de la route.  

    Quand j'ai ouvert ma porte, couvert de boue et d'embarras, mon chien n'a pu retenir un léger hochement de tête résigné en me voyant.

    Comme il est télépatte (il allume régulièrement la télé en appuyant sur la télécommande avec ses pattes), j'ai distinctement entendu ce qu'il pensait : 

    - C'était bien la peine de me laisser huit jours de croquettes et quatre gamelles d'eau pour revenir aussi vite.

    Je n'ai pas pris la peine de lui répondre. Je suis allé me coucher.

     

     

     

     

     


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    La vie est un boyau étroit.

    Une fois arrivé au bout,

    La nature reprend ses droits,

    On se retrouve au fond du trou.

    Au loin on entend chanter les orgues,

    Assourdis par l'épaisse odeur de la morgue.

    Voilà mon tunnel et ma lumière,

    Je vous quitte, oubliez vos prières,

    Ne pensez plus jamais à moi,

    Pour ma part j'avoue,

    Je ne pense déjà plus à vous.

     


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    À 80 ans, après bien des péripéties, au milieu de la nuit, Lionel l'ancien parvient à atteindre les toilettes quelques secondes avant l'instant fatidique.

    À 60 ans, Lionel, le roi de la grue, qui dirige depuis près de quarante ans l'entreprise de travaux publics qu'il a créée, parvient à finaliser la cession qui va lui permettre d'assurer ses vieux jours.

    À 40 ans, Lionel le baroudeur, épuisé, coupe la ligne d'arrivée du Rallye Paris Dakar, après plus de trois semaines d'efforts intenses. Il déclare à la presse qu'il ne serait jamais parvenu à terminer la course sans la force que lui donnent sa femme et ses enfants.

    à 20 ans, Lionel le fougueux, bravache, demande Martine en mariage dans le bar de leur village. Elle accepte, rouge comme une pivoine.

    À 2 ans, après bien des péripéties, le jeune Lionel parvient à s'échapper de son parc en utilisant ses grues Légo comme marchepied. Il est rattrapé de justesse par un passant alors qu'il allait traverser la route Nationale située face à sa maison. 

    À 2 ans, la jeune Martine, qui aurait bien aimé s'échapper de son parc, ne parvient pas à établir une pile de poupées suffisamment stable pour y parvenir. 

    À 20 ans, Martine la timide ne trouve pas le courage de rejeter la demande en mariage de Lionel, faite dans le bar du village, au beau milieu de tous leurs amis. Pourtant, Martine en pinçait plutôt pour Jules. Mais elle n'a jamais osé faire le premier pas.

    À 40 ans, Martine la mère de famille, béate, suit avec passion depuis son lit les aventures de son mari casse-cou sur le Paris Dakar. À ses côtés, à la place normalement occupée par Lionel, Jules, le coup de coeur de sa jeunesse, regarde la télévision avec elle. Martine a vaincu sa timidité.

    À 60 ans, Martine la grand mère, résolue, s'apprête enfin à quitter Lionel pour rejoindre Jules. Mais Lionel touche le jackpot en vendant son entreprise à une société Américaine. Elle décide de rester. Pour les enfants. 

    À 80 ans, Martine, vermoulue, est assise sur les toilettes depuis une demi heure, et ne parvient pas à se relever. Lionel, sourd comme un pot, n'a pas entendu ses appels. Il fait soudainement irruption dans ce local exigu, le pyjama sur les chevilles. 

    C'est le drame. 

     


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    La musique résonne fort dans le corridor,

    Les murs sont tachés de sang,

    Le sol est jonché de corps indécents,

    Dans tout le palais, c'est le même décor affligeant.

     

    Le massacre terminé, voilà l'heur de festoyer,

    Ivres de vin, de rage et de noirceur,

    Admirez les gentils et jolis noceurs,

    Qui dansent nus autour du foyer.

     

    Les bienfaits du pillage et des têtes décapitées

    Ne doivent pas être sous-estimés :

    Ils permettent d'éloigner ces fauves de nos contrées,

    Qui s'en trouvent ainsi épargnées.

     

    On attend toujours les âmes charitables,

    Qui voudront bien nous débarrasser de ces êtres lamentables,

    J'ai nommé les tueurs, les violeurs, les étrangleurs et les agents immobiliers.

     

     


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