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  • Clarification de la classification des Orcs

    Fiche signalétique de Synthèse
    "Fée des Arcanes"

    (également identifiée sous l'appellation de « Fée de l'éther »)

     

    Occurence : très rares. Une centaine de cas répertoriés par les archives Royales avec certitude, dans toute l'histoire des Neuf Royaumes.

    Capacités latentes  : Projection astrale, discrétion surnaturelle, sixième sens très développé.

    Capacités potentielles (supposées) : Passe murailles, Invisibilité, Occultation.

    Capacités d'acquisition de la magie ordinaire : très fortes.

    Éléments de prédilection : Foudre, Éther.

    Maturité magique : entre 18 et 20 ans.

    Apparence : Demi-Elfe.

    Présence d'ailes : oui, de couleur bleue, liserées de noir.
    (Ailes internes et indétectables avant la maturité magique.)

    Teinte de la peau : entre gris foncé et noire.

    Taille :  supposée aux standards Elfes.

    Fertilité : Peut donner naissance à plusieurs types de Fées (dont la Fée des Orties). 

    Longévité : inconnue.

     

    La lignée d'origine des Fées des Arcanes n'est pas totalement éclaircie.

    Voici les informations dont nous disposons, en l'état actuel de nos recherches :

    La Fée des Arcanes

    1) : Fils d'un Elfe Noir et d'une Fée non identifiée (probablement une Fée des Lacs mais ce n'est pas confirmé)

     

    Notes :

    • Les mères des Fées des Arcanes, les Fées de Falaises, sont très rares : l'appariement des géniteurs potentiel n'est pas fréquent, et les grossesses réputées très difficiles. (Forts risques de déclenchement de la maturité magique de la mère au cours de la grossesse, fatale pour la mère et l'enfant.)
    • La Fée des Arcanes a été décrite par le Royaume de Khoulounaj. Il n'y a pourtant dans les archives du Royaume de Khoulounaj que trois cas répertoriés de Fées des Arcanes. Et ce alors que le Royaume s'était spécialisé au début de la période dite de "la purge" dans la production de Fées à grande échelle, à des fins militaires. Et le Royaume semble avoir produit beaucoup de Fées des Falaises. Une des explications avancée pour expliquer cette absence (la Fée des Arcanes étant l'archétype de l'espion parfait) serait la difficulté de "production" de la lignée paternelle, sur laquelle les archives Khoulounaj sont malheureusement très vagues. Un autre explication serait la rareté ou l'absence d'Elfes Noirs au sein du Royaume Khoulounaj, sachant qu'il s'agit d'un Royaume qui était dirigé par des Elfes Gris.
    • Il n'y a qu'une poignée de Fées des Arcanes recensées au cours des Temps Modernes, et il ne s'agit que de cas non confirmés. Cela s'explique par la rareté des géniteurs potentiels et l'absence d'appariements spontanés (les demi-elfes noirs ne courent pas les rues, et les fées des Falaises ont un physique souvent qualifié d'ingrat par la population non-orc.)
    • La Fée des Arcanes, telle que décrite dans les archives de Khoulounaj, semble particulièrement douée pour l'apprentissage de la magie, en particulier les sorts de dissimulation et les sorts offensifs. Elle est capable d'utiliser une grande palette de sorts offensifs sous forme astrale, ce qui fait d'elle l'archétype de la Faufileuse-Mage. Beaucoup de Faufileurs soutiennent cependant que la Fée des Arcanes n'est qu'un mythe. Certainement parce qu'ils n'en ont jamais rencontré.

     


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  • Clarification de la classification des Orcs

    Fiche signalétique de Synthèse
    "Fée des Falaises"

    (également identifiée sous l'appellation de « Fée secrète »)

     

    Occurence : très rares. Quelques centaines de cas répertoriés par les archives Royales avec certitude, dans toute l'histoire des Neuf Royaumes. Fortes possibilités pour que de nombreuses Fées des Falaises aient vécu sans jamais atteindre la maturité magique.

    Capacités latentes  : forte capacité à trouver les objets perdus, à retrouver son chemin, à prédire les mouvements et les chutes. Équilibre surnaturel.

    Capacités potentielles : Vol long, foudroiement sans chaleur, levage d'objet à distance.

    Capacités d'acquisition de la magie ordinaire : faibles.

    Éléments de prédilection : Vent, Foudre

    Maturité magique : déclenchée de façon volontaire ou non, elle peut ne jamais survenir.

    Apparence : Demi-Orc.

    Présence d'ailes : oui, de couleur vertes, liserées de blanc, et de très grande taille.
    (Ailes internes et indétectables avant la maturité magique.)

    Teinte de la peau : verte (du vert très clair au vert très foncé)

    Taille :  variable entre les standards Humains et Orcs.

    Fertilité : Peuvent donner naissance à une dizaine de Fées différentes. (Mais ne peuvent pas donner naissance à des Fées des Falaises).

    Longévité : variable entre les standards Orcs et Humains.

     

    La lignée d'origine des Fées des Falaises est relativement simple.

    Voici les informations dont nous disposons, en l'état actuel de nos recherches :

    La Fée des Falaises

     Notes :

    • Les Fées de Falaises sont très rares : l'appariement des géniteurs potentiel n'est pas fréquent, et les grossesses réputées très difficiles. (Forts risques de déclenchement de la maturité magique de la mère au cours de la grossesse, fatale pour la mère et l'enfant.)

    • Les Fées des Falaises possèdent la particularité (qu'elles partagent avec quelques autres Fées) de ne pas voir se déclencher spontanément leur maturité magique à un âge donné. Elle doit être provoquée par une chute de grande hauteur, au cours de laquelle, dans une sorte de réflexe inconscient elle déploient leurs ailes spontanément pour regagner la terre ferme sans dommage. Ce saut peut être volontaire, si la Fée connait sa vraie nature et souhaite atteindre la maturité magique, ou involontaire, si on la jette dans le vide. L'hypothèse d'une chute accidentelle est peu probable, la Fée des Falaises étant dotée d'un sens de l'équilibre unique.

    • La Fée des Falaises peut passer sa vie entière sans connaître sa propre nature, surtout si elle a été abandonnée à la naissance. Comme leur sens de l'équilibre est phénoménal, la probabilité d'une chute accidentelle pouvant déclencher leur maturité magique accidentellement est extrêmement faible. La Fée des Falaises peut donc donner naissance à des filles qui sont elles même des Fées sans le savoir. Et apprendre la vérité sur sa propre nature lors de la survenue de la maturité magique de leur fille. (La filles des Fées de Falaises sont des Fées ordinaires de ce point de vue, dont la maturité magique se déclenche spontanément à un âge donné.)

    • L'appellation "Fée des Falaises" vient des Temps Anciens, on la retrouve dans les archives Royaume de Khoulounaj (-4490 à -3976). Ces archives comportent plusieurs volumes consacrés aux Fées, que ce Royaume semble avoir utilisées comme des armes de guerre au cours des conflits de la période dite de "La Purge". Le Royaume de Khoulounaj "produisait" des Fées de Guerre, comme d'autres produisaient du blé ou du charbon. Le traitement réservé aux jeunes filles nées de l'appariement entre une Fée des Lys et un Orc commun était très cruel puisque les jeunes filles, dès l'âge de 10 ans, étaient jetées du haut d'une falaise aux fins de déclencher leur maturité magique pour qu'elles puissent débuter leur formation de Fée de Guerre. On retrouve dans les archives des chiffres qui font frémir, les écoles de Khoulounaj tenant des décomptes précis du taux de réussite de ce qu'ils nommaient "le vol de révélation" : moins de 3 jeunes filles sur 10 parvenaient à maitriser leur premier vol et à parvenir au sol saines et sauves. On retrouve dans les archives des rapports de professeurs semblant plaider pour que le vol de révélation soit accompli plus tard, pour maximiser les chances de réussite des jeunes Fées. Mais il semble que le ministère de la Magie de Khoulounaj estimait qu'au vu de leurs faibles capacités d'apprentissage de la magie ordinaire, les Fées des Falaises devaient atteindre leur maturité magique le plus rapidement possible afin d'être opérationnelles sur le champ de bataille au plus tôt. Les Fées des Falaises étaient également être utilisées comme reproductrices dans les programmes de production de Fées de Khoulounaj.

     


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  •  Comme une étincelle

    Si on avait demandé à Dhâle à la veille de son mariage si elle avait une vie bien remplie, elle n'aurait probablement pas répondu oui. Elle ne participait jusque là en rien à la gouvernance du Royaume de Karmélie. Elle n'avait plus participé à un conseil Royal depuis plus d'un an.

    Deux jours plus tard, Dhâle avait une vie très bien remplie. En l'espace de quelques minutes sa mère avait tenté d'assassiner l'homme de sa vie, avant d'être instantanément transformée en cendres par une boule de foudre. Dhâle avait aussitôt été couronnée Reine, et avait immédiatement épousé Claymore, non sans avoir avoir auparavant retrouvé leur fille, qu'on lui avait enlevée à la naissance, neuf mois plus tôt.

    En moins de dix minutes elle était passée du statut de Princesse désoeuvrée prisonnière de sa mère à celui de Reine, de mère et d'épouse.

    Après cela, s'en étaient suivies quelques heures d'explications et de mises au point, pendant que les festivités battaient leur plein dans toute la capitale de la Karmélie.

    Elle avait d'abord avoué à Claymore qu'elle était une Fée, histoire qu'il ne tombe pas dans les pommes au cours de leur nuit de noces. Il l'avait plutôt bien pris, même si son air ahuri dans les heures qui suivirent témoignait davantage du choc que de la compréhension.

    Elle s'était ensuite longuement entretenue avec les deux personnes qui lui avaient ramené sa fille, une jeune Gobeline nommée Félicité et un demi-orc énorme, le Frère Jordan, du Monastère du Bleu Coulant. Ils lui avaient appris le nom qu'ils avaient donné à sa fille, et elle avait décidé que Gardène était un nom parfait pour elle, et qu'il n'y avait aucune raison d'en changer.
    Le gros Moine et la petite Gobeline lui avaient fait un résumé succinct de la vie de sa fille : confiée à cet orphelinat, et elle y avait été très bien traitée au cours des neuf premiers mois de sa vie. Elle connaissait déjà Félicité et Frère Jordan, pour les avoir vus à de maintes reprises, sous formes de visions fugitives ou de rêves nocturnes. Elle avait longtemps cru qu'il s'agissait de fantasmes, mais dès qu'elle avait vu Félicité et Frère Jordan dans la Grande Salle, tentant de rattraper Gardène, elle avait compris qu'il s'agissait bel et bien de visions, comme elle en avait toujours eu l'intuition.

    Mais lorsque Félicité lui avait révélé sa nature de Fée des Orties, que Frère Jordan lui avait expliqué le phénomène de fusion des visions entre les Fées, elle avait du se résoudre à l'évidence : tous les deux savaient qu'elle était une Fée des Lys. 

    Mais la surprise suivante, la nature de sa fille (une Fée des Orages selon le Frère Jordan) la laissa pantoise. Et les soupçons de Frère Jordan sur l'origine de l'Orage qui avait mis fin au règne de la Reine Hortense l'avaient estomaquée. 

    Dhâle ne savait pas que faire de son secret, ou plutôt du secret de la lignée des Hia : tenter de le préserver, ou le rendre public ? Ce serait une des premières décisions à prendre dans les semaines à venir. Dans un premier temps elle proposa à Félicité et à Frère Jordan de rester un peu au Château pour l'aider à s'occuper de Gardène et pour la conseiller sur tout ce qui touchait à la nature de Fée de sa fille. Ils acceptèrent, Frère Jordan lui demandant cependant la permission de retourner rapidement au Monastère avec des contre-ordres Royaux, afin de s'occuper du problème de la cabane de jardin du Monastère, dans laquelle se trouvaient quatre Gardes Royaux, prisonniers grâce aux exploits de Félicité.  Et qui avaient toujours pour mission d'enlever Gardène, et peut être même pire. 

    Bien entendu, Dhâle demanda des explications, et une fois qu'elle furent données regarda d'un autre oeil la jeune et jolie Gobeline à l'air inoffensif, qui était toute gênée du récit de ses exploits.

    Après cela, il lui fallu recevoir le serment solennel du Commandant de la Garde Royale, qui exigeait de le prêter depuis plusieurs heures. Elle lui demanda si il était informé de la mission qui concernait une orpheline du Monastère du Bleu Coulant. Le Commandant, qui venait de comprendre qui était l'enfant dans les bras de la Reine, transpirant à grosses gouttes, lui avoua que la Reine lui avait demandé de faire disparaitre une orpheline demi-Orc présente dans ce monastère, mais qu'il ne savait absolument pas de qui il s'agissait précisément. Il qu'il était très heureux de ne plus avoir à accomplir cette mission, la Garde Royale n'ayant pas vocation à faire disparaitre des enfants.  Dhâle lui demanda d'envoyer une escouade de la Garde le lendemain à la première heure pour accompagner le Frère Jordan au Monastère du Bleu Coulant, pour y porter secours aux Gardes Royaux enfermés dans une cabane de jardin et bien entendu annuler leur mission. 

    Enfin, Dhâle dû recevoir le Conseil Royal, dont les six membres (des représentants de la noblesse Karmélienne) lui remirent leur démission, comme telle était la tradition. 

    Puis elle dû rejoindre les festivités. Même si celles ci étaient prévues pour le mariage de sa défunte mère, elles avaient été détournées pour célébrer son propre mariage et son couronnement, et elle se devait de les honorer de sa présence, au moins pour quelques heures.

    Pendant tout ce temps, elle ne lâcha jamais Gardène, qui dormait dans ses bras, un sourire sur les lèvres.

    Quant elle se retira dans les appartements Royaux avec sa fille et son mari, les serviteurs de l'aile Royale avaient tout organisé pour recevoir la petite Princesse dans les meilleures conditions. 

    Pour tout un tas de raisons, la nuit fut très courte.

     

     

     


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  • Audiences confidentielles au Palais des Mille Fleurs

    Vendou 17 Printôse, 1ère année du règne de Dhâle Hia, Reine de Karmélie.
    Rapport confidentiel de la Police Royale Secrète de Karmélie.
    Fouille des Oubliettes du Château aux Mille Fleurs menée par la Garde Royale.
    Rapport établi par l'Enquêteur Depointe.
    À l'attention exclusive du Directeur Péoux. 

     

    En ma présence l'après midi du 15 Printôse, sur instruction de la Reine une escouade de la Garde Royale dirigée par l'Adjudant Dubonneur a procédé à la fouille complète des Oubliettes du Château des Mille Fleurs. Les objectifs étaient de vérifier si il y avait des survivants, de leur porter secours, de les identifier et de procéder à un triage. Nous étions accompagnés par Numérobis Toury, Chirurgien Principal en second du Royaume de Karmélie, pour évaluer l'état de santé des éventuels survivants.

    Dès notre arrivée dans la chambre d'accès surmontant les Oubliettes, nous avons pu entendre des cris en provenance de celles ci. Les voix qui résonnaient sous la trappe pourtant fermée demandaient "à boire" et "du pain". On pouvait également entendre des rires hystériques et des cris inarticulés ressemblant étrangement aux cris d'agonie des sangliers.

    Le chirurgien, dès qu'il entendit les nombreuses voix en provenance des oubliettes, envoya un des Garde chercher quelques infirmiers pour aider aux premiers soins.  L'Adjudant demanda à l'un de ses hommes d'aller quérir des fers en quantité à l'Arsenal, et de faire préparer des cellules à la prison.

    À l'ouverture de la trappe d'accès, les cris ont redoublé et une odeur méphitique est parvenue à nos narines, rendant malades plusieurs des hommes de la Garde Royale qui n'avaient jamais été affectés aux Oubliettes. Le Garde Royal Mensalboch, qui a régulièrement été affecté à ce poste de garde suite à des soucis disciplinaires, nous a affirmé que l'on pouvait s'y habituer. Le chirurgien a émis l'hypothèse qu'une exposition durable à cette odeur devait finir par anesthésier le sens de l'odorat.

    Le Garde Royal Mensalboch m'a également confirmé que pour faire cesser les cris des prisonniers, certains des soldats affectés à ce tour de garde (mais pas lui) avaient pris l'habitude de jeter des quignons de pain par la trappe en échange d'un peu de silence. Mon enquête auprès des prisonniers m'a aussi permis de savoir que certains gardes faisaient la même chose avec le contenu de leur gourde et qu'un ou deux autres urinaient par la trappe, à la fois par jeu et par cruauté. 
    L'accès aux Oubliettes se fait avec une échelle de corde. Celle ci a été déroulée. La lueur de nos torches a probablement permis aux prisonniers de la voir, car aussitôt on a pu entendre, en plus des cris qui résonnaient depuis notre entrée dans la chambre d'accès :

    - Y'a plus de place, qu'on vous dit !

    - De la chair fraîche !

    - Mettez nous en des biens dodus, cette fois !

    L'Adjudant Dubonneur, se penchant au dessus de l'ouverture, a alors demandé le silence avec la délicatesse caractéristique propre à un Adjudant :

    - Vos gueules ! Fermez vos gueules ! On va descendre et si vous la fermez, vous aurez du pain et de l'eau fraîche, mais si vous continuez à gueuler vous aurez juste vos yeux pour pleurer !

    L'aimable demande de l'Adjudant permit d'obtenir instantanément le silence, hormis quelques rires étouffés provenant en toute vraisemblance d'individus déséquilibrés. Malheureusement, la demande de l'Adjudant n'eut aucun effet sur l'odeur.

    Le Garde Royal Mensalboch descendit le premier, une torche à la main, suivi de deux camarades, de l'Adjudant Dubonneur et du chirurgien. Je suis alors descendu les rejoindre tandis que quatre Gardes Royaux restaient dans la chambre d'accès. 
    Le spectacle à l'intérieur était épouvantable. Recroquevillés contre les parois, les yeux cachés par leurs mains décharnées et noires de crasse à cause la lumière dégagée par nos torches, nous avons pu distinguer une douzaine de condamnés. La pièce devait faire à l'origine dix mètres sur dix, mais contre le mur Nord une masse d'excréments séchés d'une épaisseur de plusieurs mètres et qui atteignait presque le plafond réduisait l'espace d'origine d'environ un quart. Des ossements blanchis en émergeaient ça et là. Une odeur d'urine insupportable nous brulait les narines. Un des soldats qui n'avait pas encore rendu son déjeuner à l'étage du dessus finit par le faire, ce qui déclencha une ruée des prisonniers, qui se jetèrent sur le contenu de son estomac pour s'en repaitre.
    Ce spectacle épouvantable restera à jamais gravé dans ma mémoire.
    L'adjudant Dubonneur, un moment décontenancé par la scène d'horreur à laquelle nous venions d'assister se reprit et lança de sa meilleure voix d'Adjudant : 

    - Ça suffit ! alignez vous contre ce mur et commencez à décliner vos identités un par un. Tonna t-il en désignant le mur Sud.

    Obéissants, les prisonniers se dirigèrent vers le mur qui leur avait été désigné, à l'exception d'un ou deux qui ne semblaient pas être en mesure de se lever. C'est à ce stade que j'ai pu remarquer les crânes humains renversés dont les prisonniers se servaient pour récolter des infiltrations d'eaux qui suintaient de différentes fissures du plafond. Après avoir consulté l'architecte du Château au sujet de ces infiltrations, il m'a confirmé ce que l'odeur laissait supposer : la seule explication possible à des infiltrations dans le plafond de cette pièce était une fuite du réseau de latrines du Château. 

    Nous avons ensuite procédé aux relevés d'identités des prisonniers qui étaient encore en mesure de décliner la leur. Ils étaient treize en tout et pour tout. Dans certains cas, il a été possible de faire le rapprochement avec la liste non officielle qui était tenue par la PRSK. Dans d'autres, non. 

    Prisonnier n°1 : Femme humaine, âge estimé à 40 ans, incapable de décliner son identité, état général de très grande faiblesse. Le chirurgien est très réservé sur ses chances de survie à court terme. Les autres prisonniers affirment qu'elle a été descendue aux Oubliettes en 304. Pourrait correspondre à une femme humaine de la liste de la PRSK dont le nom est "classifié".
    Triage : Clinique Royale.

    Prisonnier n°2 : Orc qui s'est présenté sous le nom de Kalan Dausse. Prétend avoir 54 ans et avoir été condamné aux Oubliettes en 274, au cours de la deuxième année du règne de la Reine Paitune, pour avoir tenté de cambrioler les appartements Royaux de la Princesse Hortense. Après avoir demandé des nouvelles du Royaume de Karmélie, il souhaite obtenir une audience Royale, ayant des informations à révéler à la Reine. Serait donc selon ses dires aux Oubliettes depuis 35 ans, ce qui semble hautement improbable. Son état de santé est jugé faible mais pas inquiétant.
    Triage : Prison de l'Arsenal.

    Prisonnier n°3 : Gobelin âgé, en état de catatonie, incapable de prononcer le moindre mot. Il pourrait s'agir de l'égorgeur Gianni Sematin qui a été jeté aux Oubliettes en 306, il correspond à la description.
    Triage : clinique Royale, mais solidement attaché compte tenu de son identité probable et des suspicions de simulation de son état catatonique par le chirurgien. Un garde a été posté devant son lit.

    Prisonnier n°4 : Humain âgé qui s'est présenté comme le Duc Legrand, opposant politique jeté aux Oubliettes en 299 par la Reine Hortense. Semble avoir des moments de lucidité, suivis de périodes pendant lesquelles il rit sans pouvoir s'arrêter. Il y a une correspondance avec la liste de la PRSK. Exige une audience Royale dans les meilleurs délais.
    Triage : Prison de l'Arsenal.

    Prisonnier n°5 : Gisèle Abuze, lingère humaine employée dans les appartements royaux jusqu'en 308. A visiblement perdu la raison et ne cesse de répéter "j'l'ai vu !, j'lai vu !" en se frappant la tête. Aucun doute sur son identité. État de santé très délabré.
    Triage : Clinique Royale.

    Prisonnier n°6 : Myrtille Hakalfer, femme de chambre Orc employée dans les appartements royaux jusqu'en 308. Le chirurgien l'a trouvée très affaiblie et elle a été la première a être remontée pour être soignée. Aucun doute sur son identité.
    Triage : Clinique Royale

    Prisonnier n°7 : Elfe Gris d'un certain âge, qui prétend se nommer Hélasse Hélostéras, avoir 166 ans, et se trouver dans les Oubliettes depuis le règne de la Reine Lavande, dont il aurait été un conseiller de 220 à 236, avant de se faire jeter aux Oubliettes pour une raison sur laquelle il ne souhaite pas s'étendre. Vérification faite, on trouve bien mention à cette époque d'un conseiller Elfe Gris, mais il semble toute de même impossible qu'il soit resté en vie pendant 73 ans dans les Oubliettes. Le chirurgien n'a pas été en mesure de donner une estimation de son état de santé, n'ayant pas de référentiel pour juger de la santé des Elfes Gris. En capacité de se déplacer sans assistance. Semble sain d'esprit, c'est le prisonnier qui m'a communiqué le plus d'informations utiles sur ses codétenus.
    Triage : Prison de l'Arsenal

    Prisonnier n°8 : Cette demi-Orc s'est présentée comme Magda "tout court". Elle prétend être enfermée depuis 307 suite à une entrevue qui se serait mal passée avec la Reine Hortense. De façon assez surprenante, elle a fondu en larmes à l'annonce de la mort récente de la Reine. Elle demande elle aussi de toute urgence une audience Royale. Se trouve dans un état de faiblesse inquiétant, selon le Chirurgien.
    Triage : Clinique Royale

    Prisonnier n°9 : La petite s'est présentée comme étant Léonie, la fille de de Magda. Elle dit avoir 10 ans et avoir été enfermée avec sa mère dans les Oubliettes depuis 307. Elle a l'apparence d'une demi-elfe de forte constitution. La jeune fille est faible, quoique en relative bonne santé selon le chirurgien. Mais elle a quelque chose d'étrange dans le regard, une forme d'absence difficile à définir.
    Nulle trace de ces deux prisonnières (Magda et Lucia) dans la liste de la PRSK. 
    Triage : Clinique Royale. Son état de santé ne suscite pas trop d'inquiétudes, mais il a été jugé impossible de la séparer de sa mère.

    Prisonnier n°10 :  Cet Orc Noir a refusé de décliner son identité, mais il s'agit probablement d'un marchand d'armes Mycosien du nom de Lionel Houlakuis, condamné aux Oubliettes en 302 pour avoir tenté d'acheter la formule du Feu Éternel à la communauté d'Orcs Noirs apparentée au célèbre Mage Bellefigur. Une plaie au pied a nécessité l'amputation immédiate d'une de ses jambes au niveau de la cheville, puis du genou. Compte tenu de son état de santé général, le chirurgien réserve son diagnostic. 
    Triage : Clinique Royale.

    Prisonnier n°11 : Ce demi-Gobelin prétend se nommer Kurt Eychel, et avoir été jeté aux Oubliettes par la Reine Hortense en 305, à l'âge de 20 ans, sans en connaître la raison. Il n'y a nulle trace de lui dans la liste de la PRSK. Il aurait été possible qu'il s'agisse en fait de William Heubert-Lhineur, jeté aux Oubliettes en 308 pour avoir écrit des chansons diffamatoires sur la Reine Hortense et sa fille, mais les autres prisonniers confirment son arrivée dans les Oubliettes en 305. Faible mais en relative bonne santé.
    Triage : Prison de l'Arsenal

    Prisonnier n°12 : Cette demi-Gobeline prétend être Flavie De Monsacq, poétesse condamnée aux Oubliettes par la Reine Hortense en 303 pour avoir tourné la Reine en dérision. Elle correspond bien à la description de la fiche de la PRSK. Anémiée, ayant perdu toutes ses dents, pronostic très réservé.
    Triage : Clinique Royale.

    Nous pensions en avoir terminé lorsque nous avons entendu un éternuement en provenance du tas d'excréments. Après l'avoir fouaillé avec un bâton, nous en avons fait sortir une Ogresse repoussante de saleté. (encore plus que les autres prisonniers)

    Prisonnier n°13 : Ogresse semi-civilisée qui affirme se nommer Mangetout. Correspond probablement à l'Ogresse Etienne Tenas, condamnée aux Oubliettes par la Reine Hortense en 302 pour avoir ruiné un massif de fleurs aux abords du Château en y déféquant. Elle a catégoriquement refusé de se faire remonter, disant "qu'elle se trouvait très bien où elle était". Nous avons préféré le laisser sur place pour le moment, dans l'attente d'instructions la concernant. Pour la sortir de là, il faudra probablement l'endormir.
    Triage : Oubliettes.

    Suite à cette première tentative d'identification, tous les prisonniers (sauf le treizième) ont été remontés dans la chambre d'accès, puis menés à leurs points de triage respectifs. Nulle trace des autres prisonniers de la liste de la PRSK (qui comptait 30 noms pour les dix dernières années, mais leur sort ne fait guère de doute). Par acquis de conscience j'ai demandé aux autres prisonniers s'il y avait encore d'autres prisonniers cachés dans le tas d'excréments, mais ils m'ont assuré que non. Ils m'ont même affirmé que l'Ogresse défendait son "territoire" avec férocité, et que tous ceux qui avaient tenté de s'en approcher n'en étaient jamais revenus.
    À noter : nous n'avons trouvé aucune trace de la troisième servante des appartements Royaux jetée aux Oubliettes l'année dernière, ni du troubadour Jean-Léonard Kotik, qui avait été jeté aux Oubliettes il y a moins de deux mois, suite à une chanson pamphlétaire qui avait déplu à la Reine Hortense.

    Conformément aux spécifications du Chirurgien, les rescapés envoyés à la prison de l'Arsenal ont été nourris et ont tous pu bénéficier des bains de la Prison, ainsi que de vêtements propres. Il fera un rapport journalier sur l'état de santé des prisonniers soignés à la Clinique, qu'il remettra en personne à la Reine Dhâle, conformément à ses instructions.


    Conformément aux consignes, tous les prisonniers sont pour le moment placés au secret et ne peuvent recevoir aucune visite. Le personnel qui a été affecté à leurs soins et à leur garde est habilité aux travaux confidentiels et a été informé de refuser fermement tout dialogue avec les prisonniers.

    Enquêteur Depointe (enquêteur 2ème échelon)

     

     


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  • LES FICHES PRATIQUES DES ARCHIVES ROYALESClarification de la classification des Orcs

     ROYAUME DE KARMELIE
    LA DYNASTIE HIA

    Les Hia dirigent la Karmélie depuis l'an 150, date à laquelle cette dynastie succède à la dynastie De Kabbe.

    C'est la seule lignée Matriarcale des Neuf Royaumes : le pouvoir se transmet de mère en fille. Les époux ont le statut de Prince Consort et renoncent à transmettre leur nom et leur titre à leur progéniture.

    Il est intéressant de noter que nulle Reine de cette lignée n'a officiellement donné naissance à un enfant mâle. Nul ne sait si il s'agit d'une particularité de la lignée ou si ces enfants sont éliminés d'une façon ou d'une autre (par magie ou abandon à la naissance)

    Liste des Reines de la dynastie HIA :

    Reine Zinne Hia : règne de l'an 150 à l'an 165 (15 années de règne)
    née en 120 en Occupitanie, morte en l'an 165 à l'âge de 44 ans, assassinée par le Prince De Kabbe, héritier déchu du Royaume de Karmélie.
    La Reine Zinne Hia est la première de la dynastie des HIA. Roturière, elle épouse le Roi de Karmélie, Cachère De Kabbe en 148, alors que celui ci a déjà deux héritiers nés de son précédent mariage.
    À la naissance de leur fille, en 150, le Roi prend la décision surprenante de faire de la Princesse Lavande son héritière et déchoit de tous leurs droits sur la Karmélie les deux Princes De Kabbe, en prenant soin d'attribuer à chacun d'entre eux un titre de Duc, un Château et de vastes terres. 
    Réunissant la Noblesse de Karmélie, il impose l'institution d'une lignée matriarcale au Royaume : seule la fille aînée née d'une Reine pourra lui succéder. La Noblesse, d'abord très réticente face à ce qu'elle estime être une lubie, finit par accepter en échange d'une baisse conséquente des taxes Royales. (Depuis lors, le Royaume de Karmélie connait des problèmes budgétaires récurrents.)
    Quelques mois après la mise en place de cette nouvelle ligne de succession, l'un des deux anciens Princes de Kabbe tente d'assassiner son père le Roi au cours d'une visite privée, à l'aide d'une dague empoisonnée. Il est tué par la Garde Royale au cours de sa tentative, mais son père, touché au dos de la main, meurt empoisonné dans l'heure qui suit. 
    Conformément à ce qui avait été prévu dans ce cas de figure, la Princesse Lavande n'ayant pas encore six mois, c'est sa mère Zinne qui monte sur le trône de Karmélie. Elle abandonne alors son nom d'épouse et est couronnée en Frimôse de l'an 150 Reine de Karmélie, Zinne Hia, première du nom. La Reine ayant pris l'habitude depuis son arrivée au Château de l'agrémenter en toute saison de centaines de compositions florales, elle gagne rapidement le surnom de "Reine aux Mille Fleurs", un titre qui sera transmis de génération en génération, la dynastie Hia ayant fait de la profusion de fleurs du Château d'Artémia (bientôt renommé par la population Château aux Mille Fleurs) sa marque de fabrique.
    Après quinze années d'un règne calme et profitable à tous au cours duquel elle gagne le soutien de la population et de la Noblesse de Karmélie, elle est assassinée par le second Prince De Kabbe déchu. Elle est défenestrée de la haute tour du Château aux Mille Fleurs en haut de laquelle le Duc de Kabbe avait souhaité enfin proclamer son allégeance à sa belle mère et reconnaître le nouvel ordre de succession.
    Le Prince de Kabbe, son forfait accompli, se tourna tout souriant vers la noblesse présente et se proclama Roi de Karmélie. La Princesse Lavande, elle même présente, ordonna à la Garde Royale de faire descendre le Duc de Kabbe par le même chemin. La Garde Royale obéit à sa nouvelle souveraine. 
    À 15 ans, la Princesse Lavande est couronnée Reine de Karmélie. Son premier décret Royal condamne toute la famille des deux anciens Princes De Kabbe a être défenestrée de la même fenêtre que la Reine Zinne. Son second décret réintègre tous les biens des De Kabbe à la couronne de Karmélie.
    La légende veut que le parvis situé sous cette fenêtre soit toujours plus foncé que le reste de la cour du Château, mais ce n'est plus vraiment vérifiable de nos jours. 

    Reine Lavande Hia : règne de l'an 165 à l'an 259 (94 années de règne)
    née en 150 à Atrémia, morte de vieillesse en 259 à l'âge canonique de 109 ans.
    Épouse en 176 le Prince Graval Heuse, du Royaume de Brie, qui sera répudié en 179.
    Au cours de son long Règne, la Karmélie, plus petit Royaume en superficie des Neuf Royaumes, aura considérablement accru son influence sur l'Assemblée, notamment après avoir mené de main de maître la crise survenue dans la Province des Étangs du Miroir en 170.
    Anecdote : Après avoir exercé un pouvoir assez autoritaire au cours de son règne, la Reine Lavande est morte au cours d'une Audience Royale. Tout le monde pensait qu'elle faisait un petit somme pendant l'audition particulièrement ennuyeuse du Grand Argentier, comme cela pouvait lui arriver parfois, mais lorsque après plus de quatre heures d'attente son chef du protocole osa tenter de la réveiller, on se rendit compte qu'elle ne se réveillerait plus jamais. 
    La Reine Lavande a eu deux filles : les Princesses Bégone (179-227) et Lilas (177-179)

    Princesse Bégone Hia (Liaison entre Lavande et Kamail) 
    née en 179 à Atrémia, morte en couches en 205 à l'âge de 25 ans, sans régner.
    Épouse en 201 le Prince Lucius de Déverolie, qui lui survivra jusqu'en 264, et qui aura un rôle de conseiller actif pour la Reine Lavande à la fin de son règne puis pour sa fille Kamail après son couronnement.
    A donné naissance à la Princesse Kamail, héritière du trône, en 203 et à la Princesse Lotus (205-288)

    Reine Kamail Hia : règne de 259 à 272 (13 années de règne)
    née en 203 à Atrémia, morte en 272 à l'âge de 69 ans, d'une chute dans les escaliers du Château.
    Épouse en 222 le Prince Kurtis de Rastapopoulosie Septentrionale qui défraie la chronique à partir de 231 en s'affichant ouvertement à la cour avec ses maîtresses, avant sa répudiation en 232 par la Reine Lavande.
    Anecdote : La Princesse Kamail a été portée disparue pendant 3 ans, de 211 à 214. La Reine Lavande, sa grand mère, a accusé à l'époque le Royaume de Brie d'être responsable de sa disparition, sans pouvoir en apporter la preuve formelle, sinon la solide inimitié qu'elle avait généré en répudiant son mari. Quelques semaines après que les accusations eurent été lancées, la Princesse réapparaissait. Les conditions de son enlèvement et de sa libération n'ont jamais été rendues publiques. Mais depuis lors, les relations entre la dynastie Hia de Karmélie et la dynastie Heuse du Royaume de Brie sont très tendues et ont dégénéré à deux reprises en conflits ouverts de faible ampleur. 
    La Reine Kamail a eu trois filles, dont une seule a atteint l'âge adulte, la Princesse Paitune, née en 230.

    Reine Paitune Hia : règne de 272 à 276 (4 années de règne)
    née en 230 à Atrémia, morte en 276 à l'âge de 46 ans, étouffée par un os de poulet alors qu'elle lisait un rapport de son administration du Trésor en mangeant. 
    Épouse en 256 le Prince Pityriasis de Mycosie. Répudié en 260.
    Anecdote : à la suite du décès accidentel de la Reine en avalant de travers un os de poulet, la tradition veut désormais qu'en Karmélie les volailles soient consommées sans os, aussi bien dans les foyers que dans les auberges.
    La Reine Paitune n'a eu qu'une fille, Hortense, née en 258.

    Reine Hortense Hia : règne de 276 à 309 (33 années de règne)
    née en 258 à Atrémia, morte en 309 à l'âge de 51 ans, foudroyée par un orage le jour de ses noces.
    Épouse en 288 le Prince Boule DeBill, du Royaume Occiputanien, qui meurt peu avant la naissance de sa fille en 289 dans un accident de chasse.
    Anecdote : la Reine Hortense, dont le règne a été le plus long depuis la Reine Lavande restera dans les annales pour avoir perdu l'Amulette Royale de Karmélie, un des trois emblème de la dynastie avec le Sceptre de Karmélie et la Couronne Karmélienne. Elle décède le jour de ses secondes noces, quelques instants après que l'on eût retrouvé l'Amulette, et sans avoir eu le temps d'épouser le Prince Doix, un ressortissant de la petite noblesse du duché d'Anjoufeu.
    La Reine Hortense n'a eu qu'une fille, la Princesse Dhâle, née en 289.

    Reine Dhâle Hia, règne à partir de 309 (en cours)
    née en 289 à Atrémia. 
    Épouse le Prince consort Claymore Hainemore, Orc Noir de la Garde Royale de Karmélie, le jour de son couronnement. C'est la première fois dans les annales qu'une Reine de la dynastie Hia n'épouse pas un humain de haute naissance. 
    Anecdotes : La Reine Dhâle reconnait dans la foulée de son couronnement l'enfant naturel né de sa liaison avec celui qui n'était pas encore son mari, l'Orc Noir Claymore Hainemore. La demi-Orc Gardène (née en 308) devient ainsi la Princesse Gardène. C'est la première fois dans les annales de Karmélie qu'une enfant naturelle est reconnue héritière, et la première fois que la Princesse héritière est une demi-sang.

     

    Note dynastique mise à jour en l'an 309 le 19 Printôse.
    Anaskri Bouillard, Archiviste Royal.


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    Qu'elles furent longues, ces années de cachot,

    Sans la moindre lumière, sans le moindre repas chaud.

    Qu'elles furent longues ces années de misère,

    Sans le moindre savon, sans le moindre camembert.

     

    Qu'elles furent longues ces années d'oisiveté,

    Sans la moindre plume, sans la moindre feuille de papier.

    Qu'elles furent longues ces années de puanteur,

    Sans même un conduit d'air pour évacuer mes odeurs.

     

    Merci ô ma Reine, de m'avoir libérée,

    J'ai perdu dans ce trou ma jeunesse et mes dents,

    Mais dès que l'on m'aura fait boire une tasse de thé,

    Je chanterai vos louanges jusqu'à la fin des temps.

     

    Flavie De Monsacq,

    Premier poème publié par la poétesse, disparue subitement en 303, après sa libération des Oubliettes Karméliennes en 309 par la Reine Dhâle.

     

     


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  • ORAGES EN KARMELIE : EPILOGUE 3

     

     

    Duché d'Anjoufeu, le 14 Pluviôse de l'an 309

    Courrier confidentiel à l'attention expresse de sa Majesté Dhâle Lia, Reine aux Mille Fleurs, Reine de Karmélie.

     

     

     

    Majesté, 

     

     

    Permettez moi tout d'abord de vous féliciter pour votre couronnement, que votre règne soit long et heureux pour vous et vos sujets.

    Je me permets de vous écrire au regard des engagements pris en ma faveur par votre prédécesseur, la Reine Hortense. Elle nous a en effet passé une commande exceptionnelle de fleurs rares, actuellement en cours de production, pour une livraison prévue au début du mois de Nocturnôse. J'ignore si vous aviez eu connaissance de cette commande spéciale, mais le contrat doit se trouver dans les archives personnelles de la Reine Hortense, le contrat ayant été intégralement géré par feu votre Mère. 
    J'ai moi même personnellement négocié les termes du contrat avec la Reine Hortense. Ceux ci étant confidentiels, je ne peux bien entendu pas les joindre au  présent courrier. J'ai d'abord cru comprendre que la commande vous était destinée, mais les informations contradictoires que j'ai reçu depuis de Karmélie ne m'ont pas permis d'en avoir la certitude.

    Un acompte avait été versé, à hauteur de 1000 pièces d'or pour le lancement du contrat. Ma fille a depuis travaillé jour et nuit à la conception de votre commande spéciale de fleurs. Nous sommes ravies de vous confirmer aujourd'hui que votre commande pourra bien être délivrée dans les délais prévus.

    Nous vous prions donc de bien vouloir nous indiquer les modalités de livraison et de paiement du solde de la commande (9000 pièces d'or).
    Je vous rappelle que conformément à la charte commerciale des Neuf Royaumes, la commande passée par le dirigeant d'un pays doit être honorée par son successeur.

    La Reine Hortense avait bien insisté sur le caractère confidentiel de la transaction, qui explique en partie son montant élevé. Bien entendu, le maintien du caractère confidentiel de la transaction suppose qu'elle soit menée à son terme. Nous considérerions que cette clause n'a plus raison d'être si le contrat n'était pas honoré.

    Je me propose de venir vous présenter la commande en cours d'achèvement en Karmélie pour que vous puissiez constater de vos yeux son état d'avancement.

    Si tel était votre souhait à l'issue de cette présentation, la production pourrait être délocalisée en Karmélie jusqu'à son achèvement.

    En espérant recevoir bientôt de votre part la confirmation de la transaction, je vous prie d'agréer, Majesté, l'expression de ma très haute considération.

     

    Rose Blanchelune,

    Directrice de "Fleurs rares & Couffins fleuris"
    Hameau des Azalées, Duché d'Anjoufeu.

     


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  • ORAGES EN KARMELIE : EPILOGUE 2

     

    Audiences confidentielles au Palais des Mille Fleurs

    Toute personne non habilitée par décret Royal à prendre connaissance de la présente retranscription sera jetée dans la Bile pieds et poings liés, lestée d'une grosse pierre autour du cou.

    Retranscription confidentielle de l'audience Royale tenue le Mercrou 15 Printôse, 1ère année du règne de la Reine Dhâle Hia, en début de matinée.

    Sous l'Autorité Suprême de la Reine Dhâle, Reine aux mille Fleurs, Reine de Karmélie.

     

    Comparution de :

    Sergué Péoux, Directeur de la Police Royale Secrète de Karmélie

     

     - Ma Reine, je n'ai pas encore eu l'occasion de vous féliciter, suite à votre couronnement.  Permettez moi de saisir l'occasion pour vous souhaiter un long et heureux règne. Comme le veut la tradition à l'occasion des changements de gouvernance, je vous ai fait parvenir ma lettre de démission.

    - Merci Directeur Péoux, dit la Reine. Votre démission n'est pour l'heure pas envisageable, il y a trop de choses en cours pour lesquelles j'ai besoin de vous pour le moment. Venons en au fait. J'ai été surprise que vous ne choisissiez pas de fuir le pays en compagnie de la Directrice des Relations Publiques du Royaume dès mon couronnement.  

    - Majesté, je pense avoir servi le Royaume au mieux de ses intérêts, je n'ai pas à rougir de mes actions au cours du règne de la Reine Hortense. J'ai tenté plusieurs fois de faire infléchir la Reine Hortense au sujet de la mission de l'escouade des Gardes Royaux en Pays Troll.

    - J'ai pu en effet le constater en lisant les retranscriptions des audiences Royales confidentielles au cours des derniers jours. Vous ne semblez pas directement impliqué dans les tentatives d'élimination de mon époux et de ma fille, c'est un fait. N'aviez vous réellement aucune idée des motivations de la mission des Gardes Royaux en Pays Troll, ni de soupçons sur l'identité de ma fille lorsque vous en avez retrouvé la trace ? Ce n'est pas très rassurant sur le niveau de compétences de ma Police secrète, Monsieur le Directeur

    - Heu, pas tout à fait, Ma Reine, répondit Péoux avec un air gêné. J'avais fini par comprendre que l'Amulette que recherchait l'escouade n'avait jamais quitté le Château quand j'ai vu la Reine la porter à votre mariage l'an dernier. Peu après, la Reine m'a confié la mission de retrouver une enfant disparue et la servante qui l'accompagnait. J'ai alors fait le rapprochement avec votre tournée en province au cours du Printemps, et j'ai enfin compris la nature exacte de la mission des Gardes Royaux. Je n'ai jamais cru à l'histoire que la Reine Hortense m'avait racontée au sujet de l'identité de l'enfant qui était placée au Monastère du Bleu Coulant, Majesté. Mais la PRSK n'a pas pour mission d'enquêter sur la Reine. Je n'ai donc diligenté aucune enquête pour confirmer mes soupçons. Si la Reine ne souhaitait pas partager ces informations sensibles avec le Directeur de la PRSK, je me devais de les ignorer. 

    - Et l'origine de vos soupçons avait elle un lien avec la disparition des trois servantes de mes appartements, le lendemain du départ de l'escouade de la Garde Royale pour le Pays Troll ? J'aimerais d'ailleurs savoir ce qu'il est advenu d'elles. 

    - J'ai bien peur qu'elles n'aient n'aient toutes les trois été jetées dans les oubliettes du Château sur l'ordre de la Reine Hortense, Majesté. Le Commandant de la Garde Royale a reçu l'ordre d'exécuter cette tâche dès sa prise de fonction, au départ de l'ancien Commandant pour le Pays Troll.

    Après un long silence horrifié, la Reine reprit :

    - Et pourquoi n'en ai-je trouvé aucune trace dans les audiences confidentielles ? La Reine n'a tout de même pas donné un ordre pareil entre deux portes, dans un couloir ?

    - J'ai peur, Majesté, que la Reine Hortense n'ait pris la fâcheuse habitude de faire disparaitre les retranscriptions de certaines audiences confidentielles au cours de son règne. Elle appelait elle même ces retranscriptions les "archives brûlées".

    - Je vois, dit la Reine. Pensez vous que les trois servantes soient encore en vie, plus d'un an après leur confinement dans les oubliettes ?

    - C'est très peu probable, Majesté. La Reine Hortense avait pris la décision de ne pas nourrir les condamnés des Oubliettes dès le début de son règne, afin de ne pas prolonger leurs souffrances. Cette consigne n'a jamais été modifiée. Mais je sais que certains Gardes Royaux ont parfois bravé les consignes, non pas par charité, mais pour faire taire les lamentations pendant leur tour de garde aux Oubliettes. Il faudrait qu'elles soient inspectées pour connaître avec certitude la condition des servantes.

    - Je dois dire que j'avais totalement oublié que nous avions des Oubliettes, dans ce Château. Avons nous la liste des gens qui y ont été jetés au cours des dernières années ?

    - Il n'existe pas de liste officielle, Majesté, mais la PRSK en tient une à votre disposition, sachant qu'elle n'est peut être pas complète. Il s'agissait de la méthode de prédilection de la Reine Hortense pour faire disparaitre les opposants politiques et les témoins gênants. Je pense qu'il y a eu plus d'une vingtaine de condamnation aux Oubliettes au cours des dix dernières années.

    - Je vais immédiatement demander au Commandant de la Garde de se charger de les faire inspecter.  Vous me ferez un rapport complet sur le résultat de ses recherches et nous aviserons au cas par cas si il y des survivants.

    - Bien Majesté. Je vais assigner un de mes hommes les plus sûrs pour se joindre à l'équipe d'inspection.

    - Très bien. Je voulais aussi faire le point avec vous sur différents sujets relevant de votre direction, Péoux. 

    - Lesquels, Majesté ?

    - Avez vous lancé un mandat d'arrêt pour trahison à l'encontre de l'agent Tautale  ? 

    - Non majesté. J'attendais de connaître votre position sur le sujet. Il a envoyé de faux rapports, ce qui constitue un crime de haute trahison, même si j'ai conscience qu'il a agi pour assurer sa survie, la mission étant sans issue. Mais il a également volé le butin de la dernière caverne Troll que l'escouade a investie. D'après le rapport de l'Adjudant Delait, il s'agissait d'un trésor assez considérable.

    - En effet. Mais sans lui mon mari serait toujours en train d'arpenter le Pays Troll. Je lui accorde donc un pardon total. Et le butin de la caverne avec lequel il est parti n'a pas été volé, c'est une récompense qui a été accordée à l'agent Tautale et à Lia de Montreuil pour services rendus à la couronne. 

    - Bien Majesté, répondit Péoux. Devrons nous également réintégrer l'agent Tautale au sein de la PRSK à son retour en Karmélie ?

    - Nous verrons cela en temps voulu, si il revient en Karmélie nous aviserons. 

    - Vous vouliez aborder d'autres choses Majesté ?

    - Oui, vous allez lancer immédiatement un mandat d'arrêt à l'encontre de l'ex Directrice des Relations Publiques du Royaume, Billontsé Guéla. Elle a comploté pour assassiner mon mari et mon enfant.

    - Bien Majesté, mais comme vous le savez, elle a quitté le Château avant même que votre cérémonie de mariage ne soit terminée, Sardi dernier. Elle est déjà loin, probablement hors de nos frontières.

    - J'exige que nous la retrouvions et qu'elle me soit ramenée en Karmélie pieds et poings liés. Elle sera la première à inaugurer mes Oubliettes lorsqu'elle auront été nettoyées, et elle y sera nourrie copieusement aussi longtemps que possible. 

    - Bien Majesté, je prends immédiatement les dispositions nécessaires la concernant. 

    - Merci Péoux, vous pouvez vous retirer.

     

    Le présent compte rendu d'audiences est rayé des minutes des Archives publiques du Royaume et sera conservé par la PRSK dans ses archives aux fins de consultation restreinte par les membres de la couronne, sur autorisation de la Reine ou de ses successeurs. 


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  • LES FICHES PRATIQUES DES ARCHIVES ROYALES

    Clarification de la classification des Orcs

    Le Calendrier Annuel des Neuf Royaumes
    à l'usage des Précepteurs

     

    Aux fins d'unification du système calendaire des Neuf Royaumes, l'Assemblée a décidé la mise en place d'un calendrier annuel de douze mois et d'une semaine de sept jours.
    Les années sont décomptées par rapport à l'an 0, date de la constitution de l'Assemblée.

    Par tolérance, il est toujours accepté que les Royaumes datent leurs documents en fonction des années de règne de leurs dirigeants, mais cette pratique n'est pas encouragée par les Archives Royales.

     

    Glaciôse : Mois des grands froids.

    Neigeôse :  Mois des neiges et des glaces. 

    Printôse : Mois du printemps

    Pluviôse : Mois des Pluies

    Fleurôse : Mois des Fleurs

    Longuôse : Mois des longs jours

    Blémur : Mois des moissons

    Ventôse : Mois des vents chauds

    Vinôse : Mois des vendanges

    Frimôse : Mois des premiers froids

    Brumôse : Mois des brumes

    Nocturnôse : Mois des des longues nuits

     

    Les jours de la semaine sont définis de cette façon (avec quelques variations régionales) :

    Lourdi : premier jour de la semaine, jour des pieds

    Mourdi : second jour de la semaine, jour des doigts

    Mercrou : troisième jour de la semaine, jour des bras

    Joudi : quatrième jour de la semaine, jour du foie

    Vendou : cinquième jour de la semaine, jour du nez

    Sardi : sixième jour de la semaine, jour du petit soldat

    Dourmiche : septième jour de la semaine, jour de l'oreiller

     

     


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    Clarification de la classification des Orcs

    Fiche de Fée Célèbre
    "Haée Storme, Fée des Orages"

     

    Haée Storme, une des deux Fées des orages répertoriées dans l'histoire des Neuf Royaumes avec certitude, a vécu il y a plus de 4300 ans, dans la très longue période de notre histoire qui est généralement décrite par souci de simplification sous le terme "Temps Anciens".

    Selon la classification en vigueur au sein des Archives Royales, Haée Storme a vécu au début de la période dite de "la Purge", période au cours de laquelle tous les Porteurs de Magie furent quasiment exterminés. Une période qui serait légendaire sans la découverte en l'an 146 les Archives Oubliées du Royaume de Khoulounaj qui couvrent la période allant de -4490 à -3976.
    Le Royaume de Khoulounaj était un Royaume de Magiciens, le dernier Royaume à tomber au cours de la période de la Purge. Il était situé dans l'extrême Ouest de la Déverolie d'aujourd'hui. Ces archives, conservées magiquement dans une grotte de cette région, ont été découvertes par l'Archiviste Marcus Zékoutum lors de ses congés annuel, en 146 de notre ère, alors qu'il s'était introduit dans une anfractuosité pour y retrouver son crotale apprivoisé. Après plusieurs heures de recherche dans cette immense caverne, il a déclenché par mégarde l'ouverture d'une trappe secrète donnant accès aux Archives Oubliées (et il n'a jamais retrouvé son crotale). Ces Archives Oubliées ont ensuite immédiatement été intégrées aux Archives Royales. À l'heure où j'écris ces lignes, ces archives sont toujours en cours de classification. On a cependant déjà traduit et archivé plus des deux tiers des Archives Oubliées. Celles ci couvrent la période qui va de la création du Royaume de Khoulounaj par Hassel Hoff jusqu'à son anéantissement par le  Clan Trépass, un clan d'Orcs Noirs qui est resté dans les annales pour avoir combattu à la bataille des trois crêtes totalement nus, pour une raison qui n'a jamais été élucidée. 

    Voici le traduction des Archives oubliées concernant Haée Storme. (les dates ont été adaptées à nos standards modernes) :

    En -4090 en Royaume Khoulounaj est née à Ablé d'une Fée des Lys, la Fée Haée Storme. La mère est morte en couche, et l'enfant a été sauvé de justesse. Le Père est inconnu, mais il n'est point de doute sur sa nature. La petite est sombre, de très grande taille, avec le faciès typique des Orcs. Fille d'Orc Noir elle est. Fruit d'un viol supposé.

    Temps orageux à la naissance.  Maitre Azlso sauva l'enfant par incision du ventre de la mère, morte sans délivrer. Trois jours durant, l'enfant est aux portes de la mort et survit.

    Confiée aux Maitres de Tolys comme Fée de nature inconnue. Reçut la formation ordinaire des Fées. Tempérament fougueux, mais studieux. Fortes capacités.
    Capacités détectées avant maturité : prédiction du temps (parfaite), colère paralysante (dès 9 ans, de courte durée, sans séquelles notables)

    À 14 ans, pousse d'ailes noires aux bords d'un bleu profond. Capacités fortes identifiées : Appel des tempêtes, Appel de la foudre. Maitrise difficile, nécessite les crises de colère de la Fée. Nombreux accidents lors de l'étude de la Foudre. Nombreux morts. Santé mentale fragilisée. Catatonie. Adjonction d'un binôme Fée des Lacs, aux vertus calmantes. Guérison lente mais complète.
    Le grand Maitre de l'école pense que tous les pouvoirs de la Fée ne sont pas connus à ce stade. Probable maturité secondaire vers 30 ans, comme souvent chez les Fées rares.

    À 17 ans, incorporée dans la 3ème cohorte de la 1ère Légion dans l'armée Khoulounaj pour combattre les sans-dons. Elle détruit une armée Gobeline presque à elle seule. Grande Maitrise de la Foudre. Mais Kazil épuisé à la fin du combat. Incapacité à mobiliser ses capacités pendant 2 mois. Retour pour la fin de ses études à Tolys.
    Nommée Fée de Guerre, titre de Fée des Orages au cours de la Cérémonie de reconnaissance.

    À 18 ans, nouvelle campagne avec la 1ère Légion, cohorte des Éclaireurs. On lui demande de générer un tempête pour ralentir les forces ennemies. Grandes inondations, l'armée ennemie est emportée par la montée des eaux. L'Armée Khoulounaj est également touchée par la tempête, avec des pertes aussi. Kazil de la Fée épuisé en stoppant la tempête. Incapacité à mobiliser ses capacités pendant 1 mois.

    Guerre terminée à la suite de cette bataille (provisoirement). Affectation aux secteurs de Kolz et d'Ablé pour la gestion du climat pour améliorer les récoltes. Résultats exceptionnels. (triplement des récoltes pendant la période de présence sur les secteurs)

    (-4064) Haée Storme, 26 ans, est tuée dans l'attaque de l'armée des sans-dons Orcs sur Kolz. Égorgée par un tueur silencieux pendant son sommeil. Nouvelle tactique de guerre des sans-dons. Trahisons internes pour cibler les Mages et les Fées de Guerre dans leurs sommeil. 

    Descriptif physique : très grande taille. Faciès Orc.
    Descriptif familial : Pas de Mari. Pas d'enfants. A refusé tous les essais reproductifs proposés.

    Les essais ultérieurs de production de Fées des Orages n'ont pas été concluants. Toutes les grossesses tentées aboutissent à la mort de la mère et de l'enfant pendant la grossesse. (11 essais négatifs). Problème probablement lié au déclenchement de la maturité magique de la Fée des Lys au cours de la grossesse. 
    Haée Storme reste le seul cas connu en Khoulounaj de Fée des Orages.
    Pas d'autre cas historique connu.

     


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    LES FICHES PRATIQUES DES ARCHIVES ROYALES

    Clarification de la classification des Orcs

    Fiche d'introduction à l'histoire des Neuf Royaumes
    à l'usage des Précepteurs pour l'initiation des enfants à l'histoire

     

    L'histoire des Neufs Royaumes est divisée en trois époques principales :

    Les Temps Oubliés.

    Les temps oubliés sont les temps qui précèdent les Temps Anciens. 
    Ils sont délimités des temps Anciens par l'absence de toute archive écrite d'époque. 
    Tout ce que l'on en sait est donc issu des écrits qui ont été rédigés au début des Temps Anciens pour consigner la tradition orale des Elfes. Il est très difficile d'y distinguer la mythologie de l'histoire réelle, et la véracité de chaque légende de cette période fait l'objet d'intenses débat entre les Archivistes. 
    Si l'on s'en tient au consensus actuellement en vigueur, voici les caractéristiques de cette période sur lesquelles s'accordent la grande majorité des experts :

    - À cette époque Maïté (l'endroit où nous vivons tous) était composée de trois continents : le Continent Perdu, le Continent Oublié, et le Continent actuellement connu comme celui des Neuf Royaumes, qui est désigné par ses habitants de l'époque sous plus de 95 appellations différentes, la plus connue étant Anahariel. 
    (note pour les précepteurs : une polémique toujours aussi vive nous impose d'ajouter ici qu'il existe toujours une frange importante, quoique minoritaire, d'Archivistes qui réfutent la théorie des 3 continents. Cette frange maintien la théorie selon laquelle le Continent Perdu et le Continent Oublié  seraient un seul et même continent.  Mais il est inutile à ce stade de présenter des théories divergentes à vos pupilles. Choisissez en une et tenez vous y jusqu'au stade où l'enfant sera en mesure d'appréhender les incertitudes inhérentes à la science historique.)

    - Notre continent n'était alors peuplé que de Géants (aujourd'hui disparus), et d'Elfes. Toutes les Bêtes que nous connaissons aujourd'hui (Dragons, Trolls, Vouivres, Ondines, Centaures, Licornes, etc.) étaient également déjà présentes. La faune était plus riche que celle que nous connaissons, de nombreuses espèces ayant disparu au début des temps Anciens.

    - Pendant cette période le continent semble avoir connu de longues périodes de paix, entrecoupées de guerres fratricides entre les Elfes, en général liées à des problèmes de protocole entre leurs différentes factions. (Beaucoup de conflits semblaient liés à des partages de récoltes de noix issues d'arbres sacrés ; ou bien encore à l'ordre de passage sur les autels dans le cadre des sacrifices de jeunes vierges du solstice d'hiver.)

    - Il s'agit des temps mal connus, qui s'étendent de la création de l'univers au début des Temps Anciens. Les Elfes maîtrisaient l'écriture, mais uniquement pour le commerce et l'administration, et tous ces écrits étaient détruits une fois qu'ils avaient perdu leur utilité. Leur histoire et leur magie n'était transmise que par tradition orale.

     

    Les Temps Anciens.

    Les Temps Anciens recouvrent une très longue période de notre histoire, qui débute 5500 ans avant les Temps Modernes.  Ils sont divisés en six périodes majeures, elles mêmes divisées en trente trois époques (que nous n'aborderons pas dans la présente fiche).

    - Première période, dite de "l'Arrivée". (de -5500 ans à -5238 ans avant les Temps Modernes)

    Faits Majeurs : Arrivée progressive sur le continent des réfugiés du Continent Perdu : Humains, Orcs, Gobelins, Ogres et Nains (aujourd'hui disparus). Premières Hybridations avec les Elfes. Apparition des premières Fées et des premiers Mages. Au cours de cette période, les Elfes dominent encore tout le continent, les autres espèces  sont soumises à leurs lois.

    - Seconde période, dite de "l'Âge Noir". (de -5238 ans à -4290 ans avant les Temps Modernes)

    Faits Majeurs : Guerres raciales qui voient l'anéantissement de la civilisation Elfe en moins de deux cent ans, suivies d'une très grande période de troubles qui dure plus de huit cent ans, durant laquelle naissent et meurent des centaines de Royaumes, la plupart oubliés. Les pouvoirs magiques nés de l'hybridation des Elfes avec les autres espèces sont à leur apogée. C'est l'époque des Grands Mages, des Fées Mythiques et des Grands Sorciers (ou Elfes Rouges), qui font à tour de rôle ou parfois simultanément régner la terreur sur tout le continent, faisant naître une profonde aversion pour la magie au sein de la population.

    - Troisième période, dite de "la Purge". (de - 4290 ans à - 2838 ans avant les Temps Modernes)

    Faits Majeurs : Persécution des porteurs de Magie (Elfes, Fées, Mages, et par extension tous les demi-sangs). Unification du Continent à trois reprises au cours de la période, pour de courtes périodes ne dépassant pas 120 ans, à chaque fois sur le paradigme de l'éradication des porteurs de Magie. À la fin de cette période les porteurs de Magie sont considérés comme étant totalement exterminés du continent. Certains royaumes perdurent plusieurs centaines d'années sur la base de préceptes anti-magiques et toujours dans le cadre d'une stricte ségrégation raciale. Certains porteurs de magie parviennent à survivre en dissimulant leurs dons au sein de la population générale. Les Bêtes sont pourchassées et repoussées dans les contrées Nordiques. (Actuels Pays Troll, Rastapopoulosie Septentrionale, et Grande Île du Nord)

    - Quatrième période, dite de "la Curée". (de -2838 à -1763 ans avant les Temps Modernes)

    Faits Majeurs : Émergence rapide d'une religion nouvelle basée sur l'égalité et la tolérance. Guerre Sainte de 130 ans pour l'imposition de cette religion sur tout le continent. Unification du continent sous la coupe du Grand Pasteur pendant plus de 1000 ans. Destruction systématique des Archives des périodes précédentes (mais pas totale, fort heureusement). Imposition (provisoire) d'un nouveau calendrier basé sur la date de naissance du premier Grand Pasteur. Les hybridations inter espèces sont à nouveau tolérées sous réserve que les enfants qui en sont issus soient "purifiés" lors d'une cérémonie censée extirper la magie de leur âme, puis qu'ils consacrent leur vie au service du Grand Pasteur. Sur la fin de la quatrième période, les croisades menées pour éradiquer les Dragons et les Trolls échouent toutes dans des bains de sang abominables et finissent par entraîner plusieurs schismes au sein de l'Église du Grand Pasteur. 

    - Cinquième période, dite de "l'Anarchie". (de -1763 à -744 avant les Temps Modernes)

    Faits majeurs : Grandes guerres de religion entre les différentes sectes issue de l'éclatement de l'Église du Grand Pasteur. Nouvelle ère de création et de disparition de nombreux Royaumes éphémères. Concordat inter-religieux pour la Paix, signé en -1344. Réémergence de la magie dans les territoires isolés (contrées Nordiques, Montagnes Bleues) suite à la réapparition de populations d'Elfes que l'on croyait définitivement disparues depuis la période de la Purge. Un courant de pensée égalitariste et pacifiste non religieux nait sous l'influence du Gobelin Hervé-Tuste Hailledy. Le courant gagne rapidement en popularité et en -744 une révolution populaire éclate pour mettre fin aux guerres entre Royaumes. 

    - Sixième période, dite de "la Contre-Révolution". (de -744 au début des Temps Modernes)

    Faits majeurs : un soulèvement populaire généralisé pour imposer une République égalitaire tourne rapidement au bain de sang en -744. La noblesse de l'époque et les révolutionnaires s'écharpent. A l'issue de vingt cinq années de conflit une république voit le jour dans toute la moitié sud du continent, tandis qu'au Nord les Royaumes de l'époque s'allient pour combattre les révolutionnaires. Un mur traversant le continent de part en part est construit de -703 à -698 (entre l'actuelle Dévérolie et l'actuelle Terre des Mages Noirs). Les deux parties s'ignorent totalement jusqu'en -539, date à laquelle éclate une guerre civile au sein de la République du Sud, pour des problèmes de répartition des richesses entre les bourgeois et les ouvriers.  La bourgeoisie Républicaine finit par s'allier avec les Royaumes du Nord pour mater la révolte ouvrière, qui est mise au pas avec l'aide de Mages Noirs et de mercenaires Trolls. Les massacres sont terribles. En réaction, la population des Royaumes du Nord se révolte contre ses dirigeants. En -523, les Monarchies du Nord sont défaites et unifiées en République tandis que la République du Sud est transformée en monarchie constitutionnelle par l'ancienne bourgeoisie qui s'anoblit elle même. Trente ans plus tard, la Monarchie constitutionnelle du Sud éclate en trois Royaumes distincts.  S'en suit une période de relative stabilité. Au nord, en -286, le système républicain, totalement corrompu, est renversé par la population, qui impose un nouveau mode de désignation des dirigeants : la joute. Le gagnant des combats annuels au sein de l'Arène dirige le pays pour un an. Le onzième gagnant, Tator Tétoua, refuse de céder son siège en -274, se proclame empereur du Nord et instaure une nouvelle dynastie. Par le jeu des successions, l'Empire du Nord est divisé en six Royaumes distincts moins de quatre vingt ans plus tard. Les guerres entre Royaumes ne tardent pas à survenir, le continent retrouve alors l'ambiance de la période de l'Anarchie. En -128, un Gobelin apothicaire, Masseuré Lhoncle-Deumonpair, crée (par désoeuvrement semble t-il) un mouvement intégriste basé sur l'un des Schismes de l'Église du Grand Pasteur, l'Église de la Vraie Foi. Il meurt étouffé par une rondelle de boudin, sans que l'on soit jamais parvenu à établir s'il s'agissait bien d'un accident. Son mouvement se radicalise aussitôt et ses adeptes, sous l'impulsion de prêcheurs  fondamentalistes menés par le Prêcheur Demoru, commencent à répandre la terreur sur tout le continent. Ils le mettent à feu à sang jusqu'à ce que se dessine une improbable alliance continentale, marquant le début des Temps Modernes.

     

    Les Temps Modernes.

    Le point de départ des Temps Moderne est la constitution de l'Assemblée des Neuf Royaumes, il y a 309 ans. Cette date marque donc l'an 0 de notre ère.

    La constitution de l'Assemblée des Neuf Royaumes s'est faite pour organiser la lutte contre l'Église de la Vraie Foi. On estime que les attentats de ce groupuscule, qui utilisait massivement des bombes à base de Feu Éternel, avait réduit de moitié la population des Neuf Royaumes entre -122 et l'an 0.

    Les Neuf Royaumes à l'origine de la constitution : 

    - Le Royaume de Brie

    - Le Royaume des Vertes Collines

    - La Rastapopoulosie (qui comprenait alors la Rastapopoulosie Septentrionale et la Rastapopoulosie Méridionale, avant que cette dernière fasse sécession en 154 puis éclate en deux entités en 168, le Territoire Gobelin libre et l'actuel Royaume de Mordiou)

    - La Karmélie

    - Le Royaume de la Grande île du Nord (qui ne participe plus aux assemblées depuis l'an 18)

    - Le Royaume de Déverolie

    - L'Occiputanie

    - La Mycosie (qui comprenait alors le Duché d'Anjoufeu avant son autonomie en l'an 49)

    - La Septycémie (avant son éclatement en 76 en quatre Territoires libres : la Grande Foret Obscure, la Province des Six Vallées, le Lac du Rat Mort et les Étangs du Miroir)

    note : On appelle parfois les Terres des Mages Noirs le "Dixième Royaume" car le Conclave des Mages Noirs a adhéré à la constitution des Neuf Royaumes en 188, au moment de sa reconstitution.

    Les six principes fondateurs ayant conduit à l'adoption de la constitution des Neuf Royaumes sont : 

    - Pacte de coopération entre les Royaumes pour l'éradication de l'Église de la Vraie Foi.

    - Les Royaumes signataires demeurent libres de leur organisation interne.

    - Reconnaissance de tous les habitants de Neuf Royaumes (de plein ou de demi-sang) comme citoyens égaux en droits.

    - Liberté de circulation de tous les habitants des Neuf Royaumes.

    - Liberté de la pratique religieuse de son choix sous réserve de réciprocité.

    - Liberté de la pratique magique, dans le cadre de la loi.

    Faits Majeurs depuis la création des Neuf Royaumes :

    Dès que la convention fut adoptée, une délégation de Mages noirs vint proposer ses services pour débarrasser les Neuf Royaumes de l'Église de la Vraie Foi. En contrepartie, le conclave des Mages demandait qu'on leur cède la péninsule des Terres de Feu (aujourd'hui connue sous Terres des Mages Noirs). Le Royaume de Brie, à qui ces Terres appartenaient, a été très difficile à contraindre, mais a fini par accepter en l'an 3.
    Les Mages, qui détenaient un procédé de détection du Feu Éternel, traquèrent et firent disparaitre tous les membres de la secte au cours des quinze années qui suivirent. En l'an 18, la secte était anéantie. L'Assemblée des Neuf Royaumes, dont l'éradication de la secte était le principal objectif au moment de sa création, y gagna un crédit considérable auprès de la population.

    Après cela les Neuf Royaumes connurent une période de calme, jusqu'à ce que survienne le Mage Bellefigur, qui ravagea le continent de 72 à 74, avant sa mort dans la plus grande explosion de tous les temps, dans ce qui est aujourd'hui le désert Monjaune.  (voir ici sa fiche signalétique)

    À cause de ces événements de 72 à 74, un fort mouvement anti-magique a de nouveau émergé dans la population. Mais l'intervention salvatrice des Fées dans la troisième guerre Troll de 122 a permis d'atténuer considérablement ce mouvement.

    Il est communément considéré que les Temps Modernes sont le nouvel âge d'or de la Magie, celle ci étant communément admise dans la majorité des Neuf Royaumes, à l'exception notable du Royaume de Brie, seul Royaume chassant encore aujourd'hui les Fées sur son territoire. (Alors qu'il tolère les Sorcières et les Mages...)

    Cependant, plusieurs millénaires de traque et de persécutions ont rendu les porteurs de Magie très prudents. La plupart d'entre eux préfèrent toujours ne pas révéler leur condition en dehors de leur cercle familial. Seuls ceux qui en font commerce (Sorcières libres, quelques Fées, quelques Mages) vivent ouvertement leur qualité de porteurs de Magie au sein des Neuf Royaumes. Quelques lynchages ponctuels sont malheureusement toujours déplorés chaque année, ce qui n'encourage pas les autres à suivre leur exemple.

    Depuis la fin des grandes crises du début de notre ère, il y a eu quelques escarmouches entre les différents Royaumes, mais sans commune mesure avec les guerres des Temps Anciens.

    Il est désormais communément admis qu'un territoire voulant faire sécession puisse le faire sans effusion de sang, sous l'égide des Neuf Royaumes, qui ont décidé lors de la déclaration d'autonomie du Duché d'Anjoufeu en l'an 49 de ne pas modifier leur appellation au gré des modifications, adhésions et scissions de leurs membres.

    Les Neuf Royaumes se sont dotés d'une administration, d'Archives Royales (créées en l'an 29) et se réunissent en Assemblée une fois par an. Afin d'éviter toute tentation hégémonique, il n'y a pas de capitale, l'administration étant répartie sur l'ensemble du continent (sauf en Pays Troll suite aux accords de 122). La cohésion de l'entité est assurée par une politique de mutation régulière de ses employés à des postes situés dans les différents territoires du continent. Une carrière typique de fonctionnaire des Neuf Royaumes l'amène normalement à vivre dans toutes les capitales régionales du continent. 

    La légalisation de l'usage de la Magie sur le continent a entraîné un ralentissement de l'innovation technologique, mais l'accès généralisé des citoyens à la Magie a largement permis d'améliorer le niveau de vie moyen des Neuf Royaumes au cours des dernières générations.

     

    Fiche de synthèse établie par Anaskri Bouillard, Archiviste Royal,

    An 309 des Temps Modernes.

     

     

     


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  • Après 15 jours intenses et une cinquantaine d'articles publiés (j'ai pas compté, c'est une estimation Flaminienne), le Blog du Bidet a terminé cet après midi sa première histoire longue.

    Pour le début c'est en page 3, cherchez le premier article "Nouvelles croustillantes & scandales émoustillants". Pour un meilleur confort de lecture ouvrez l'article en cliquant sur son titre, après vous aurez des liens pour passer aux articles suivants, c'est plus pratique que de scroller à l'envers.

    Voici le lien du premier prologue, c'est là : ORAGES EN KARMELIE - PROLOGUE 1

     

    Il y a quelques articles qui ne sont pas intégrés à "Orages en Karmélie" après ce premier article, mais si vous les lisez, vous n'en perdrez pas vos dents pour autant ! (et si vous perdez vos dents, inutile de venir vous plaindre, allez directement chez votre dentiste.) (le comité de censure du Blog du Bidet tient à préciser que cette dernière blague n'est pas représentative de la finesse de l'humour qui y est généralement dispensé. Il faut incriminer une grande fatigue SYKOLOGIK à l'issue de 15 journées de travail intenses, on a plus l'habitude par ici.)

    Comme tout ça a été écrit très vite et va nécessiter un gros travail de correction dans les jours qui viennent, merci d'être indulgent avec les nombreuses fôtes qui doivent émailler ces articles. 

     

    C'est fini, mais le blog du Bidet poursuit son aventure (vous pouvez ranimer les gens qui se sont évanouis en subodorant le contraire). Et les personnages "D'orages en Karmélie" sont appelés à revenir en ces lieux très rapidement pour des histoires courtes... ou pas ! (ne faites pas l'effort de vous lever pour montrer votre joie, contrairement à une idée répandue je ne peux pas vous voir)

     

    Bonnes vacances à tous !
    (Si vous êtes déjà rentrés de vacances ou si vous n'en prenez pas pour des raisons religieuses, culturelles ou professionnelles, vous pouvez toujours téléphoner à SOS amitié ou regarder Fort Boyard le samedi soir) (voir plus haut - même remarque)

     

     

     

     

     


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  • ORAGES EN KARMELIE : EPILOGUE

     

    Attaque de convoi Princier - Énorme scandale en perspective !

     

    Incroyable, dantesque, invraisemblable, bouleversant : choisissez votre adjectif, quel qu'il soit. Il ne suffira pas à vous faire partager à lui tout seul l'indescriptible enchainement d'événements auquel nous avons eu le privilège d'assister ce Sardi 11 Printôse dans la grande salle de cérémonie du Palais aux Mille Fleurs !

    La Karmélie est en feu !

    Un feu de joie qui dépasse toutes les frontières et qui va briller sur tous les Neuf Royaumes !

    La Karmélie a une nouvelle Reine !

    La vieille bique est tombée en poussière sous nos yeux !
    (on espère que notre bannissement va être levé !)

    La Karmélie a une nouvelle héritière !

    Et elle marche déjà !

    La première héritière demi-sang des Neuf Royaumes !
    (Ne sommes nous pas le seul journal à avoir sous entendu depuis l'an dernier que Princesse aux Mille Fleurs nous cachait quelque chose ? Ne vous écrivez pas pour vous excuser de ne pas nous avoir cru, on s'en fiche, car nous avions raison !)

    Mais voilà de nouveaux grands mystères à l'horizon : 

    Comment un couple Royal aussi mal assorti a t-il réussi à produire une petite Princesse aux Mille Fleurs d'une telle beauté ? Décidément, les mystères de l'amour sont impénétrables !

    Longue vie à la Reine Dhâle, longue vie au Prince consort Claymore,
    longue vie à la Princesse Gardène !

    Qu'ils puissent tous continuer à nous fournir de magnifiques histoires à raconter à nos lecteurs !

     

    Tout, absolument tout sur les Noces Royales de Karmélie en pages intérieures !
    Dossier spécial de 40 pages ! 

    (avec plein de points d'exclamation dedans !)

     

     


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  • ORAGES EN KARMELIE : CHAPITRE 44

    Comme une étincelle

    La Princesse Dhâle était rongée par l'anxiété. Elle avait laissé Terell sur la terrasse de ses appartements, le chargeant de conduire Claymore et ses camarades à la salle de cérémonie dès leur arrivée. Les instructions étaient claires, mais elle regrettait maintenant de les avoir données à Terell. Elle aurait dû les confier à quelqu'un de plus fiable. Mais il était trop tard.

    Tout le ban et l'arrière-ban de la Noblesse Karmélienne était réuni sur les côtés du Trône pour les noces Royales, dans la grande salle de cérémonie du Château aux Mille Fleurs, décorée pour l'occasion de fleurs multicolores du sol au plafond.

    Une large foule bigarrée, maintenue à distance raisonnable par les Gardes Royaux, s'entassait devant le Trône, de son pied jusqu'au fond de l'immense salle. La Princesse cru un instant apercevoir dans la foule une jeune Gobeline qui tenait un enfant dans ses bras. Et si... Mais non, elle ne devait pas se mettre à divaguer maintenant, à quelques minutes d'un évènement qui allait demander toute son attention !

    La Princesse, selon la tradition, se trouvait à droite du Trône, discrètement encadrée par ses deux Gardes habituels. Autant qu'il était possible pour des Orcs Noirs de se montrer discrets.

    La Reine Hortense et son futur époux le Prince Doix se tenaient devant le trône, alors que l'archevêque de Karmélie s'apprêtait à officier. La Reine était vêtue de ses atours de cérémonie, de son sceptre, de sa couronne, mais bien entendu l'Amulette Royale manquait à la panoplie. Malgré son âge, elle rayonnait. 
    À ses côtés, son futur mari faisait pâle figure, tout endimanché dans une tenue d'apparat Princière qui était à la fois démodée et mal coupée. La détresse du pauvre garçon faisait peine à voir. La Princesse, qui avait rencontré le Prince avant les noces, le trouvait sympathique, malgré ou à cause de sa maladresse et de sa timidité. Il n'avait pas la moindre idée des épreuves qui l'attendaient.

    L'archevêque, un Elfe Noir d'une grande dignité, impassible en toutes circonstances, venait d'écouter avec grand calme les réserves du Comte Hébon de Boncomté. Le vieil homme, très attaché au respect des traditions, avait été ulcéré lorsque la Princesse Dhâle lui avait révélé la disparition de l'Amulette Royale de Karmélie, peu avant l'annonce des fiançailles de la Reine.

    Le Comte venait d'émettre des réserves officielles circonstanciées pour annuler la tenue du mariage, affirmant qu'un mariage Royal sans l'Amulette Royale était dénué de tout fondement.

    La salle semblait partagée, et bruissait de murmures. L'archevêque leva les bras pour réclamer le silence, et répondit devant une Assemblée qui était tout ouïe :

    - Cher Comte, j'ai le plus grand respect pour votre opinion, mais qu'adviendrait il si on ne retrouvait jamais cette Amulette ? Les Reines de Karmélie devraient elles renoncer au mariage à tout jamais ?
    Je ne le pense pas, et vous non plus, certainement. Ce n'est après tout qu'un colifichet, un assemblage d'or et de pierres précieuses. Il ne saurait être plus important que le Royaume qu'il est censé représenter. Le mariage que vais donc célébrer sera totalement légitime et nul ne saurait se prévaloir du contraire.

    Le comte se rassit. Il ne voyait rien à ajouter, surtout depuis qu'il avait vu le regard que la Reine venait de lui adresser.

    L'archevêque se tourna donc vers les futurs époux et ouvrit en grand la bouche. Il n'eut pas le temps de prononcer la moindre syllabe qu'un brouhaha envahissait le fond de la salle, un brouhaha dans lequel on commençait à discerner des "l'amulette ! " et des "ils ont l'amulette !"

    - Majesté ! Majesté ! cria un Garde Royal qui fendait la foule.

    Terell, car c'était lui, était suivi d'une dizaine de Gardes Royaux hirsutes, aux armures dans un état pitoyable : sales, bosselées, fendues, couvertes de sang de Troll séché.  

    Les Gardes Royaux de faction devant le Trône laissèrent passer l'escouade. Ils avaient reconnu, quoique avec difficulté, leurs camarades partis en mission l'année précédente.

    La foule était en ébullition. La noblesse, éberluée, ouvrait grand ses yeux.

    Terell et les Neuf Gardes Royaux rescapés s'arrêtèrent au pied du Trône, au pied duquel ils s'agenouillèrent. La Princesse les reconnut aussitôt, c'étaient bien les gardes qui avaient disparu l'an dernier. Son regard était magnétisé par celui qui se trouvait au centre, et qui levait bien haut l'Amulette Royale de Karmélie. C'était bien Claymore ! Il était là ! Son coeur essaya de s'échapper de sa poitrine, mais reprit sa place sur l'injonction de sa propriétaire. Ce n'était pas terminé. La Princesse Dhâle se raidit, c'était bientôt à elle. Terell avait parfaitement minuté son entrée. Elle ne penserait plus jamais de mal de lui ! Elle jeta un oeil à sa Mère, penchée au sol. Elle ramassait son sceptre, ce dernier lui ayant échappé des mains à la vue des Gardes de retour de mission. Elle semblait horrifiée. 

    - Majesté ! dit Claymore d'une voix de stentor. Nous vous rapportons l'Amulette Royale de Karmélie, que nous ramenons, mes compagnons et moi, du Pays Troll, là même où vous nous aviez envoyé la chercher !

    La foule et la Noblesse explosèrent de joie ! L'Amulette Royale était retrouvée !

    C'était à la Princesse d'intervenir, tant que sa Mère n'avait pas encore recouvré ses esprits. Elle commença à faire un pas en direction de la foule en délire, mais alors qu'elle s'apprêtait à prendre la parole, un de ses gardes la saisit par derrière en lui bâillonnant la bouche avec son autre main. 

    La Princesse découvrirait bien plus tard qu'une des qualités principales d'une Souveraine, après trente années de règne, était d'être toujours prête à toutes les éventualités. La Reine Hortense avait donné pour instruction formelle aux Gardes Royaux de sa fille de l'empêcher par tous les moyens, quoi qu'il arrive, de prendre la parole au cours de son Mariage Royal. Le Garde Royal, obéissant, avait obéi. 

    La Reine, qui était remise de sa surprise, jeta un regard mauvais à sa fille, un regard qui se rétrécit légèrement lorsque elle vit qu'elle était bâillonnée par un de ses Gardes Royaux. Elle se retourna et s'avança vers les rescapés de l'expédition en Pays Troll alignés au pied du Trône. Elle repéra bientôt l'Adjudant à ses insignes de sous officier ainsi qu'à son bras en moins et, pensant se souvenir correctement de son nom, s'adressa à lui :

    - Adjudant Delau ! Dit elle d'une voix qui éteignit les brouhahas de la salle. Levez vous !

    L'adjudant, encore sous le choc de son réveil en plein ciel sous le ventre d'un Dragon, et encore tout barbouillé des effets du philtre de sommeil que ses hommes lui avaient fait boire, eut du mal à comprendre que l'on s'adressait à lui, mais finit par se relever.

    - Majesté ? demanda t-il d'un ton pâteux.

    - Expliquez moi pour quelle raison vous n'êtes pas à bord du chalutier qui devait vous ramener en Karmélie ?

    - Le, le chalutier, Ma Reine ? Quel Chalutier ? demanda l'Adjudant, ébahi.

    - Et où se trouve donc votre cuisinier, le fameux Kas Raul ? Il n'est pas avec vous ?

    - Le cuisiner Kas Raul, ma Reine ? Je l'ai vu se faire dévorer par un Troll sous mes yeux, il y a plus de six mois, répondit l'Adjudant, de plus en plus perplexe. 

    La Reine Hortense ne se laissa pas décontenancer par des réponses qu'elle ne comprenait pas, et se tourna vers le Commandant de la Garde, qui se trouvait à quelques pas d'elle.

    - Commandant ! dit la Reine, ces hommes sont des traîtres ! Ils ont volé l'Amulette Royale dans le but de gagner la main de ma fille ! Saisissez les ! Et qu'on leur coupe la tête à tous sur le champ !

    À ces mots, la Princesse Dhâle, incapable de bouger, hurla de toutes ses forces, sans grand résultat, son bâillon étant très efficace.

    Elle vit les Gardes Royaux accourir pour saisir les survivants agenouillés et les délester de leurs armes. Ils se laissèrent faire sans résister. Il n'était pas question pour eux de se rebeller contre un ordre de leur Reine.

    La Princesse, les yeux pleins de larmes, lança un regard désespéré à Claymore. Qui ne put que lui rendre.

     

    Alors que les Gardes Royaux commençaient à sortir leurs épées du fourreau pour éxecuter les ordres de la Reine, un éclair déchira le ciel, très près des grandes verrières de la salle de cérémonie. Un coup de tonnerre surpuissant l'accompagna, figeant toute l'Assemblée, manants comme nobles, Gardes Royaux comme Archevêques. 

    L'assemblée était d'autant plus surprise que le temps était superbe avant le début de la cérémonie, et maintenant, derrière les verrières, le ciel était noir comme la nuit. Des trombes d'eau commencèrent à s'abattre au sol avec une violence terrible.

    Un second éclair frappa, encore plus proche cette fois ci, dans un vacarme de fin du monde. Puis un troisième, un quatrième, et un cinquième. Toute la salle tremblait sur ses bases, l'assemblée était tétanisée.

    Le sixième éclair frappa l'une des grandes verrières de la salle de cérémonie, qui vola en éclats. L'éclair se transforma alors en une grosse boule de foudre qui s'en vint directement sur la nef, où elle percuta la Reine Hortense de plein fouet.

    L'orage prit immédiatement fin, même si le ciel était encore menaçant. Un des Gardes Royaux sortit de sa torpeur pour étouffer les flammèches qui parcouraient l'uniforme d'apparat du Prince Doix. Le pauvre poussait des petits couinements de frayeur, il avait tout le visage noirci par la foudre. Il se trouvait juste derrière la Reine Hortense au moment de l'impact.

    La Reine, elle, était entièrement carbonisée, mais totalement intacte. Un léger souffle qui passa par la verrière suffit à la réduire en poussière. 

    L'archevêque, qui était si pâle qu'il aurait pu passer pour un Elfe Gris, fut un des premiers a reprendre ses esprits, une fois qu'il se fut débarrassé des flammèches qui parcouraient encore sa soutane.

    - La Reine est morte ! dit il d'une voix moins assurée que d'ordinaire. Puis il ajouta : 

    - Vive la Reine !, avant de saisir la couronne déformée qu'il trouva au sol près du tas de cendres et d'en revêtir la tête de la Princesse.

    Les premiers vivats montèrent de la foule, et finirent par entrainer ceux de la noblesse, qui retrouvait ses esprits elle aussi. 

    Le Garde Royal qui tenait encore solidement la désormais Reine Dhâle dans ses bras, sembla réaliser ce qu'il était en train de faire. Il la lâcha et se prosterna devant elle, tout tremblant devant l'énormité de son inconduite. 

    L'ex-Princesse Dhâle, libérée, s'avança vers la foule, comme elle avait tenté de le faire quelques minutes plus tôt. Le silence se fit, et elle prit immédiatement la parole :

    - Ces hommes ne sont pas des traîtres, dit elle en désignant les neuf Gardes Royaux rescapés de l'expédition en Karmélie, ce sont des héros !

    Les vivats de la foule reprirent. Les Gardes Royaux qui tenaient encore une épée à moitié sortie du fourreau pour décapiter les héros eurent tôt fait de les ranger et de s'agenouiller à leur tour.

    Une fois que les vivats eurent baissé d'intensité, la Reine reprit : 

    - Conformément à mon engagement solennel, je vais épouser celui qui a retrouvé l'Amulette Royale de Karmélie ! Qu'il se lève, que je l'épouse sur le champ !

    Claymore Hainemore, Garde Royal de Karmélie, incrédule, se leva avec un grand sourire, l'Amulette toujours tendue au bout du bras.
    Les témoins jurèrent plus tard que le tonnerre qui avait précédé n'avait pas été plus bruyant que la salle à ce moment là.

    Dans l'allégresse générale, personne ne remarqua de prime abord une petite fille au teint sombre qui venait d'échapper à la jeune Gobeline et au gros moine en habits bleus qui tentaient vainement de la rattraper dans la foule. La petite passa entre deux immenses Gardes Royaux, qui ne la virent pas, et se dirigea directement vers le futur couple royal, d'un pas décidé. 

    La Reine Dhâle vit l'enfant s'approcher derrière Claymore. La surprise et l'intensité du regard de Dhâle incitèrent Claymore à regarder lui aussi dans la direction de la petite fille. Après avoir échangé un regard fiévreux, les deux jeunes gens se précipitèrent ensemble vers elle. 

    Au moment où il la touchèrent, un rayon de soleil passa à travers la verrière brisée et vint les enrober d'une lumière chaude et brillante.

    L'instant était magique, la foule à nouveau silencieuse. Les origines de la fillette ne faisaient aucun doute. 

    La Reine Dhâle prit l'enfant dans ses bras, la leva en pleine lumière et dit : 

    - Je vous présente la nouvelle héritière du Royaume de Karmélie !

    La foule se déchaina à nouveau pendant de très longues minutes.

    Les trois jours de festivités qui suivirent le mariage Royal furent épiques.

     

     


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  • ORAGES EN KARMELIE : CHAPITRE 43

     

    Princesse !

    Le temps s'était beaucoup amélioré depuis quelques jours au dessus du Monastère. Le port des gants s'avérait une solution satisfaisante, finalement, même si Lia avait encore eu quelques visions fugitives, même sans contact direct avec la peau de Gardène.

    Mais les intempéries des semaines précédentes avaient considérablement détrempé le chemin de terre menant au Monastère, empêchant les Frères de se rendre en ville vendre leurs fromages.
    Levant les yeux du traité sur la "Fusion des visions chez les Fées" de l'Archiviste Royal Débilmé Pagateux qu'il était en train de lire, le Frère Jordan vit par la fenêtre de son étude qu'un chariot s'était embourbé sur le chemin menant au Monastère. Ses deux roues étaient enfoncées dans la boue jusqu'au moyeu. Non, à la réflexion, ce n'était pas un chariot, mais un CAR, un Carrosse d'Action Rapide aux couleurs du Royaume de Karmélie. Ce fut confirmé lorsqu'il vit alors quatre Gardes Royaux en armes, de grands Orcs Noirs, en descendre pour le pousser. 

    Il se précipita pour aller trouver Félicité, qui était comme d'habitude dans la nurserie. 

    - Félicité, je crois que nous avons un problème. Quatre Gardes Royaux sont sur la route du Monastère, ils ne vont pas tarder. Je doute qu'ils viennent nous acheter du fromage. 

    Félicité leva vers lui des yeux inquiets. Les visions fugitives qu'elle avait eu ces derniers jours n'étaient pas rassurantes. L'arrivée de ces Gardes Royaux était forcément en lien avec Gardène. Il fallait en avoir le coeur net. Félicité retira ses gants, et prit la petite fille à pleine mains, en prenant soin de passer sous son chandail afin de pouvoir la toucher à même la peau.

    Frère Jordan, inconsciemment, rentra la tête dans les épaules en fermant les yeux. Il s'attendait d'un moment à l'autre au déclenchement d'une nouvelle tempête orageuse au dessus du Monastère. 

    Il fut surpris lorsque au lieu d'un grondement de tonnerre il entendit la petite Gardène prononcer ses premiers mots : 

    - Pa ! Man ! lança d'une petite voix la fillette, qui semblait aux anges.  

    Félicité avait l'air très étonnée par la vision qu'elle venait d'avoir. Elle mit quelques instants avant de dire : 

    - C'était son père, je crois qu'il... hésita t-elle, je crois qu'il était dans un filet, avec ses compagnons d'armes, au dessus d'une mer. Et le filet était porté par un grand Dragon rouge ? poursuivit Félicité avec de grands yeux étonnés.

    Elle reprit :

    - Je vais tenter une autre vision, celle ci est surprenante, mais elle ne nous apprend rien sur la présence des Gardes Royaux au Monastère.

    Félicité replongea les mains au contact de la petite. Alors que cette fois ci Frère Jordan ne s'y attendais plus, un très puissant coup de tonnerre retentit quelques instants plus tard, faisant sursauter toutes les personnes présentes dans la nurserie et déclenchant les premiers pleurs de bébé.

    Félicité avait peut être l'air encore plus perdue par cette deuxième vision. L'orage semblait gagner en force, à l'extérieur, pendant que Gardène hurlait à pleins poumons, à l'intérieur.

    - Je n'ai pas tout compris à ce que j'ai vu, ça allait trop vite, dit Félicité, mais je suis certaine qu'il faut que nous nous rendions immédiatement au Château des Mille Fleurs, et je suis certaine que les Gardes Royaux qui arrivent sont là pour nous en empêcher !

    Frère Jordan sentit une vague de panique monter en lui. 

    - Mais comment veux tu que nous arrêtions quatre Gardes Royaux, nous ne somme que des Moines !

    - J'ai une idée, dit Félicité. Voilà ce que nous allons faire...

     

    ***

    Un peu plus tard, sous une pluie diluvienne, quatre Gardes Royaux couverts de boue et détrempés frappèrent à la porte du Monastère, sans ménagement aucun. Ils n'étaient pas de bonne humeur.

    La trappe de la porte s'ouvrit et le traditionnel message de bienvenue du Monastère s'en échappa :

    - Bienvenue au Monastère du Bleu Coulant, que pouvons-nous faire pour vous ? Nous avons une promotion de fromages très coulants cette semaine.

    - Au nom de la Reine, ouvrez ! Dit l'un des Orcs Noirs. Nous sommes ici pour récupérer une enfant dont la Reine veut reprendre la garde. Ouvrez !

    Frère Jordan s'empressa d'ouvrir la lourde porte du Monastère : 

    - Entrez Messieurs, bienvenue au Monastère du Bleu Coulant. Nous sommes toujours ravis de recevoir la Garde Royale, nous avons toujours quelques fromages de côté pour vous, nous savons que vous êtes des connaisseurs. Mais avant de vous organiser une petite dégustation, quelle est l'enfant que vous souhaitez récupérer ?

    - Nous ne sommes pas là pour manger tes fromages pourris, Moine ! dit le Garde Royal à la tête du petit détachement avec mépris. La Reine nous a confié une mission. Nous ne connaissons pas le nom de l'enfant. Ce serait une sang mêlé d'Orc Noir et d'humain, dit le Garde avec un peu d'incrédulité dans la voix. Elle aurait un peu moins d'un an.

    - Ah ! s'exclama le Frère Jordan, vous voulez certainement parler de Gardène ! Nous ne serons pas fâchés de vous la confier, cette petite nous donne bien du souci ! Suivez moi, je vais vous conduire à elle, elle est à l'isolement.

    - À l'isolement ? demanda le chef des Gardes, un peu sur la défensive. Pourquoi, elle est malade ?

    - Non, non pas du tout, les rassura le Frère Jordan, c'est parce qu'elle ne cesse jamais de pleurer, elle est d'un pénible ! Nous avons été obligés de l'isoler des autres enfants, pour qu'ils puissent dormir. Venez, je vous conduis à elle. Plus vite vous l'emporterez, mieux ce sera ! 

    Sur ce, le Frère Jordan fit traverser le Monastère aux quatre Gardes Royaux, avant de les faire ressortir du côté opposé à l'entrée, côté jardin. Il pleuvait toujours des cordes, le Frère leur désigna la cabane d'assez grandes dimensions au milieu du jardin, qui abritait l'outillage des Moines. Il y mena les Gardes en trottinant sous la pluie, et poliment, il les fit entrer les premiers dans la cabane en leur disant :

    - Allez-y, elle est dans le fond !

    Lorsque le dernier Garde entra dans la cabane, Frère Jordan referma la porte, fit tomber la planche qui fermait la porte dans ses taquets, puis s'éclipsa le plus rapidement possible pour  laisser Félicité faire la démonstration de ses pouvoirs. Qu'il espérait immenses.
    Il ne fut pas déçu.

     

    ***

     

    À peine la porte du cabanon était elle fermée que Félicité, qui se trouvait à proximité de la cabane, agenouillée dans le jardin, les deux mains dans la terre, appela à elle toutes les forces de la nature, déchainant pour la première fois de sa vie toute la puissance de son pouvoir.

    Des végétaux commencèrent aussitôt à émerger de la terre, tout autour de la cabane du jardin, à la vitesse de l'éclair. En moins de cinq secondes, toute la cabane était totalement encerclée et recouverte de vignes, de lierres, de ronces, et même de lianes épaisses comme Félicité n'en avait jamais vues. La cabane était littéralement engloutie par la végétation. 

    Les Gardes Royaux, pris au piège, commencèrent à hurler : 

    - Au nom de la Reine, ouvrez ! Quel est ce sortilège ? Vous en répondrez !

    Aussitôt il commencèrent à essayer de défoncer à la porte et les murs de la cabane à coups d'épaule, mais il était évident que même des Orcs Noirs ne pouvaient pas venir à bout d'une végétation aussi dense si facilement. Et que leurs épées seraient de peu d'utilité face à cet ennemi végétal.

    Félicité n'en avait pas terminé. Elle se concentra à nouveau, et cette fois fit jaillir tout autour de la cabane une forêt extrêmement dense : des sapins, des frênes, des chênes, des châtaigniers et bien d'autres encore, qui créèrent autour de la cabane une second barrage de plusieurs mètres d'épaisseur, totalement infranchissable celui ci. 

    Frère Jordan et les Moines avaient pris soin de retirer de la cabane toutes les scies et toutes les haches qu'auraient pu utiliser les Gardes pour se dégager. Mais même avec ces outils, il aurait été impossible qu'ils sortent de là avant plusieurs jours. 

    Félicité était ivre de pouvoir, presque survoltée par ses capacités, qu'elle n'imaginait pas à ce point puissantes.

    La pluie avait cessé. Derrière elle, Frère Poupon tenait Gardène dans ses bras. La petite affichait un grand sourire. Le Frère Poupon, la mâchoire pendante, les yeux exorbités, était en état de choc.

     

    ***

     

    Le cocher, qui était resté dans le CAR pendant que les Gardes découvraient les joies de la nature selon Félicité, ne fut pas bien difficile à convaincre quand Frère Jordan lui proposa de venir se restaurer à l'intérieur en compagnie des Moines et des enfants. Ce vieux Gobelin était de toute façon totalement inoffensif. 

    Une fois que le cocher eut rejoint le réfectoire, Frère Jordan chargea de nombreuses caisses de fromages dans le Carosse de la Garde Royale, laissant juste un peu de place pour que Félicité puisse monter à bord avec Gardène. Enfin le gros Moine en prit les rênes, direction la capitale et son Château.

    Félicité avait vu un mariage Royal en préparation, dans sa dernière vision, en compagnie d'autres choses dont elle ne voulait pas parler. 

    Et comme l'avait dit le Frère Jordan en réfléchissant au moyen de passer les différents postes de garde  pour accéder au Château des Mille Fleurs, il faut bien du bon fromage pour un banquet de noces, non ?

     

     


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  • ORAGES EN KARMELIE : CHAPITRE 42

     

    Message d'un corbeau voyageur

     

    L'Adjudant Delait était un Garde Royal courageux. Personne ne se serait jamais permis de mettre son courage en doute. Vétéran de plus de vingt campagnes, cette dernière mission en Pays Troll avait certes été l'une des plus difficiles, et probablement l'une des plus longues, mais jusque là toute présence de Dragons lui avait été épargnée. 

    Jusqu'à aujourd'hui.

    Ce grand Dragon couleur de feu, assis en bordure de leur campement, n'avait pas l'air particulièrement hargneux. Il avait presque l'air... amical, même si cela coûtait à l'Adjudant de l'admettre. Mais c'était un Dragon. Et il n'était pas question qu'il s'en approche. Si bien que lorsque Claymore avait accompagné Tautale et la petite Lia pour converser avec la Bête, il avait été extrêmement soulagé qu'ils ne l'invitent pas à se joindre leur petite réunion. Très peu pour lui. Merci bien.
    Depuis la campagne de l'ile de Teramur, les Dragons hantaient déjà ses nuits. Si maintenant il fallait aussi qu'ils viennent pourrir ses journées, l'Adjudant était prêt à rendre son tablier. Ou son déjeuner. Ou les deux.

    Car, oui, l'adjudant Delait avait peur des Dragons.

    Bien entendu, depuis qu'il savait que Tautale utilisait ses oiseaux pour indiquer les coordonnées des caches de butin à ses supérieurs, l'Adjudant avait réfléchi. Ce n'était pas un imbécile. Il était Adjudant. Et il se doutait bien que le mode de transport du butin n'était pas traditionnel. Mais il s'était refusé à imaginer cette possibilité de transport aérien, par cette sorte de dispositif d'auto-protection mentale propre à certains Adjudants. 

    Alors, quand le cuisinier Tautale (que les hommes surnommaient dans son dos "l'empoisonneur") avait prévenu l'Adjudant que le moyen de transport pour rentrer en Karmélie serait un Dragon, l'Adjudant avait ri.
    Au début.
    Jusqu'à l'arrivée du Dragon.

    Quand un peu plus tard les trois compères vinrent lui rapporter le résultat de leur conversation avec la Bête, l'Adjudant Delait défaillit. 

     

    ***

     

    Lia eut du mal à ne pas rigoler quand l'Adjudant tomba dans les pommes. Ce grand bonhomme, dur comme le roc, elle n'aurait jamais penser le voir s'évanouir. Surtout devant Flaminou. Le pauvre Adjudant, elle connaissait ses déboires avec les Dragons, il les lui avait raconté au cours d'une de leurs longues marches, et elle savait qu'il serait extrêmement gêné en revenant à lui. 

    Le Dragon avait respecté sa promesse, et les avait retrouvés comme prévu à la pointe Sud Est du Pays Troll, huit jours après avoir ramené Lia près de l'escouade. 

    Le campement, dos à une falaise, avait été facile à trouver. Heureusement, car Flaminou avait apporté des nouvelles fantastiques, et il ne fallait pas traîner. Avant même que l'Adjudant ne revienne à lui, Flaminou était déjà reparti, emportant avec lui toute la famille de Lia, direction le territoire Gobelin. Flaminou allait les déposer chez un des oncles de Lia, et elle les y rejoindrait plus tard. Sa mère avait bien essayé de la convaincre de les accompagner, mais Lia l'avait rassurée. Elle lui avait promis de rejoindre la famille le lendemain. Ils n'allaient tout de même pas se faire attaquer pour leur dernière nuit en Pays Troll, n'est-ce pas ?

    Flaminou allait revenir le lendemain matin. Ils avaient toute la soirée pour convaincre l'Adjudant de monter dans le filet pour la Karmélie. Ils allaient certainement devoir utiliser la méthode forte.

     

    ***

     

    Tautale savait qu'après le rapport bidon qu'il avait envoyé à son Directeur pour l'embobiner, il était grillé ; il ne pourrait plus rentrer en Karmélie. Ce n'était pas bien grave. Après tout, plus personne ne l'y attendait. Et il avait pris énormément de plaisir à écrire ce dernier rapport. Le fait que des navires Karméliens sillonnent les mers ces prochaines semaines à la recherche d'un chalutier imaginaire le faisait bien rire. C'était une idée de Lia. Cette petite était vraiment pleine de ressources. 

    Il regarda Claymore qui tournait en rond dans le campement en supervisant les préparatifs du départ. L'Adjudant l'avait promu commandant en second de l'escouade depuis la perte de son dernier Sergent, lors de l'attaque nocturne des Trolls. Le grand Orc Noir était sorti de la torpeur dans laquelle la lettre de sa Princesse l'avait plongé. Il avait l'air à la fois inquiet et exalté. Tant de choses pouvaient encore mal tourner. Tautale compatissait. Une fois qu'ils seraient séparés, Claymore serait le seul à connaître les enjeux du retour de son escouade. Il n'était pas possible d'impliquer les autres Gardes Royaux dans les méandres de la découverte de l'Amulette ; ils devaient rester ignorants de ce qui allait se passer. Au cas où ça tourne mal, leur loyauté ne pourrait pas être mise en doute.

    La découverte de l'Amulette Royale par Claymore avait été moins spectaculaire que la version qu'il en avait donnée à son supérieur. Claymore s'était contenté de la "découvrir" par hasard dans le butin de la dernière caverne que l'escouade avait investie.
    Pour le reste, Lia et Tautale avaient longuement réfléchi avant de rédiger le rapport. Il fallait éloigner les éventuelles suspicions des autorités Karméliennes envers Flaminou dans le transport de l'Amulette.  Et surtout, donner à la Reine et à la PRSK une fausse piste crédible, pour éviter la mise en place d'un avis de recherche généralisé à l'encontre de toute l'escouade. C'est Tautale, cette fois, qui avait eu l'idée de ramener son défunt collègue, le (vrai) cuisinier Kas Raul, d'entre les morts pour que son Directeur puisse reconstituer un cheminement crédible de l'Amulette entre la Karmélie et le Pays Troll, sans impliquer des moyens de transports rapides. La meilleure explication à une énigme est souvent la plus simple. Mais parfois, on se contente de celle qui vous est présentée sur un plateau.

    Tautale espérait que son Directeur n'aurait pas le temps de chercher d'autres explications plausibles au transfert de l'Amulette en Pays Troll. Pas avant le retour de l'escouade, en tout cas. 

    Alors qu'il triait les affaires qu'il voulait conserver avant son départ, Tautale hésita longuement, et décida finalement de conserver la cage ensorcelée. Au cas où.

     

    ***

     

    Claymore n'avait pas eu le choix. Face au refus irrévocable de l'Adjudant Delait (que les hommes surnommaient dans son dos "demi-litre" depuis qu'il avait perdu un bras) à voyager dans un filet accroché à un Dragon, Claymore s'était résigné à utiliser le philtre de sommeil que Lia avait ramenée de son voyage en Karmélie. Il ne pouvait tout de même pas abandonner l'Adjudant seul en Pays Troll, même avec le reste de la potion de force. Il mélangea discrètement le philtre au pichet de bière de l'Adjudant, les Trolls de la dernière caverne ayant eu la bonne idée d'en voler quelques barils lors d'une de leurs razzias en Royaume de Brie. Et surtout la bonne idée de ne pas tous les boire.

    Tout était prêt pour le départ. Ils mirent l'Adjudant sur sa paillasse après qu'il se soit écroulé de tout son long près du feu de camp. Puis Ils regagnèrent leurs couches à leur tour, pour leur dernière nuit en ces terres maudites.

    Comme de juste, les Trolls profitèrent de l'occasion pour tenter une nouvelle attaque. Cette fois ci, les Gardes Royaux étaient prêts à les recevoir. La sentinelle, chargée comme un mulet de potion de force, aurait presque suffi à elle seule à repousser les énormes Trolls qui attaquaient le campement de front. Mais si l'Adjudant ronflait comme un sonneur, les sept autres Gardes Royaux dormaient en armure, une gourde de potion à portée d'une main, et leurs armes à portée de l'autre. Claymore était bien décidé à ne pas laisser ces monstres mettre en péril son retour en Karmélie. Il fut le premier à se porter au secours de la sentinelle. Il se jeta dans la mêlée l'épée au clair et la rage au coeur. Tautale rejoignit ses camarades seulement après s'être assuré que Lia ne sortirait pas de sa tente. Son arc, que même un Orc Noir aurait eu des difficultés à bander sans potion de force, était peut être l'arme la plus redoutable de tout le campement. 
    Contrairement à la fois précédente, les Trolls refusèrent de rompre le combat après que les premiers d'entre eux furent tombés. Ce fut un carnage. Et pour la première fois de mémoire de Garde Royal, les Trolls survivants qui étaient acculés contre la falaise se rendirent, jetant leurs gourdins cloutés à leurs pieds.

    Incertain de la marche à suivre dans pareil cas, Claymore s'avança et leur dit : 

    - Nous savons que nous sommes sur votre territoire, mais nous sommes des soldats Orcs venus ici avec pour mission de retrouver une amulette dans une de vos cavernes. Nous l'avons trouvée hier, et nous repartons demain. Nous ne reviendrons pas. Si vous acceptez de ne pas lancer une autre attaque cette nuit, vous êtes libres de partir. 

    Un des immenses Trolls, probablement leur chef, s'avança de deux pas et lui répondit d'une voix lente et caverneuse : 

    - Vous êtes des démons, pas des Orcs. Nous connaissons les Orcs, ils sont faibles. Vous, vous êtes imprégnés de magie, notre devoir est de vous combattre. Mais nous acceptons la trêve pour cette nuit. Demain soir, si vous n'êtes pas partis, nous reviendrons. Et nous serons plus nombreux.

    Les Trolls survivants commencèrent à s'éloigner. Leur chef s'arrêta, comme s'il venait de réaliser quelque chose. Il se retourna à moitié et lança à Claymore, d'un air méprisant avec sa grosse voix : 

    - Comme tous les démons, vous n'êtes que des menteurs. Il n'y a pas d'allumettes dans nos cavernes. Nous n'utilisons que des torches ! 

    Sur ces mots, le Troll s'éloigna fièrement dans la nuit.

    Au lever du jour, la sentinelle de garde n'eut pas besoin de réveiller l'escouade, personne ne s'était recouché. 

    Ils purent donc presque tous admirer le spectacle : sur la mer, à l'horizon, il n'y avait pas un mais deux Dragons qui s'approchaient du campement. Fort heureusement, le philtre de sommeil remplissant toujours son office, l'Adjudant dormait toujours du sommeil du juste. Il fut donc dispensé de cette vision d'horreur.
    Claymore donna ses instructions pour lever le camp. L'escouade des Gardes Royaux rentrait au bercail. 

    Sans que personne ne lui demande, Lia alla d'elle même s'occuper des deux chevaux qui avaient si vaillamment tiré le chariot de l'escouade pendant tout leur périple en Pays Troll.

    C'était désormais à Claymore d'être mort de trouille. Pourtant il n'avait pas peur des Trolls, il n'avait pas peur des Dragons, il n'avait pas peur non plus de passer une journée suspendu dans le vide dans un filet, au dessus des mers et des montagnes.

    Non, Claymore avait simplement peur de ne pas être à la hauteur des évènements à venir.

     

    ***

     

    Flaminou, qui ne sembla pas impressionné le moins du monde par les cadavres de Trolls éparpillés autour du campement, leur présenta sans cérémonie le deuxième Dragon à ses côtés. Il était un peu plus petit que lui, sa couleur était située quelque part entre le rose et l'orangé.

    - Je vous présente Tabatha. C'est ma nouvelle associée chez Flaminou Express. Je vous préviens elle est timide, elle ne parle pas beaucoup quand elle ne connait pas. Je l'ai fait venir car je ne peux pas transporter du fret et des passagers dans un même filet, c'est contraire aux régulations de la compagnie. 

    - Bien, dit Claymore, comment veux-tu que nous nous répartissions ?

    - Les Orcs Noirs dans le filet de transport à voyageurs, c'est moi qui vous emmène. Tabatha n'a pas encore beaucoup d'expérience dans le transport de passagers, elle va donc s'occuper du butin, des deux chevaux que vous insistez pour ramener, et elle prendra sur son dos Lia, qui a déjà volé, et Tautale, en qualité de responsable du butin. Vous êtes prêts à partir ? demanda Flaminou

    - Oui, répondit Claymore, nous sommes prêts.

    - Vous avez pris soin d'empaqueter vos armes dans du tissu pour qu'elles ne risquent pas de transpercer les filets ? Les chevaux sont drogués ? Hors de question que Tabatha transporte des chevaux à moitié fous !

    - Oui, oui, on a fait tout ce que tu nous as demandé, dit Claymore.

    - Parfait, allez, on peut charger !

    Claymore fut le dernier à monter dans le filet de transport de voyageurs de Flaminou, non sans avoir donné une chaleureuse accolade à Tautale, puis avoir embrassé Lia, qui écrasa une petite larme. Ce qui n'empêcha pas la petite Gobeline de remarquer que le filet de transport de voyageurs de Flaminou ressemblait comme une goutte d'eau à son filet de transport de fret.

    Une minute plus tard, les Dragons prenaient leur envol.
    Assez vite, Flaminou prit de l'avance, si bien qu'arrivés au milieu de la Baie des Loups, les Gardes Royaux ne distinguaient presque plus Tabatha, au loin derrière eux. Un des Gardes s'en inquiéta.

    Flaminou lui répondit : 

    - C'est normal, elle débute, elle n'a pas encore acquis ma vitesse et mon endurance, mais elle connait le chemin, ne vous inquiétez pas. Elle finira par nous rejoindre, probablement quelques heures après que nous soyons arrivés.

    Peu après, Tabatha, largement aussi rapide et endurante que Flaminou, commença à bifurquer. Comme prévu, elle se dirigea vers le Nord du Territoire Gobelin, où elle déposerait l'intégralité de son chargement chez l'oncle de Lia avant de rentrer directement au siège de Flaminou Express, pour le débriefing de son premier vol commercial.

    Les Gardes Royaux rentraient seuls en Karmélie, sans leur dernier cuisinier.
    Claymore avait une surprise à faire à la Reine. Il allait mettre les pieds dans le plat.
    Pas besoin de cuisinier pour ça.

     

     


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  • ORAGES EN KARMELIE : CHAPITRE 41

     

    Audiences confidentielles au Palais des Mille Fleurs

    Toute personne non habilitée par décret Royal à prendre connaissance de la présente retranscription sera jetée dans la Bile pieds et poings liés, lestée d'une grosse pierre autour du cou.

    Retranscription confidentielle de l'audience Royale tenue le Lourdi 6 Printôse, 26ème année du règne de la Reine Hortense Hia, aux aurores.

    Sous l'Autorité Suprême de la reine Hortense, Reine aux mille Fleurs, Reine de Karmélie.

     

    Comparution de :

    Sergué Péoux, Directeur de la Police Royale Secrète de Karmélie

     

     - Ma Reine, j'espère que vous vous sentez mieux ?

    - Oui, merci Péoux, je suis parfaitement remise de mes émotions de la cérémonie.

    - Avez vous pu prendre connaissance du courrier de l'Agent Tautale, que nous avons reçu hier ?

    - Oui Péoux, dit la Reine dans un grand soupir. Quel dommage que ce rapport ne nous soit pas parvenu quelques jours plus tôt !  Votre agent n'est pas très malin, n'est-ce pas ?

    - En effet, Ma Reine. Mais vous m'aviez demandé de choisir un Agent de seconde zone, quand nous avons assigné un agent de liaison à cette mission. Il n'était pas prévu qu'il revienne. Il ne manque pas d'intelligence, mais c'est un naïf, on en fera jamais un agent correct. J'en ai eu la preuve lorsque je suis allé annoncer la nouvelle de sa mort à sa femme. Elle était déjà remariée avec un boulanger, et une fois qu'elle a compris l'objet de ma visite son chagrin s'est vite dissipé quand je lui ai remis une bourse bien garnie.

    - Au moins, nous savons désormais qui était la source de la Presse, n'est-ce pas ?

    - En effet Majesté. J'ai pu relire les différents rapport de l'Agent Tautale cette nuit. Dans le rapport où il mentionne la mort du cuisinier Kas Raul, il dit qu'il a été dévoré par un Troll, en même temps que l'infirmier de l'escouade. C'est vraisemblablement une information de seconde main, qui lui aura été rapportée par le Garde Claymore, il n'a pas pu voir le corps, de toute façon. Tout laisse donc croire que c'est à ce moment là que le cuisinier Raul a quitté le Pays Troll pour rejoindre la Karmélie. Une fois rentré, il a certainement remis un message du Garde Claymore à la Princesse Dhâle. La Princesse a alors imaginé le stratagème que nous avons compris trop tard Sardi dernier : elle a fait réaliser une grossière copie de l'Amulette, et a remis l'Amulette Royale originale au cuisinier Raul. Elle a ensuite affrété un chalutier des Vertes Collines pour convoyer le cuisinier jusqu'à la Baie des Loups, à la pointe Sud Est du Pays Troll, vers laquelle Claymore avait certainement convaincu son Adjudant de se diriger. De là, les deux conspirateurs se sont retrouvés, ont monté de toute pièce une petite comédie pour le reste de l'escouade, et le tour était joué.
    J'ai vérifié, les durées de trajets et les dates concordent. Le cuisinier a été déclaré mort l'été dernier, il aura mis quatre ou cinq mois à rentrer par ses propres moyens, l'Amulette a donc dû être dérobée en fin d'année dernière, et il est ensuite reparti par la mer avec le navire affrété par la Princesse. Il a donc dû arriver en Pays Troll il y a quelques semaines. Le temps de faire la jonction avec l'escouade et de mettre au point la mise en scène de la découverte de l'Amulette, tout concorde avec le dernier rapport de l'Agent Tautale. Si cet imbécile n'y a vu que du feu, il a au moins le mérite de nous avoir prévenu du retour du Garde Claymore avec l'Amulette. Qui plus est à son insu, ce qui nous donne la possibilité de l'intercepter à moindres frais avant son arrivée, c'est déjà ça. 

    - Et bien entendu, c'est la Princesse qui a informé la Presse du vol de l'Amulette, certaine que nous n'irions pas vérifier qu'elle était toujours présente au sein du Trésor Royal, puisqu'il s'agissait d'une histoire que j'avais inventée de toute pièce ! dit la Reine. Et je comprends mieux pourquoi elle était persuadée que son Garde n'était pas mort...

    - Nous sommes en effet parvenus aux mêmes conclusions, Majesté. La Princesse a ensuite patienté jusqu'à la prochaine cérémonie officielle nécessitant le port de l'Amulette pour vous mettre en porte à faux devant l'Assemblée des vassaux. Elle n'avait probablement pas prévu que ce soit aussi tôt, l'annonce de vos fiançailles a du la surprendre comme nous tous, mais elle n'avait pas le choix, elle ne pouvait pas prendre le risque que nous fassions réaliser une copie plus convenable que celle que vous avez découvert Sardi matin, quelques minutes avant la cérémonie des fiançailles.

    - La couleur des pierres n'était même pas respectée ! Cette fausse Amulette aurait encore plus attiré l'attention si je l'avais portée. Mais j'ai bien cru que personne ne s'apercevrait de son absence avant que se vieil imbécile ne se lève.
    Je dois avouer que malgré cette félonie, je suis presque fière de ma fille ! reprit la Reine. Mais elle a encore beaucoup à apprendre. Elle ne pouvait pas imaginer que nous recevions des rapports réguliers de la part de l'Agent Tautale.

    - Je suppose que vous avez pris les dispositions nécessaires pour intercepter le chalutier des Vertes Collines, Majesté ? demanda Péoux.

    - Je viens de prendre les dispositions nécessaires avec le Commodore Héausoleil, cet ignoble Orc Noir qui a osé engrosser ma fille ne risque pas d'arriver de sitôt au port, dit la Reine dans un grand sourire carnassier. Le Commodore est parti à la tête de trois frégate de la flotte Karmélienne aux devants de ce chalutier, avec l'ordre de l'arraisonner, de mettre aux fers son équipage, avant d'exiger de l'Adjudant Delait la remise immédiate de tout le butin transporté. J'ai également demandé au Commodore de me ramener personnellement l'Amulette après avoir vérifié si le Garde Royal Claymore pouvait nager en armure complète avec une pierre attachée autour du cou. Qui sait ? Il est tellement brave qu'il parviendra peut être à rejoindre la rive ? dit la Reine en riant de bon coeur.

    - Que pensez vous faire du reste de l'escouade, Majesté ? Après tout, ces Gardes vous sont restés loyaux jusqu'au bout. Ce n'est pas de leur faute si l'un des leurs et un cuisinier ont comploté contre vous. 

    - Hormis le cuisinier revenu d'entre les morts qui les rejoindra à nouveau, les Orcs restants seront réintégrés dans la Garde, bien entendu. Après tout, s'ils n'ont pas vraiment retrouvé l'Amulette Royale de Karmélie, ils ont au moins largement contribué à enrichir son Trésor ! Nous allons les récompenser et les décorer comme il se doit, en échange de leur silence absolu sur toute cette affaire. Pour votre agent, je vous laisse juge de ce qu'il convient de faire de lui. 

    - Hum. Je pensais le promouvoir à un poste administratif sans responsabilités opérationnelles, dans lequel ses manques de flair et d'imagination ne seront pas des handicaps. Après tout, sans lui nous aurions été exposés au retour de ce Garde, l'Amulette Royale en bandoulière. Sans possibilité de l'intercepter avant qu'il n'entre au contact des Karméliens, vous auriez été obligée de le laisser épouser votre fille sous la pression populaire... 

    - Ne me parlez pas de malheur ! Mais c'est aussi en partie grâce à vous, Péoux, dit la Reine. Vous aussi, vous serez récompensé comme il se doit. Vous pouvez disposer.

    - Je vous remercie, Majesté, mais je n'ai fait que mon travail, dit Péoux en quittant la salle.

     

     

     

    Comparution de :

    Guéla Billontsé, Directrice des relations publiques du Royaume de Karmélie.

     

    - Ma Reine, en quoi puis-je me rendre utile ?

    - Vous avez assisté à la comparution de Péoux ?

    - Oui, Majesté. 

    - Quelle est votre analyse de la situation du point de vue des relations publiques du Royaume ? Parlez franchement.

    - La Princesse a réussi un coup de maître, Majesté. Il n'y a aujourd'hui personne dans tout le Royaume qui oserait remettre en cause son mariage avec un Orc Noir de la Garde Royale ramenant l'Amulette Royale en Karmélie. Je n'aurais pas fait mieux. À vrai dire, je suis admirative.

    - Certes. Mais ça ne risque pas de se produire. Comme vous l'avez entendu tout à l'heure, ce Garde Royal ne remettra jamais les pieds sur le sol de Karmélie. Quoi autre ?

    - Après le serment spectaculaire de la Princesse, reprit Billontsé, l'annonce spectaculaire de votre mariage est malheureusement passée au second plan, Majesté. Êtes vous toujours certaine de vouloir le maintenir dès Sardi prochain ?

    - Oui, plus que jamais. Ma fille ne donnera jamais d'héritière au Trône de Karmélie, c'est moi qui m'en chargerai. Il est inutile de perdre la moindre journée avant que je me mette à l'ouvrage.

    - Mais Majesté, si vous remettez la main sur l'Amulette, vous pourriez marier votre fille au Prince de votre choix ! Avec le serment qu'elle a prononcé lors de vos fiançailles, elle ne pourrait pas se soustraire au Prince qui ramènerait officiellement l'Amulette Royale au Trône de Karmélie !

    - Ma fille ne se remariera jamais, répondit la Reine d'un ton glacial. Elle m'a trahie et elle m'a humiliée. Elle apprendra ce qu'il en coûte d'humilier la Reine de Karmélie quand une servante fera irruption en plein Conseil Royal, l'Amulette perdue à la main, en disant qu'elle vient de la retrouver derrière une étagère en faisant le ménage !

    - Je vois, Majesté... répondit Billontsé. Si vos relations avec votre fille sont à ce point compromises, pensez vous qu'il soit judicieux de laisser sa fille naturelle dans la nature ? Je sais qu'il est improbable que le Conseil la reconnaisse un jour comme votre héritière, mais cette enfant pourrait tout de même fortement compliquer la succession du Royaume de Karmélie. Après tout, si vous parvenez à concevoir une nouvelle fille, elle ne sera que deuxième dans l'ordre de succession, la Princesse Dhâle sera toujours votre héritière, avec le risque qu'elle tente de faire reconnaître son enfant illégitime au détriment de votre seconde fille pour lui succéder.

    - Oui, j'en suis arrivée aux même conclusions que vous, Billontsé. À l'heure où nous parlons, un détachement de Gardes Royaux est en route vers le Monastère où cette batarde a été placée. C'est un problème qui sera bientôt derrière nous.  

    La Reine claqua dans ses mains.
    - Bien, nous verrons les préparatifs du mariage ensemble après le petit déjeuner, j'ai très faim !

     

    La Reine et la Directrice sortant de la salle, les audiences prennent fin.   

     

    Le présent compte rendu d'audiences est rayé des minutes des Archives publiques du Royaume et sera conservé par la PRSK dans ses archives aux fins de consultation restreinte par les membres de la couronne, sur autorisation de la Reine ou de ses successeurs.

     

     


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  • ORAGES EN KARMELIE : CHAPITRE 40

     

    Audiences confidentielles au Palais des Mille Fleurs 

    Sud Est du Pays Troll.

    Joudi 2 Printôse, 26ème année du règne d'Hortense Hia, Reine de Karmélie.

    Rapport du demi-elfe Tautale, Agent 2ème échelon de la PRSK.

    Opération « Amulette volée »

    Rapport confidentiel à l'attention exclusive du Directeur Sergué Péoux.

     

    Monsieur le Directeur,

     

    J'ai une nouvelle extraordinaire à vous annoncer ! 

    L'escouade a enfin mis la main sur l'Amulette Royale de Karmélie ! Je dois bien vous avouer que je ne pensais pas que nous parviendrions à la trouver un jour !

    Le mérite en revient sans conteste au Garde Claymore, qui a lancé hier un assaut décisif sur une Caverne Troll dans laquelle il a trouvé au milieu du butin l'Amulette Royale que nous recherchions tous depuis plus d'un an. 

    Le Garde Royal Claymore, qui est probablement avec l'Adjudant Delait le combattant le plus redoutable de l'escouade, partait régulièrement en éclaireur pour déjouer d'éventuelles embuscades des Trolls, surtout depuis la dernière attaque nocturne qui a été fatale à sept d'entre nous.

    Alors qu'il était parti dès le matin dans une des ses habituelles missions de reconnaissance, nous l'avons vu revenir vers l'escouade en courant pendant notre bivouac de mi-journée, couvert de sang, accompagné d'un mort et l'Amulette Royale de Karmélie autour du cou !
    Il nous a narré avoir été attaqué par trois Trolls à quelques lieues de là. Après en avoir occis deux grâce à son courage et à sa gourde de potion de force, il a mis en fuite le troisième. Il l'a aussitôt pris en chasse. Le Troll s'étant engouffré dans une caverne à proximité de l'embuscade, il a aussitôt décidé d'attaquer la caverne sans attendre les renforts, dans un élan de fougue comme seuls des Gardes Royaux peuvent en éprouver parfois.
    Il a alors mis tout seul une dizaine de Trolls hors de combat (onze exactement, comme nous avons pu le constater par la suite), mais quelle ne fut pas sa surprise de découvrir dans l'enclos aux esclaves de cette caverne notre ancien cuisinier Kas Raul, qui finalement n'avait pas été dévoré l'été dernier, comme nous en étions persuadés ! 

    Mais ce n'était pas là sa dernière surprise de la journée ! Comme nous en avons pris l'habitude depuis le début de cette campagne, le Garde Claymore s'est immédiatement lancé à la recherche du Trésor des Trolls de cette caverne, dès qu'il eut libéré le cuisinier Raul de son enclos. Il n'a pas tardé à trouver l'emplacement du butin, les Trolls ayant toujours plus ou moins les mêmes cachettes. C'est alors qu'il a trouvé, au milieu des bijoux et de l'or des Trolls, la fameuse Amulette que nous recherchions !

    Je vous laisse imaginer les effusions de joie qui ont retenti dans notre bivouac, à la vue de l'Amulette Royale ! Après quatorze mois de recherches, notre quête prenait fin ! Dès que le calme est un peu retombé, l'Adjudant Delait a donné l'ordre au Garde Claymore de nous conduire à la caverne pour y récupérer le reste du butin.  Ce que nous avons fait. Nous y aurions même passé la nuit, si elle n'avait pas été jonchée de cadavres de Trolls.

    Notre décompte actuel est donc désormais de 42 cavernes visitées, pour deux cent cinq Trolls mis hors de combat par l'escouade. Je ne vous communique pas le plan de la dernière cache de butin, car cette fois nous allons le ramener avec nous !
    C'est vraiment notre semaine de chance ! Alors que je pensais joindre au présent rapport une proposition de point de rendez vous avec une frégate Royale pour assurer notre retour en Karmélie, nous sommes ce matin tombé quasiment nez à nez avec un navire des Vertes Collines ! C'est un chalutier, le Tybeth-Thékroy, qui pêchait le saumon dans la Baie des Loups. Après l'avoir hélé depuis le rivage, son capitaine a mis une chaloupe à l'eau pour venir nous trouver. En vertu des accords de secours et d'assistance entre nos deux Royaumes, il a immédiatement accepté de nous prendre à son bord et de nous ramener en Karmélie sur le champ, l'Adjudant Delait ayant dédommagé sa campagne de pêche ratée avec quelques pièces d'or prélevées sur le dernier butin.

    Nous avons terminé de charger le butin et nous quittons ce maudit Pays Troll, j'espère pour toujours. L'Adjudant Delait a également convaincu le Capitaine d'embarquer la famille Gobelin qui nous accompagne depuis plusieurs mois, n'ayant pas le coeur à l'abandonner en territoire Troll. Nous devrions rejoindre les côtes Karméliennes d'ici trois à quatre semaines, selon que les vents nous soient ou non favorables. 
    Mais avec la chance que nous avons depuis quelques jours, je pense que j'aurais plaisir à vous rendre mon rapport final sur la mission dans trois semaines, Monsieur le Directeur !

    J'y reviendrai dans mon rapport final, Monsieur le Directeur, mais j'aimerais déjà vous faire part des regrets quant aux remarques négatives qui ont pu émailler ça et là mes rapports aux cours des derniers mois. Au désespoir, j'en étais vraiment venu à penser que cette mission n'était pas légitime. J'avais tort, et je vous prie donc de bien vouloir m'en excuser. J'assumerai bien entendu les éventuelles sanctions que vous choisirez de m'infliger.

    J'ajouterais également que durant toute cette mission, j'ai eu l'honneur de constater de mes yeux la dévotion et la loyauté des Gardes Royaux envers notre Souveraine. La réputation de la Garde Royale n'est pas usurpée : leur légendaire obéissance n'est pas un mythe, j'ai pu le constater chaque jour de cette éprouvante mission. Tous les survivants de l'escouade méritent de recevoir à leur retour les plus hautes distinctions du Royaume.

    Je vous dit à très bientôt, Monsieur le Directeur, en vous demandant comme un faveur s'il vous serait possible de prévenir nos familles de notre retour imminent, qu'elles aient le temps de s'y préparer ?

    Longue vie à la Reine.

     

    Agent Tautale.

     

    PS : le Garde Claymore, qui a enfin compris depuis quelques temps (comme les autres) que je rends compte aux plus hautes autorités du Royaume avec mes oiseaux, a essayé de me convaincre de ne pas vous prévenir que nous avions retrouvé l'Amulette. Il voulait que "nous fassions la surprise" à la Reine. Il a tellement insisté, devenant presque menaçant, que j'ai fini par lui dire que j'acceptais. Il m'a même fait libérer mon dernier busard sous ses yeux pour s'en assurer. Bien entendu, je profiterai du premier moment venu où il dormira pour faire partir ce message avec l'albatros que j'ai capturé quand nous avons pris le chemin du retour. Il ne faut pas en vouloir au Garde Claymore, il est tout fier de lui et veut faire une surprise à sa Reine, ça part d'un bon sentiment. Mais ces Gardes Royaux sont parfois tellement naïfs !

     

    Message d'un corbeau voyageur


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  • ORAGES EN KARMELIE : CHAPITRE 39

     

    Attaque de convoi Princier - Énorme scandale en perspective !

     

    Par Honnepeux-Passyfyé Lheuse, enquêtrice bannie à vie de Karmélie.

     

    La surprise est totale en Karmélie !

    Tout le monde pensait que la convocation en grandes pompes des vassaux de la Reine en fin de semaine dernière concernait l'annonce des résultats de la conférence de conciliation avec le Royaume de Mordiou.
    Quelques uns, se pensant certainement mieux informés, prédisaient que la Reine allait annoncer le prochain mariage de la Princesse Dhâle avec un nouveau prétendant.

    Tout le monde était assez éloigné de la vérité, l'annonce solennelle de la Reine dans la grande salle de cérémonie a pris tout le monde de court : après plus de vingt années de veuvage, la Reine Hortense a annoncé de but en blanc ses fiançailles avec un Prince totalement inconnu, le Prince Doix  !

    Dès que nous avons eu connaissance de cette annonce, nous avons immédiatement commencé à enquêter sur ce Prince dont nul au sein de notre rédaction n'avait jamais entendu parler. Il s'avère que le Prince Doix est issu de la petite Noblesse désargentée du duché d'Anjoufeu. La famille Doix ne fait l'objet que d'une seule ligne dans le Bottin de la Noblesse des Neuf Royaumes. On y lit : "La Principauté Doix a été annexée sous Childéric II par le Duché de Pié."

    La surprise n'aurait pas été complète si la Reine n'avait pas ensuite présenté à une assemblée ahurie le Prince Doix, qui incidemment était présent. Le Prince s'est levé, rouge comme un coquelicot. Ce jeune homme bien portant était endimanché dans une tenue d'apparat aussi démodée que ridicule. Il a salué les vassaux du Royaume avec une révérence pour le moins grotesque et a ensuite connu un long moment de solitude dans l'attente des traditionnels vivats de l'assemblée, qui ont été très longs à tomber des gradins. 

    Dernière surprise, et non des moindres : la Reine a repris la parole et a annoncé la tenue du mariage Royal huit jours plus tard, soit le Sardi 11 Printôse !

    L'assemblée était sous le choc.

    Mais n'allez pas penser que les surprises étaient terminées !

    Un des bannerets de la Reine s'est alors levé et a demandé la parole. Il s'agissait du Comte Hébon de Boncomté. Ce vieil homme, que l'on sait très attaché au respect des traditions, a demandé respectueusement à la Reine pour quelle raison elle ne portait pas l'Amulette Royale de Karmélie, le jour d'une annonce aussi cruciale pour l'avenir du Royaume.  

    La reine lui a alors répondu sur un ton badin que l'Amulette avait été égarée, mais qu'elle ne doutait pas la retrouver très prochainement !

    L'assemblée était en ébullition ! Le Royaume n'avait-il pas démenti le vol de cette Amulette Royale quelques semaines plus tôt via un communiqué officiel ?

    Alors que régnait un vacarme épouvantable dans la salle de cérémonie du Château aux Mille Fleurs, on a alors vu la Princesse Dhâle se lever, magnifique dans une robe pourpre de chez Guirrain & Joubert. Elle s'est avancée au pupitre et l'assemblée s'est tue, suspendue à ses charmantes lèvres.

    C'est alors qu'elle a prononcé une phrase qui restera dans les Annales que nous vous retranscrivons telle quelle : 

    "Sur l'honneur du Royaume de Karmélie, Moi, Dhâle Hia, Princesse aux Mille Fleurs, Héritière du trône de Karmélie, jure solennellement que j'épouserai sur le champ le héros du peuple Karmélien qui nous rapportera l'Amulette Royale de Karmélie, qu'il soit chevalier, noble ou manant, qu'il soit Humain, Orc ou Gobelin !"

    La réaction de l'assemblée a été à la hauteur de sa surprise initiale : c'est sous des hourras pour une fois unanimes que la Princesse a été portée en triomphe dans toute la salle. 

    Quand l'émotion est retombée, on s'est aperçu que la Reine s'était évanouie, mais elle a rapidement pu être ranimée avec des sels. 

    Ce malaise ne remet pas en cause le mariage Royal, selon l'entourage de la Reine. 

    Nous informons nos lecteurs que leur journal publiera une édition spéciale datée du Doumanche 12 Printôse pour leur relater un évènement aussi inattendu qu'extraordinaire !
    A l'heure où nous imprimons la présente édition, la Karmélie est passée au peigne fin par tous les célibataires que compte le Royaume, tous à la recherche de l'Amulette Royale.

     

      

    Honnepeux-Passyfyé Lheuse, Rédactrice en chef

    extrait du journal « Nouvelles croustillantes & Scandales émoustillants »

    Numéro du 7 au 13 Printôse. An 26 du règne d'Hortense.

     

    Mystères en série en Karmélie


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  • ORAGES EN KARMELIE : CHAPITRE 38

     

    Mon cher Chevron

     

    J'ai en effet été très surprise de recevoir ta lettre il y a quelques jours. Surprise étant probablement un terme un peu faible pour exprimer mes sentiments à la réception d'un courrier de mon défunt mari. 

    Cela fait en effet bien longtemps que la PRSK m'a annoncé ta mort. C'est même le Directeur en personne qui s'est déplacé jusque chez nous pour m'en informer.
    Je te prie de croire que les enfants et moi avons beaucoup pleuré.

     

    Je suis d'autant plus confuse de t'apprendre que, sans revenus réguliers, j'ai été dans l'obligation de me remarier assez vite. La PRSK nous a bien traités, mais la vie est chère et le petit pécule que nous avions reçu n'a pas duré bien longtemps.

    Tu connais mon nouveau mari, c'est le boulanger Daymon, celui dont la boutique est au bout de la rue. Il a lui même perdu sa femme l'an dernier et il avait besoin d'aide pour vendre le pain. Nous avons assez vite trouvé un accord. Je sais bien qu'il n'est pas très beau, qu'il a moins d'éducation que toi, mais au moins il a des horaires réguliers et je sais toujours où il se trouve !
    Je m'occupe donc de nos deux enfants, des trois siens, et je te prie de croire qu'avec la boutique à tenir et le petit dernier qui est en route, j'ai bien de quoi m'occuper !

    Tout cela pour te dire que ma vie est bien établie et que je ne pense pas que ce soit une bonne idée pour les enfants que tu viennes les voir si jamais tu arrives à rentrer un jour. Ils se sont faits à l'idée de ta mort, et ils appellent Daymon Papa depuis peu, je suis certaine que tu ne voudras pas les traumatiser en revenant subitement du diable Vauvert, ou du Pays Troll !

    Je te remercie beaucoup pour la bourse que tu m'as fait remettre, elle me sera très utile pour pourvoir à l'éducation des enfants, et nous avions justement besoin de changer le four de la boulangerie, ça tombe bien !

    Je suis en tout cas très contente que tu ne sois pas mort, je te prie de le croire, et je te souhaite de bientôt pouvoir terminer ta mission, qui me semble bien pénible.

    Au rayon des mauvaises nouvelles, j'ai bien peur d'avoir vendu toutes tes affaires. Comme Daymon ne faisait pas ta taille je n'ai rien pu conserver. Il est donc inutile que tu passes à la maison les récupérer.
    Je te remercie de ta compréhension, et je compte sur toi pour ne pas venir troubler notre nouvelle vie.

     

    Bien à toi, 

    Mirna Daymon

     

     


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  • ORAGES EN KARMELIE : CHAPITRE 37

     

    Campement de la Garde Royale de Karmélie, en mission spéciale, quelque part en pays Troll.

     

    Le demi-elfe Tautale était effondré.

    Il avait poussé silencieusement un énorme soupir de soulagement quand la petite Lia les avait rejoint au beau milieu de la nuit. Cela faisait une semaine qu'il regrettait de n'avoir pas su la convaincre de prendre sa place pour tenter sa chance lui même avec le transporteur du butin. Une semaine qu'il se rongeait les sangs, les ongles et les doigts.

    Le retour de la petite, malgré la récente attaque meurtrière qu'ils avaient dû lui raconter, avait soudainement remonté en flèche tout le moral du camp. Dans l'euphorie, son histoire d'enlèvement par un Troll était passée comme une lettre à la poste.
    Même Claymore, de loin le plus perspicace de leurs compagnons, n'avait pas sourcillé sur les détails de son évasion, pourtant peu convaincants de l'avis de Tautale. 
    Au milieu de toutes les effusions du retour, l'agent-cuisinier avait attendu avec une impatience croissante de pouvoir se retrouver avec Lia pour qu'elle lui raconte son aventure, et ses résultats.

    Malgré qu'elle choisisse sa tente pour terminer la nuit, leurs compagnons de chambrée rendirent impossible le moindre conciliabule. Tautale passa le restant de la nuit à attendre un chuchotement à son oreille qui ne vint jamais.

    Le lendemain matin, la petite prit Claymore à part dès que l'escouade reprit la route. Ce n'est qu'à l'occasion de la pause déjeuner qu'ils eurent enfin l'occasion d'échanger sur son aventure, en partant ensemble chercher de l'eau à une rivière qui coulait par là.

    - Alors, lui demanda Tautale, impatient, raconte !

    - Tout s'est passé comme prévu, ou presque, lui dit Lia dans un grand sourire. C'est bien un Dragon qui fait la navette entre le Pays Troll et la Karmélie, tu avais raison. Et il est très gentil, il m'a fait un peu marcher au début, mais il a accepté de m'aider.

    Tautale, qui trouva ça curieux, lui demanda : 

    - Et pourquoi a t-il coopéré aussi facilement ? Il n'a rien à gagner à l'interruption des transports, j'imagine ?

    - Non, mais Flaminou n'aime pas la Reine Hortense, il dit que c'est une mauvaise personne, et il est ravi de pouvoir lui jouer un bon tour. Et c'est un romantique, il s'est pris de passion pour l'histoire de Claymore et de la Princesse. Je ne suis pas inquiète du tout à son sujet. 

    - Bien, c'est une bonne nouvelle. Et ensuite, le voyage s'est bien passé, tu es facilement parvenue à contacter la Princesse ?

    - Oui tout s'est bien passé. Pour arriver jusqu'à la Princesse, ç'a été facile une fois que j'ai commencé à réfléchir... répondit avec un soupir agacé la petite Gobeline.

    - Et ?

    - Elle a eu un peu de mal à croire à mon histoire au début, mais elle a été convaincue quand elle a compris que je connaissais sa relation avec Claymore. Bien entendu, elle a accepté notre plan. Je l'ai revue le lendemain et elle m'a remis un paquet et une lettre pour Claymore. Tu l'as vu depuis qu'il est revenu des bois tout à l'heure ? pouffa Lia.

    - Oui, il n'a pas l'air dans son assiette, le pauvre, sourit Tautale. Et pour les autres objectifs de la mission ? demanda Tautale avec les yeux brillants.

    - J'ai pu faire tout ce qui était prévu. J'ai remis ta lettre et ta bourse à ta femme, dit Lia. J'y suis repassée avant de repartir, et elle m'a donné une lettre pour toi, dit Lia en lui tendant une enveloppe.

    Tautale aurait pu comprendre au regard de Lia lorsqu'elle lui tendit l'enveloppe que son contenu n'allait certainement pas trop lui plaire, mais il était trop tendu à ce moment là pour le remarquer.

    Sans rien ajouter, Lia repartit vers l'escouade, lui laissant un peu d'intimité pour qu'il puisse prendre connaissance du contenu de sa lettre.

    Après l'avoir parcouru avec avidité, puis incrédulité et enfin beaucoup de dépit, Tautale remonta à son tour vers l'escouade.

    Il était effondré. Il savait qu'il y avait maintenant des chances pour que cette mission cauchemardesque se termine bientôt, et qu'il retrouve enfin la Karmélie.

    Mais il était effondré.

     

     


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  • ORAGES EN KARMELIE : CHAPITRE 36

     

    Mon Amour,

     

    Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureuse de te savoir en vie ! Je le sentais au plus profond de moi, malgré les affirmations de la Reine. Mais lorsque Terell m'a amené la petite Lia et qu'elle m'a confirmé de vive voix que tu étais en vie, mon coeur a presque explosé de joie !

    Cette petite est un don du ciel. Quand je pense aux risques qu'elle a pris pour venir me trouver ! Soit fier d'elle et ne le gronde pas trop. Tous ces mois sans savoir où tu étais, à quels dangers tu devais faire face, m'ont presque rendue folle d'inquiétude ! Je ne la remercierai jamais assez pour ce qu'elle a fait.

    Elle m'a raconté que tu t'inquiétais beaucoup au sujet de ta responsabilité dans la mort de tes camarades. Mais si toute ta section de Gardes Royaux a été envoyée dans cette mission suicide, c'est parce que la servante qui nous a surpris ce matin là n'a pas été fichue de te reconnaître ! Comme la Reine n'est pas du genre à s'embarrasser de détails et qu'elle ne voulait pas s'abaisser à t'identifier, elle a décrété que tu devais être dans le lot des gardes de service cette nuit là, et vous a tous envoyés à une mort certaine. Au début elle voulait tous vous exécuter, j'ai réussi de justesse à obtenir votre départ pour une mission, mais je ne savais pas où, et cela faisait des mois qu'elle me disait que vous étiez tous morts !

    J'ai beaucoup de choses importantes à te raconter, mais je sais très bien par laquelle commencer.

    Je n'ai pas eu le temps de te l'annoncer avant que tu me sois enlevé, mais j'étais enceinte de toi quand tu es parti ! J'ai tellement regretté de ne pas te l'avoir dit au moment où je m'en étais rendue compte... Quelle gourdasse je suis, parfois.
    J'ai accouché deux semaines avant mon mariage avec le le Prince de Mordiou. C'était une magnifique petite fille, mais ma mère nous l'a volée dès sa naissance. Pendant des mois elle m'a soutenu qu'elle était morte peu après, puis elle a changé de version en me disant que la petite avait été dévorée par des loups alors qu'elle la faisait conduire à un orphelinat.
    Mais je n'y ai jamais cru ! D'ailleurs, je suis certaine qu'elle se trouve bien dans un orphelinat, j'ai de plus en plus souvent des visions d'elle, entourée d'enfants, de moines aux robes bleues et d'une Gobeline aux yeux verts. Depuis quelques jours, Mère sous-entend qu'elle pourrait me la rendre si j'acceptais le nouveau mariage qu'elle veut m'imposer, mais je ne céderai pas !

    Car oui, c'est l'autre nouvelle que j'ai à t'apprendre. Il s'est produit quelque chose après la naissance de notre enfant, quelque chose qui n'aurait pas dû se produire avant des années et dont il faudra que je te parle à ton retour. Mais ce n'est rien de grave, et c'est surtout ce qui m'a permis de repousser le Prince de Mordiou loin de ma couche, jusqu'à ce qu'il reparte la tête basse dans les jupons de sa mère !

    Je suis une femme libre aujourd'hui, et je n'épouserai aucun autre Prince que toi !
    Et j'attends ton retour de pied ferme pour que nous partions à la recherche de notre enfant ! Je sais que nous sommes destinés à tous nous retrouver, je le sens !

    Tu trouveras dans le paquet ci joint ton billet de retour pour la Karmélie. Lia et l'agent de la PRSK qui ont eu l'idée de ce plan (c'est votre cuisinier, si j'ai bien compris), jugent préférable que tes camarades ne soient pas informés de ce que nous préparons. Je pense qu'ils ont raison. Le mieux est de suivre leurs instructions, pour que tu reviennes auprès de moi le plus vite possible.

     

    Ta Dhâle qui t'aime plus que tout, et qui est folle de joie à l'idée de ton prochain retour !

     

     


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  • ORAGES EN KARMELIE : CHAPITRE 35

     

    Campement de la Garde Royale de Karmélie, en mission spéciale, quelque part en pays Troll.

     

    Claymore Hainemore était stupéfait.

    Le campement n'en avait pas cru ses yeux quand la petite Lia les avait rejoint au beau milieu de la nuit. Son histoire d'enlèvement par un Troll pendant qu'elle ramassait du petit bois, suivie de celle de son évasion rocambolesque, avait sidéré tout le monde. Claymore ne comprenait pas comment elle avait fait pour les retrouver, surtout dans un campement aussi bien caché, mais il avait été tellement heureux de la revoir qu'il n'y avait pas trop porté attention. Il n'avait pas ressenti une joie aussi intense depuis de très longs mois.

    Les retrouvailles de Lia avec sa famille avaient ému tous les Gardes royaux. Une émotion qui ne s'était pas tarie quand quand il avait fallu lui annoncer la nouvelle de l'assaut Troll et la disparition de sept de leurs compagnons de route.

    Mais la petite avait vite surmonté sa peine, comme si elle la mettait de côté pour se concentrer sur un objectif précis. 
    Claymore avait ressenti une petite pointe de jalousie en la voyant choisir la tente occupée par l'Adjudant et le cuisinier plutôt que la sienne pour y passer le reste de la nuit.

    Le lendemain matin, les effusions du retour passées, ils étaient repartis pour une longue journée de marche, vers le Sud Est. Lia était venu le trouver pour marcher en sa compagnie, puis pour le convaincre de remplacer Kodrick à l'arrière garde. Avant de discrètement commencer à lui raconter une autre histoire.
    Et l'histoire qu'elle lui avait raconté, bien différente de la version de la veille, avait d'abord mis Claymore dans une colère noire. Avant qu'elle ne lui parle de son voyage, et de ce qu'elle avait fait en Karmélie. Avant qu'elle ne lui dise qui elle y avait rencontré.

    Stupéfié, Claymore était stupéfié. Cela faisait plusieurs heures qu'il avait dans sa poche la lettre et le petit paquet que Lia lui avait remis en toute discrétion. Un lettre de la Princesse Dhâle, qu'il avait rangé dans une poche sous sa cuirasse et qui depuis lui brulait la poitrine. Rien que de penser à ouvrir cette lettre, il en avait des palpitations.

    Claymore prétexta d'un besoin naturel à l'arrêt suivant de l'escouade, et s'enfonça dans les bois pour lire son courrier.

    Les mains tremblantes, il décacheta l'enveloppe. Au fur et à mesure de sa lecture, sa stupéfaction augmenta.

    Puis il ouvrit le petit paquet, et manqua de s'évanouir.
    Claymore était stupéfait. Il ne dit plus un mot dans les heures qui suivirent.

    Il était trop stupéfait.

     


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  • ORAGES EN KARMELIE : CHAPITRE 34

     

    Flaminou Express

    Transports rapides ailés

    Tous Royaumes

     

    Flaminou survolait depuis plus d'une heure la pointe Sud Est du Pays Troll, par une nuit noire. Les deux feux qu'il était descendu inspecter jusqu'ici étaient des campements Trolls. Lia, qui avait revêtu les vêtements élimés qu'elle portait lors de son départ, était emmitouflée dans une grande peau d'ours, mais elle était transie de froid et ne parlait presque plus depuis plusieurs minutes. Ce qui était inhabituel chez elle. 

    - Je ne les trouve pas, Lia, dit Flaminou. Tu es certaine qu'ils devraient être dans cette zone ?

    - Oui, c'est ce que Tautale m'avait dit, pointe Sud Est. Peut être ont ils moins progressé que prévu ? Après tout ça ne fait qu'une semaine que je suis partie. 

    Le lendemain de son entretien avec la Princesse, Lia s'était rendue à l'agence du Groupe Flaminou du Royaume de Karmélie pour reprendre contact avec lui. Trois jours plus tard, elle était à nouveau sur le dos du Dragon, direction le Pays Troll. Mais sur un vol privé cette fois ci, avait plaisanté Flaminou. 

    Le Dragon décida de remonter vers le Nord Ouest, dans la direction de la cache où il avait trouvé Lia la semaine précédente. L'escouade devait forcément se trouver entre ces deux points. Sinon, il allait être compliqué de la retrouver.

    Après plusieurs minutes de vol, il aperçut une lueur en contrebas. Il annonça à la petite : 

    - Il y a un campement ici, on va aller voir ça de plus près. 

    Il survola silencieusement le petit campement, à distance suffisante pour en voir les détails sans être repéré. C'était un Orc en armure, près du feu, pas un Troll !
    Il reprit un peu d'altitude, et alla se poser à une distance suffisante pour ne pas attirer l'attention. Personne en dehors du cuisinier Tautale ne devait soupçonner son implication dans le retour de la petite, pour le bon déroulement du plan.

    - Ce sont eux, Lia, dit Flaminou une fois posé au sol. Mais il y a moins de tentes que tu m'avais dit, je n'en ai vu que trois, pas quatre. 

    Lia, frigorifiée, réalisa avec un peu de retard ce que cela signifiait.

    - Oh non ! dit-elle, affolée. Il a du se passer quelque chose de grave.

    - Tu le sauras quand tu les auras rejoints, dit Flaminou en l'aidant à descendre de son dos.  On ne change rien au plan initial. Tu as vu où était le campement ?

    - Oui, dans un renfoncement au pied de la falaise, dit Lia.

    - Je vais survoler la zone jusqu'à ce que tu trouves, Vas-y, c'est à une lieue dans cette direction, lui dit Flaminou, sa grosse patte pleine de griffes tendue dans la direction du campement.

    - Merci Flaminou ! dit Lia. Et elle se rua aussitôt dans la direction indiquée.

    - À bientôt, lui dit le gros Dragon alors qu'elle se précipitait vers le campement de l'escouade des Gardes Royaux.

    Flaminou s'envola dans un grand bruissement d'ailes.

     

     

     Flaminou Express, le bonheur est à portée d'ailes.

    Chaud dedans, chaud devant

     


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  • ORAGES EN KARMELIE : CHAPITRE 33

     

    Princesse !

     

    La potion du Calme Constructif ne faisait plus aucun effet depuis plusieurs jours. Et Félicité se refusait d'augmenter les doses journalières de Gardène. La petite était debout, au milieu de son parc. Et elle hurlait. Les autres petits, autour d'elle, pleuraient presque aussi fort. C'était horrible. 

    La tempête faisait rage depuis plus d'une heure. On ne comptait plus les impacts de foudre sur les bâtiments du monastère. Heureusement, tout était si humide qu'il n'y avait eu aucun départ de feu. Pour l'instant.

    Depuis des jours les petits étaient terrorisés par les orages, les vaches étaient paniquées, quand on parvenait à les attraper et à les traire leur lait tournait en moins de deux heures. Le plus souvent il fallait le jeter avant même de pouvoir entamer la production du fromage. Comme si les sols n'étaient pas déjà assez détrempés.

    Félicité était presque certaine d'avoir trouvé la source du problème. Frère Jordan allait peut être pouvoir le confirmer. Elle alla le rejoindre dans son étude, dans laquelle il tentait de préserver ses précieux livres de l'humidité suintant des plafonds à grands renforts de peaux de bêtes dont il enrobait ses étagères.

    - Frère Jordan, ça ne peut plus durer, dit Félicité. Non seulement on a jamais vu autant d'orages en cette saison, mais les autres Frères vont finir par faire le rapprochement entre les colères de Gardène et les évènements climatiques qui les accompagnent.

    - Je crois que nous en avons déjà discuté hier, Félicité, je n'ai pas trouvé d'autre solution dans mes livres que la potion que nous utilisons déjà. Les colères de Gardène vont bien finir par s'estomper, ce n'est probablement qu'une nouvelle poussée de dents.

    - Non, je ne crois pas. Je crois que le problème vient de moi, Frère Jordan, j'aurais dû y penser plus tôt, dit la petite Gobeline, dépitée.

    - Allons, de quoi parles tu ? Tes pouvoirs n'ont rien à voir avec les orages, la pluie ou la foudre, voyons.

    - Non, mais je viens de réaliser que les colères de Gardène débutent le plus souvent quand je viens d'avoir une vision de sa mère ou de son père. Je crois bien que je partage avec elle d'une façon ou d'une autre les visions que j'ai. Mes visions de ses parents sont de plus en plus nettes et précises, et de plus en plus fortes émotionnellement. Si la petite ressent comme moi la détresse de ses parents, c'est normal qu'elle réagisse comme elle le fait. À son âge elle n'a pas d'autre moyen de s'exprimer.

    - Je n'aurais pas pensé à ça spontanément, dit le Frère Jordan, en cessant ses travaux d'étanchéité sur ses étagères et en descendant de son escabeau. Mais maintenant que tu le dis, il existe des cas de visions partagées entre différents types de Fées, j'ai déjà lu des choses sur le sujet. Mais bien entendu ça n'a jamais été répertorié entre une Fée des Orties et une Fée des Orages, parce qu'à ma connaissance c'est la première fois que deux Fées aussi rares sont en contact direct l'une avec l'autre !

    - Je n'ai pas fait attention au début, ça a été tellement progressif... Je pense que nos pouvoirs se nourrissent l'un de l'autre, je n'ai pas de visions aussi fortes pour les autres enfants. Et celles des parents de Gardène sont tellement tristes... 

    - Tu as vu des choses différentes, récemment ? demanda le gros moine, qui semblait soucieux.

    - Non, je vois toujours son père dans des scènes de combats épouvantables contre d'immenses Trolls.  Les Trolls se font massacrer, j'ai presque de la peine pour eux. Je le vois aussi parfois autour d'un feu de camp, triste et transi de froid. La mère est presque toujours dans une espèce de bureau aménagé en serre, dans lequel elle jardine en pleurant l'absence de son enfant et celle de son amoureux parti en mission. Mais je n'ai pas revu ses ailes, elle les dissimule sous ses vêtements presque en permanence, semble t-il.

    - Il faudrait que tu cesses tout contact physique avec la petite pendant quelques jours pour vérifier ta théorie. Ou si tu préfères, essaie d'abord de mettre des gants pour éviter le contact direct de peau à peau ?

    - Oui, je vais essayer avec des gants. Je ne me vois pas m'occuper de tous les enfants de la nurserie sauf de Gardène ! Ça pourrait la contrarier, ce n'est pas l'effet recherché ! plaisanta à moitié Félicité.

    Frère Jordan la regarda repartir aussi vite qu'elle était entrée. Puis il alla vérifier une intuition dans le manuel des Fées de Dagomir. Il doutait que l'absence de contact physique résolve le problème. La convergence semblait trop avancée. Il s'en voulait, il aurait dû y penser plus tôt !

    Le tonnerre grondait toujours aussi fort au dessus du monastère.

     

     

     


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  • ORAGES EN KARMELIE : CHAPITRE 32

     

    Audiences confidentielles au Palais des Mille Fleurs

    Toute personne non habilitée par décret Royal à prendre connaissance de la présente retranscription sera jetée dans la Bile pieds et poings liés, lestée d'une grosse pierre autour du cou.

    Retranscription confidentielle de l'audience Royale tenue le Sardi 28 Neigeôse, 26ème année du règne de la Reine Hortense Hia, en fin de soirée.

    Sous l'Autorité Suprême de la reine Hortense, Reine aux mille Fleurs, Reine de Karmélie.

     

    Comparution de :

    Sergué Péoux, Directeur de la Police Royale Secrète de Karmélie

     

     - Ma Reine, je suppose que vous avez pu prendre connaissance du dernier rapport de l'Agent Tautale ?

    - Oui, enfin des bonnes nouvelles, ce n'est pas trop tôt. Les Trolls ne sont pas si bêtes que ça finalement. Encore deux ou trois mois et le problème sera derrière nous. Ce n'est pas trop tôt.

    - Cet Adjudant Delait est un très bon sous-officier Majesté. Sans son initiative de fournir à ses hommes une réserve individuelle de potion, l'expédition aurait été exterminée.

    - Oui, c'est dommage, en effet. Je suis par contre très inquiète de la fuite de l'opération dans la Presse. Vous n'avez toujours pas une idée d'où elle peut venir ?

    - Malheureusement, je n'ai pour l'instant aucune piste pour trouver d'où ça vient. Le fait que la presse ne parle que du vol et de l'expédition, sans mentionner sa localisation, laisse à penser que la source se trouve en Karmélie. Ça ne peut pas être les matelots qui les ont transportés jusqu'au Pays Troll ou des individus qu'ils auraient rencontrés là bas, sinon la localisation de l'expédition serait déjà dans tous les journaux à scandales. Ça ne vient pas des familles, les courriers de l'escouade ont été brûlés, je m'en suis assuré moi même. Notre agent est au dessus de tout soupçon, il n'a pris connaissance de sa mission qu'une fois à bord, comme l'autre cuisinier et l'infirmier. Ce n'est pas le transporteur car il ne sait rien sur l'objectif de la mission, et il n'a jamais pu rencontrer l'escouade sur place. Et les Gardes Royaux n'ont pas eu le temps matériel d'en parler à leurs familles ou à leurs amis, il sont partis directement de la salle d'audience au navire. Reste la possibilité qu'ils aient croisé une connaissance avant de partir, sur le trajet du port. Après, pourquoi est ce que l'info sort un an plus tard ? Mystère. 

    - Le fait d'avoir étouffé dans l'oeuf cette histoire de vol d'Amulette, vous pensez que ça va éteindre la rumeur ?

    - Oui, Majesté, mais à condition que les journaux ne nous sortent pas la localisation de l'expédition dans leurs prochaines éditions... Mais avec l'officialisation de la répudiation du Prince de Mordiou, il ne devraient pas se focaliser sur une simple rumeur dénuée de fondement dans les prochaines semaines.

    - D'ailleurs, à ce propos, comment se fait il que cette journaliste soit toujours en vie ? Vous m'aviez promis de vous en occuper.

    - Hélas, Majesté ! Notre agent sur place a été arrêté par les forces de l'ordre locales au moment où il était sur le point de lui décocher une flèche en plein coeur. L'agent est persuadé de travailler pour le Royaume de Brie, ce ne sera donc pas trop grave s'il passe aux aveux ! Mais pour le moment je n'ai plus aucun agent opérationnel sur place. Et comme tous les sous-traitants potentiels ont refusé la mission, je suis à court de solutions.

    - Laissez tomber, de toute façon les journalistes c'est comme les cafards. Plus vous en écrasez plus il en revient. À part ça, où en sommes nous des échauffourées à la frontière ?

    - À priori, tout est rentré dans l'ordre, Majesté, il s'agissait surtout de gamins qui voulaient jouer aux petits soldats. L'escouade de la Garde que vous avez envoyée sur place les a vite remis dans le bon chemin. Par ailleurs j'ai des informations au sujet du Roi de Mordiou : il devrait répondre favorablement à notre demande de conférence de conciliation. L'ambassadeur de Mordiou a demandé une audience pour Lourdi matin, je pense qu'il veut tâter le terrain pour le montant de l'indemnisation...

    - Bien. Le Prince de Mourdiou continue t-il à faire des vagues auprès de alliés de son père ?

    - Je pense qu'il a compris que personne ne souhaite partir en guerre pour laver son honneur, Majesté. Ce n'est pas un obstiné, nous avons pu le constater nous même, si je puis me permettre.

    - Vous pouvez. Sinon, des nouvelles de l'enfant qui se trouve au Monastère du Bleu Coulant ? Je vais peut être avoir besoin de la récupérer.

    - Tout va bien, Majesté. Le dernier rapport mensuel du moine qui la tient à l'oeil nous a confirmé qu'elle était toujours en très bonne santé. C'est apparement un bébé très énergique, même si le dernier rapport de ce vieil ivrogne se focalise davantage sur la météo qui règne actuellement dans sa région que sur l'enfant qu'il est chargé de surveiller. La météo comme l'enfant semblent exécrables, si je puis me permettre ce bon mot.

    - Vous pouvez, Péoux, vous pouvez, dit la Reine avec un petit sourire. Bon, allez prendre un peu de repos, nous en avons tous deux besoin après une telle semaine. 

     

    Après une rapide révérence, le Directeur de la PRSK se retira.

     

     

     

    Le présent compte rendu d'audience est rayé des minutes des Archives publiques du Royaume et sera conservé par la PRSK dans ses archives aux fins de consultation restreinte par les membres de la couronne, sur autorisation de la Reine ou de ses successeurs.

     


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  • ORAGES EN KARMELIE : CHAPITRE 31

     

    Comme une étincelle

    Encadrée des deux plus énormes Orcs Noirs de la Garde Royale, la Reine Hortense avançait d'un pas décidé dans le couloir menant à l'étude de sa fille, prête à en découdre.
    Elle se planta devant les deux Gardes en faction devant la porte de l'étude qui avait été jadis la sienne, quand sa propre mère dirigeait encore la Karmélie. Les deux Gardes, stupéfaits de voir la Reine, mirent un peu plus de temps que d'habitude pour se mettre au garde à vous. Elle s'adressa ensuite au Garde le plus âgé :

    - La Princesse est seule à l'intérieur ?

    - Oui Majesté, répondit le Garde sans hésitation.

    - Bien, j'ai à lui parler, en privé. Que personne ne vienne nous déranger, est-ce bien clair ?

    - Oui Majesté, répondit le Garde.

    La Reine entra sans s'annoncer et referma derrière elle. La porte, défendue par quatre Gardes Royaux, allait lui garantir un peu d'intimité avec sa fille.

    - C'est toi, Nibalia ? demanda Dhâle depuis son étude.

    La Reine s'avança et découvrit sa fille les mains dans le terreau, en train de planter des pivoines dans une grande jardinière. Une profusion de fleurs avait envahi l'étude, tous les pots regorgeant de pétales multicolores. Il y aurait au moins une chose de satisfaisante à retirer de cette entrevue, après tout. Au moins le don de sa fille avait-il enfin éveillé une passion pour les fleurs qu'elle partageait désormais avec toute une longue lignée de Fée des Lys.

    - Non, c'est ta mère. Puisque tu refuses de venir me voir, je me suis déplacée. Je ne regrette pas, cette étude me rappelle ma jeunesse, et la découverte de mes dons. J'aime beaucoup ce que tu as fait du petit boudoir, lui dit-elle après s'en être approché et en y avoir jeté un regard appréciateur. 

    À la vue de sa mère, le visage de Dhâle, moins renfrogné qu'il ne l'était ces derniers mois, se referma aussitôt.

    - Si je ne peux pas sortir du Château sans ton autorisation, je suis encore libre de m'y déplacer à ma guise, il me semble. Que me vaut l'honneur de ta visite ? lui demanda t-elle d'un ton sec en abandonnant ses travaux horticoles et en se débarrassant de ses gants. 

    - Je suis venue faire le point avec l'héritière du Royaume de Karmélie sur la situation de crise qu'elle a provoqué avec ses frasques. Et de leurs conséquences avec lesquelles je me coltine depuis plus d'un an. Le décret de répudiation de ton ex-mari est paru, je suppose que ton secrétariat t'en a informée ? Te voilà une femme libre. 

    - Oui, bien sur Mère. J'ai aussi vu le communiqué de presse dans lequel tu démentais avoir envoyé une expédition de recherche pour retrouver une Amulette volée. Maintenant je sais dans quel piège pervers tu as envoyé une vingtaine de nos gardes les plus dévoués.

    - Écoute, nous n'allons pas revenir une fois encore là dessus. Ils ne reviendront jamais, et ils sont déjà tous morts depuis belle lurette. Je ne sais pas comment cette ordure de journaliste a réussi à avoir une information aussi sensible, mais j'ai bien l'intention de trouver. Mais je ne suis pas là pour te parler de ça. 

    - Parce que tu crois que vingt Orcs Noirs en expédition peuvent passer inaperçus quelque part ? Même dans un Pays aussi sauvage et désolé que le Pays Troll ils ont du finir par attirer l'attention. Je ne serais pas surprise que tu aies des nouvelles sous peu de ta bonne amie la Reine Heuse, dit Dhâle avec une pointe de satisfaction sadique.

    - Ne me parle pas de malheur ! Cette femme est folle à lier, dit la Reine en réprimant un tremblement.

    - Et si elle nous déclare la guerre, ce sera bien entendu de ma faute, je suppose ?

    - Évidemment ! Tu sauras plus tard que la Reine est responsable de tout mais qu'elle n'est jamais coupable de rien. Pour en revenir plus sérieusement à l'objet de ma visite, maintenant que nous avons évacué le problème constitué par ton ex-mari, il faut que nous trouvions une solution de repli pour offrir une héritière au Royaume de Karmélie. 

    - Tiens, ma fille n'a plus été dévorée par les loups ? Ils l'ont recrachée ? demanda Dhâle avec un ton très amer.

    La Reine en eu la chique coupée quelques instants. Si il y a bien quelque chose qu'elle détestait par dessus tout, c'était qu'on lui coupe l'herbe sous les pieds. 

    - Tu ne devrais pas plaisanter avec ce genre de choses, tu sais. Je disais donc que dans l'objectif d'assurer une continuité au trône de Karmélie, tu allais te remarier d'ici l'été et avoir neuf mois plus tard une nouvelle héritière.

    - Qui est-ce qui plaisante, maintenant ? Tu sais très bien que je ne peux plus porter d'enfant, dit Dhâle avec tristesse.

    - Personne ne te demande de le faire. J'ai contacté une Fée des Lys de ma connaissance, qui a elle même une fille qui n'a pas encore atteint la maturité magique, et qui a déjà eu plusieurs filles, toutes en très bonne santé. Elle va nous vendre son prochain enfant. D'ici là tu vas épouser un nouveau mari, bien docile. Je l'ai déjà trouvé. Tu n'auras pas besoin de le toucher, tu pourras rester fidèle à ta brute épaisse d'Orc Noir jusqu'à la fin de tes jours si le coeur t'en dit. Mais tu vas adopter une charmante petite fille blonde, qui nous ressemblera, d'ici la fin de l'année, et nous proclamerons à tous les Neuf Royaumes que c'est ton enfant. Je suis au regret de t'informer que tu vas bientôt devoir faire une nouvelle tournée provinciale, et par conséquent passer encore quelques mois dans les appartements de la haute tour. Cette fois ci pour y dissimuler ton absence de grossesse ! ajouta la Reine dans un grand sourire.

    La Princesse, écoeurée par tant de sournoiserie, lui demanda amèrement :

    - Et qui donc est ce père formidable qui accepte un mariage Princier sans perspectives de consommation et une fille qui ne sera pas la sienne ?

    - C'est un Prince d'une lignée sans fief, la famille Doix, issue de la petite noblesse du duché d'Anjoufeu, répondit fièrement la Reine. J'ai acheté des terres et un château à sa famille dont ils perdront la propriété dans le cas où il révèlerait la nature de notre accord ou l'adoption de votre fille.  Alors, que penses tu de mon plan ?

    - Comment as tu trouvé l'argent pour tout cela ? Je croyais que les finances du Royaume étaient en posture délicate l'an dernier.

    - Une de nos opérations récentes a copieusement renfloué nos caisses, nous n'aurons plus de problèmes financiers avant un bon moment. Alors, c'est bon, j'annonce la bonne nouvelle au Prince Doix ? Nous avons prévu de publier les bans dans un mois.

    - Non.

    - Comment ça, non ? Soit un peu raisonnable, tu veux que la lignée des Hia s'éteigne avec toi ?

    - Notre lignée n'est pas éteinte. J'ai une fille. Et à moins qu'elle n'ait été dévorée par des loups, c'est l'héritière du Royaume de Karmélie.

    - C'est une idée fixe, ma parole, dit la Reine, ulcérée. Mais je me doutais bien que tu réagirais ainsi, et je suis prête à passer un marché avec toi.

    - Lequel ? Je suppose que ça va encore être quelque chose de bien crapoteux ?

    - Je vais te dire la vérité sur ta fille, pour commencer. Maliou a bien été dévorée par des loups en allant l'abandonner. Pour ta fille, je n'en sais rien, on a rien retrouvé. Mais elle n'est pas dans l'orphelinat où elle devrait se trouver, elle a donc bien disparu. Si tu acceptes de te marier avec le Prince Doix et d'adopter la petite Fée des Lys comme si elle était de ton sang, je te jure que je lancerai tous mes meilleurs enquêteurs pour retrouver ta demi-Orc. Et si on la retrouve, ce qui est tout à fait possible, je suis disposée à la ramener sous notre toit, dans le château. Nous la ferons passer pour la fille d'un des Gardes, tu pourras la voir régulièrement, et lorsqu'elle sera assez grande tu pourras la prendre à ton service et vivre avec elle jour et nuit si ça te chante. Alors, qu'en dis tu ?

    Cette fois, la Reine ne put se méprendre sur le mépris qui transparaissait du visage de sa fille. 

    - C'est toujours non. Et permets moi d'ajouter que tu es une mère ignoble, répondit Dhâle, révulsée par sa mère.

    - Moi, ignoble ? s'indigna la Reine. Alors que depuis le début je fais tout mon possible pour préserver ton honneur et celui de notre lignée ? Alors que je viens de passer des semaines à trouver une solution élégante à ton problème insoluble, pendant que tu jardines et que tu ne remplis aucune de tes obligations Princières ? Alors que je te propose d'adopter une adorable petite fille que tu ne mettras pas une semaine à considérer comme la tienne ?

    - Oh, je ne m'y trompe pas, Mère, tu as beaucoup de qualités. Mais la façon dont tu considères ta véritable héritière a bâti un mur infranchissable entre nous deux. Je ne sais pas ce qu'il y a de pire : ce que tu penses d'elle ou les mensonges que tu me racontes à son sujet depuis que tu me l'as enlevée !

    - Tu veux que je considère ta fille naturelle avec un Orc Noir comme mon héritière ? Je te confirme que nos positions ne sont pas réconciliables répondit la Reine d'un ton glacial.

    Après un long silence, Dhâle reprit la parole :

    - Comme je ne suis pas totalement coupée de la réalité du monde, je vais te donner mes conditions, reprit la Princesse d'un ton calme et froid.  Premièrement, ma fille disparue réapparaît à mes côtés, comme fille naturelle, sans aucune prétention sur le trône de Karmélie. Deuxièmement, l'expédition disparue en Pays Troll réapparaît, et l'homme que j'aime prend place à mes côtés, sans reconnaissance officielle du Royaume. Comme mon favori, en quelque sorte. À ces conditions là, j'accepte la mascarade de la fille adoptive achetée et du Prince vendu. C'est à prendre ou à laisser.

    - Enfin, Dhâle, soit un peu raisonnable, bon sang ! cracha la Reine, désormais très en colère. Tu es ridicule. Si tu tiens à revoir ta petite orc un jour, je t'invite à revoir très rapidement tes prétentions. Réfléchis vite, et bien. Si tu refuses de jouer la comédie, il n'y a rien qui m'empêchera de la jouer moi-même. Rien n'interdit à une Reine de mon âge d'avoir une autre fille. Mon plan est valable pour toi comme pour moi. Ton choix est simple : tu peux avoir deux filles, à mes conditions. Sinon tu n'en auras aucune. C'est à toi de décider. Je te laisse quelques jours pour y réfléchir. 

    Sur cette dernière diatribe furieuse, la Reine mit fin à son long face à face avec sa fille. Elle sortit en coup de vent, faisant sursauter les quatre gardes qui étaient toujours en faction derrière la porte.

     

    Le bébé a disparu


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  • ORAGES EN KARMELIE : CHAPITRE 30

     

    Le Royaume de Karmélie n'est toujours pas ramolli

    Royaume de Karmélie 

     

    1 – Répudiation du Prince de Mordiou

    Par décret Royal du 24 Neigeôse de la 26ème année de son Règne, la Reine Hortense Hia a répudié le Prince de Mordiou, désormais ex-époux de la Princesse Dhâle, suite à l'abandon caractérisé de son poste conjugal et à la non consommation du mariage célébré l'an passé entre les époux. 

    Le Royaume de Karmélie ne communiquera pas plus avant sur les détails de la situation maritale qui ont conduit à cette décision ferme et irrévocable, hormis pour préciser que la responsabilité de la situation n'incombe en aucun cas au seul Prince de Mordiou.

    Le Royaume de Karmélie a simplement pris acte d'une situation qui avait été largement rendue publique et a donc agi en conséquence pour y mettre fin.

     

    Le Royaume de Karmélie souhaite conserver des relations cordiales et un partenariat économique fort avec le Royaume de Mordiou, et entend en conséquence ouvrir au plus tôt une conférence de conciliation sur le sujet, afin d'aplanir les tensions qui ont pu émerger ces derniers mois entre les deux Royaumes.

    Le Royaume de Karmélie condamne avec la plus grande fermeté les incidents frontaliers qui sont survenus au cours des derniers jours entre des éléments incontrôlés des deux Royaumes et appelle immédiatement les belligérants à mettre immédiatement fin à leurs actions inconsidérées.
    Toute poursuite des hostilités sera très sévèrement réprimée.  

     

    2- Démenti formel

    Le Royaume de Karmélie tient par la présente à réagir avec la plus grande fermeté aux allégations mensongères d'une certaine presse. Le Royaume de Karmélie ne s'est jamais fait dérober son Amulette Royale. Pour preuve, la Reine Hortense la portait lors de toutes les cérémonies qui se sont déroulées l'an passé.

    En conséquence, il est bien évident qu'aucune opération secrète n'est actuellement en cours en dehors des frontières de Karmélie pour récupérer une Amulette qui n'a jamais disparu. 

     



     


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  • ORAGES EN KARMELIE : CHAPITRE 29

     

    Attaque de convoi Princier - Énorme scandale en perspective !

     

    Par Honnepeux-Passyfyé Lheuse, enquêtrice bannie à vie de Karmélie.

     

    Décidément, les catastrophes s'enchainent pour le Royaume de Karmélie !

    Les rumeurs que nous vous relations dans un précédent numéro spécial semblent bien se confirmer : la Princesse Dhâle n'attend toujours pas d'heureux évènement, et des sources concordantes nous confirment que le mariage Princier n'aurait toujours pas été consommé. 

    Le Prince de Mordiou est ulcéré, il aurait selon nos informations quitté définitivement le château depuis plusieurs semaines, sans même faire ses adieux à la Reine Hortense ou à son épouse !

    Les mêmes sources au château nous informent que la Reine réfléchit sérieusement à une répudiation du Prince pour "abandon de poste", ce qui ne s'est jamais vu jusqu'à présent dans toute l'histoire de la Karmélie !

    Le Royaume de Mordiou, dûment contacté, se refuse pour l'heure à faire le moindre commentaire officiel. De source officieuse, le Roi de Mordiou est atterré par cette situation et ne sait comment réagir. Il hésiterait entre la déclaration de guerre et l'affichage d'un fatalisme résigné.

    Du côté du Royaume de Karmélie, il se murmure que l'éventualité d'un dédommagement versé au Royaume de Mordiou pour l'indemniser de cette humiliation n'est pas exclu.

    On se demande bien ce qu'il va bien pouvoir advenir de la lignée des Hia, qui règnent sur le Royaume de Karmélie depuis dix huit générations ! Faut il en conclure qu'un nouveau mariage Princier, plus du gout de la Princesse Dhâle, serait en préparation ?

    Nous devons vous avouer que nous n'avons pour l'heure aucun indice sur un quelconque prétendant à ce qui s'avère être désormais un poste à hauts risques !

    Mais ce n'est pas tout, comme si cela n'était pas suffisant après les nombreux scandales ayant émaillé l'année dernière, après l'affaire de la robe de mariée et le scandale des pots de vins qui s'en est suivi, voilà qu'un nouveau scandale s'annonce à l'horizon pour la Reine Hortense !

    Le Royaume de Karmélie se serait fait dérober l'un de ses plus précieux trésor, l'Amulette Royale que portent les Reines de Karmélie lors de toutes les grandes cérémonies du Royaume !

    Nos lecteurs se souviennent de nos interrogations sur les nombreuses disparitions ayant précédé le mariage Princier.
    Nous sommes aujourd'hui en mesure de vous révéler que les Gardes Royaux qui ont quitté le Palais des Mille Fleurs en début d'année il y a plus d'un an, se seraient vus confier la mission de retrouver l'Amulette Royale, qui aurait disparu alors qu'ils étaient de faction ce jour là.
    Ils seraient depuis plus d'un an en mission secrète dans un pays étranger que nous n'avons pas pour l'heure pu identifier, aux fins de remettre la main sur cette Amulette Royale.

    Nous ne manquerons pas de développer les détails de cette affaire dans nos prochains numéros, au fur et à mesure des prochaines révélations qui ne manqueront pas de survenir.

      

    Honnepeux-Passyfyé Lheuse, Rédactrice en chef

    extrait du journal « Nouvelles croustillantes & Scandales émoustillants »

    Numéro du 23 au 30 Neigeôse. An 26 du règne d'Hortense.

     

    Mystères en série en Karmélie


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